Vincent Bouget : “Il y a une volonté de tous, à gauche, de partir unis pour les municipales de Nîmes”

Vincent Bouget : "Il y a une volonté de tous, à gauche, de partir unis pour les municipales de Nîmes"

Vincent Bouget : “Il y a un changement d’ère” Midi Libre – Nathan Rousseau

Alors qu'il s'apprête à quitter la direction départementale du PC gardois, Vincent Bouget se projette sur la vie politique nîmosie… à 18 mois des municipales.

Vous démissionnez, ce vendredi, de votre poste de secrétaire fédéral du parti communiste gardois. Vous estimez avoir fait votre temps ?

J’ai fait 10 ans ! C’est ce que m’avait dit Martine Gayraud quand j’ai pris sa suite. C’est passé vite, mais c’est bien de renouveler. Et les nouveaux défis qui se posent pour le parti -déploiement sur le territoire, la bataille des idées sur le travail ou l’affrontement avec l’extrême droite-, nécessitent de la disponibilité. Je ne prends pas ma retraite, je vais me concentrer sur mes mandats et mon métier que je continue à exercer. L’idée, c’est de gagner en efficacité et de ne pas rester dans le ronron de l’habitude (1).

Ce gain de temps peut aussi vous permettre de vous consacrer, par exemple, aux municipales 2026. Êtes-vous candidat à la mairie ?

Les candidatures arrivent plus tard, à quelques mois de l’élection. Aujourd’hui, on n’est pas en campagne électorale. On est dans un changement d’ère. Il faut prendre le temps de permettre aux habitants de cette ville de le mesurer et de s’y projeter collectivement. J’ai dit à mes partenaires de gauche et à ceux qui travaillent avec nous que je prends mes responsabilités pour animer ce travail.

Halle des sports, Palais des congrès… Les « grands projets » du dernier mandat de Jean-Paul Fournier sont en cours d’aboutissement pour la plupart. Quel regard portez-vous là-dessus ?

La Halle des sports, au vu du manque d’infrastructures sportives sur la ville, ça ne peut faire que du bien ! Ce sera un outil nécessaire, même s’il vient d’abord remplacer ce qui existait aux Costières. Mais on manque encore d’infrastructures, gymnases, terrains de sport, aires de grands jeux. Sur le Palais des congrès, j’ai toujours un doute sur le projet, sa localisation et sa viabilité économique. On est maintenant à près de 65 M€ annoncés d’investissement, qui auraient pu répondre à d’autres besoins… Plus globalement, quelle conception de la ville a-t-on ? L’orientation sur le tout tourisme ne me semble pas être très pertinente et puis surtout, on a le sentiment que la ville se fait en fonction du regard extérieur, pas de celui des habitants. Il y a une forme de dépossession, le sentiment de ne pas être écouté, considéré.

Vous pensez à quoi, à l’urbanisation ?

Le centre-ville a été bien refait, quand on s’y promène on a l’impression que Nîmes est une ville très riche alors que dans d’autres quartiers, il y a plus le sentiment d’être relégué. Il y a besoin de réparer une rupture entre les aspirations des habitants et la politique menée. Il y a des défis environnementaux, économiques qui ne passeront pas que par le tourisme. Actuellement, ça manque de sens, on fait les choses au coup par coup. On privatise, on délègue tout, on vend, on se prive de moyens d’action publique. Le dernier exemple en date, c’est le parc des expos. On n’a plus les moyens de l’entretenir, on le vend ! Le stade, on vend ! Les services publics, on les délègue au privé ! Il y a un manque de confiance dans les habitants et dans les agents de la ville.

Nîmes Olympique : “Il faut une reprise”

Vous parliez du stade, vous continuez à aller aux Antonins ?

Je n’y suis pas allé depuis la fin d’année dernière quand on allait soutenir les Crocos pour qu’ils ne descendent pas plus bas. C’est extrêmement triste.

Vous prônez la rénovation du stade des Costières ?

Contrairement à ce que peut dire Julien Plantier (premier adjoint au maire, NDLR), on a toujours critiqué le choix de vente du stade et le modèle proposé par le président de Nîmes Olympique (Rani Assaf, NDLR). À l’époque, la Ville nous répondait assez vertement quand on l’alertait sur ces projets. Elle a depuis changé d’avis. Aujourd’hui, il faut une reprise du club par un actionnaire, quelqu’un qui ait un projet. Il y a la volonté de la part des supporters de s’investir dans l’avenir du club. C’est une vraie richesse ! Ils ont lancé un projet avec de la participation de la part de socios. Je sais qu’il y a des repreneurs potentiels, il faut pousser à ce que l’avenir s’inscrive comme ça. Mais pour l’heure, la majorité nous a mis dans une situation de dépendance vis-à-vis de Rani Assaf en lui signant un compromis de vente et on est dans l’attente du recours de M. Assaf contre le refus du permis de construire.

Est-ce que c’est le gros fiasco du mandat Fournier ?

En tout cas, c’est très symbolique de l’absence de considération du patrimoine de la Ville et d’un choix idéologique de privatisation. On aurait dû être plus pragmatique.

On vous a vu, au conseil municipal, très énervé de ne pas voir votre vœu sur le changement de nom de la place de l’Abbé-Pierre être soumis au vote…

Dans le conseil municipal, il n’y a pas de débat constructif. On fait notre rôle d’opposition avec sérieux, on étudie les dossiers, on fait des propositions, c’est frustrant d’être pris comme ça de manière hautaine. C’est une ancienne façon de faire de la politique, avec comme dans toute aventure qui se termine, des ambitions individuelles et des dysfonctionnements internes qui viennent altérer la gouvernance.

Sur le futur nom de la place, vous aviez proposé un nom qui fait écho à Emmaüs (Odile Assmann, fondatrice de la Table ouverte). Sera-t-il retenu ?

Je n’en sais rien, personne ne m’a rien dit. C’est un symbole et une personnalité féminine, quelqu’un qui a œuvré pour la ville. Et on a besoin de reconnaître les valeurs de solidarité.

Une nouvelle proposition de loi vise à interdire la corrida aux moins de 16 ans. Vous vous y opposez ?

Oui, j’ai publié une tribune à ce sujet et j’ai échangé avec la présidente du groupe communiste au Sénat pour voir comment je peux intervenir. Pour l’immense majorité des parlementaires, la corrida est un sujet très exotique…

Trafic de drogue : “Traquer les réseaux”

Cet été, à Pissevin, le nouveau poste de police a été incendié. Le NPNRU est en cours. Va-t-on dans le bon sens ?

Si on avait la baguette magique et la solution miracle, ça se saurait. Le NPNRU (plan de rénovation urbaine) peut être une bonne chose. Il y a des espaces laissés à l’abandon. La difficulté c’est que trop souvent on ne considère pas suffisamment les gens qui habitent ces quartiers. Dans le même temps, il y a des services publics qui s’en vont. Il ne reste souvent que l’école, alors qu’il y a beaucoup d’habitants, des salariés, des entrepreneurs qui vivent dans le quartier et qui souhaiteraient avoir les mêmes services que tout le monde. On a traîné un peu. La ville et l’Agglo auraient pu être plus volontaristes sur le suivi du NPNRU. Là, dans le nouveau plan, il y aura des commerces, au nord et au sud. Mais aujourd’hui, c’est à Valdegour qu’on a l’impression d’être un peu isolé. Et puis il y a une vraie question avec le trafic de drogue. C’est pour ça qu’on avait lancé l’appel de Nîmes.

Dans quel but ?

On a besoin de beaucoup plus de moyens. Nous avons toujours été pour un commissariat de plein exercice à Pissevin. Il faut plus de tranquillité publique Mais il faut aussi beaucoup de moyens pour traquer les réseaux mafieux et ça va bien au-delà de la ville. Et la question de la sécurité est une vraie question. On ne peut pas accepter de vivre dans une ville où on craint que les enfants, quand ils sortent, soient pris à partie par des bandes organisées qui sèment la terreur.

Franck Proust, qui sera probablement candidat à la mairie, a été relaxé dans l’affaire de la Senim.Il vous a remercié pour ne pas l’avoir attaqué sur ce sujet…

Nous avons toujours considéré que nous n’étions ni des enquêteurs, ni la justice.Nous, notre rôle, c’est le débat politique, pas le débat judiciaire. On n’attend pas des remerciements, c’est une forme pour nous d’éthique politique. Après, il faut aussi garder un peu d’humilité, de retenue, de pudeur, même si on a souffert personnellement. Beaucoup de gens souffrent sur cette Terre. Il faut rester humble pour ne pas que sa propre personne prenne le pas sur sa fonction.

À gauche, le PS joue des coudes pour affirmer sa place. Êtes-vous bien sûrs de partir unis aux prochaines municipales ?

Je n’ai pas souvenir d’élections municipales où, à 18 mois des élections, il y ait une telle volonté de partir unis. On a conscience de travailler en commun depuis plusieurs années, on se respecte et si on veut mettre en application une nouvelle politique, il n’y a pas d’autre choix. Que chacun veuille exister, compter, c’est normal. Mais on trouvera des moyens de partir ensemble.

(1) Le congrès départemental du PC se réunit ce soir pour désigner le(s) nouveau(x) secrétaire(s).

 

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