“C’est important de dire qu’on peut se reconstruire”, Alexandra Lamy accompagne son premier film Touchées au Mégamara
|La comédienne-réalisatrice sera mercredi à Montpellier, pour une séance dédiée aux scolaires, puis le soir à Saint-Gély-du-Fesc. Midi Libre – JEAN MICHEL MART
"Touchées", le premier long-métrage d'Alexandra Lamy tournée à Anduze (Gard) sur le parcours de femmes victimes de violences utilisant l’escrime comme thérapie a été diffusé en 2022 sur TF1. Cette fiction poursuit une carrière dans les salles accompagnée par sa réalisatrice. Pour la Gardoise, il est important de savoir répondre aux questions qui se posent après la vision du film. Sept projections à destination des scolaires et du grand public sont organisées dans le Gard et l'Hérault du 22 au 24 janvier. Alexandra Lamy sera au Mégarama à 20 h ce mercredi 24 janvier.
Vous allez parcourir différentes villes d’Occitanie pour accompagner Touchées, votre premier film qui prend comme sujet le parcours de femmes victimes de violences utilisant l’escrime comme thérapie. C’est important pour vous d’accompagner en salle ce film produit pour la télé et diffusée en 2022 sur TF1 ?
D'abord, je précise que le film est tiré d'une BD qui s'appelle Touchées de Quentin Zuttion. C'est le producteur Philip Boëffard qui m'a proposé de lire cette BD. J'ai pensé qu'il allait me proposer un rôle et en fait, il m'a proposé de réaliser le film. Je suis très engagée avec La Maison des femmes, avec Diariata N'Diaye, fondatrice de l'association Résonnantes, qui est avec moi pour cette tournée. Généralement, ce sont des choses très viscérales que l’on met dans un premier film, des choses importantes. Je me suis donc dit que ce serait mon premier film.
Ce sont des femmes qui ont subi différentes violences. On les trouve dans tous les âges, toutes les classes sociales. Ce sont des femmes qui se reconstruisent grâce à l'escrime thérapeutique. C'est une vraie association qui travaille avec des enfants, des femmes, et même avec les prédateurs. Pour moi, c'était un film qui devait aller à la télé parce que je veux toucher les personnes qui sont concernées. La télé permet de rentrer chez les gens. Avec les replays, le film a fait près de 6 millions de vues. Au cinéma, on n'aurait jamais eu cette audience.
Mais je travaille beaucoup avec ce film. Nous allons dans les lycées, on l'a présenté aussi à l'Assemblée nationale. Ça fait partie des films qui permettent de faire des échanges et de travailler sur la prévention. Je ne dis pas qu'on change les choses mais on peut gagner du temps avec un film. C'est pour ça que ce film doit être accompagné de quelqu'un qui sache répondre.
Dans les salles, le film a ce gros avantage d’être accompagné de discussions avec vous ou des associations ?
Il faut surtout savoir répondre avec des lycéens ou des personnes qui sont victimes, qui posent des questions concrètes : comment on porte plainte, comment on peut faire, etc. On ne peut pas simplement faire ce film. Il faut savoir répondre.
Pendant cette tournée, il y aura des projections devant des scolaires. Un public qui a probablement échappé au film quand il est passé à la télévision. Sensibiliser les jeunes aux problèmes, c’est un grand enjeu ?
Je remercie la Région et Occitanie films de permettre ça. Ils ont trouvé le budget pour faire cette tournée et faire déplacer les lycéens. Mais évidemment, c'est important de faire de la prévention chez les jeunes. Il faut leur en parler. Il faut qu'il y ait un échange avec nous. Dans n'importe quel lycée, quel que soit le milieu social des élèves, les questions sont les mêmes. Ça permet aussi de voir les professeurs, les assistantes sociales, les enfants qui réagissent. Il y en a qui se lèvent parfois. Ça donne des indices, "ah tiens, tel élève doit subir ça".
Votre film s’adresse surtout aux victimes ? Il apporte l’espoir de la reconstruction, même difficile ?
C'est important de dire qu'on peut se reconstruire. C'est très difficile d'ouvrir une porte. c'est très difficile, parce qu'on sent souvent qu'on n’écoute pas la parole des victimes. C'est un combat long mais qui reste possible. J'avais aussi envie de faire un coup de projecteur sur les associations, sur tous les bénévoles. Il y en a partout et dans toutes les villes. Il y a des gens qui peuvent aider.
Vous avez tourné Touchées à Anduze. Cela donne une dimension apaisante à votre film qui s’éloigne du pathos pour se concentrer sur la délicate reconstruction, la confiance à retrouver, en soi et en l’autre, la résilience. C’était important de tourner dans le Gard ?
Pour pleins de raisons. D'abord parce que c'est chez moi et que je savais qu'on allait être bien accueilli dans la région. Tout le monde me connaît, je suis un peu la fille du pays. Tout le monde nous a ouvert les portes. Et puis l'Occitanie, c'est quand même la deuxième région où il y a le plus de tournages en France, après Paris. Ça veut dire des équipes techniques extraordinaires. Pour moi Anduze, ça représente la province, donc ça veut dire que c'est partout. Je ne voulais pas quelque chose de trop glauque, sous la flotte, le temps gris, un HLM. Et puis la nature est importante. Il y a une espèce de renaissance avec la nature. Je pense qu'on le ressent.
Vous serez présente en février pour accompagner le film La Promesse verte autour de la déforestation. C’est encore un sujet en prise avec notre époque ?
Complètement. C'est un film d'Edouard Bergeon qui avait fait "Au nom de la terre". On vient le présenter à Alès, Nîmes et Montpellier. C'est un film sur la déforestation et l'huile de palme qu'on retrouve partout autour de nous. Après les avant-premières, on se rend compte qu'à la sortie du film des gens nous disent "moi, je vais faire tous mes placards ce soir" (rires).
Sexisme, violences, déforestation ou changement climatique, le cinéma doit s'emparer de tous ces sujets ? Et vous avez envie de prendre part à ce type de films ?
J'aime aussi raconter des histoires. Je ne vais pas me cantonner à des films qui ont des revendications. Mais c'est quand même ce qui est merveilleux dans l'art. On peut divertir, faire des films qui permettent de pointer du doigt les problèmes de notre société. Nous sommes dans un pays dans lequel on a la liberté d'expression. C'est très important de parler de tous les sujets.
Alexandra Lamy accompagne son film dans la région
La comédienne et réalisatrice sera accompagnée de Diariata N’Diaye, cofondatrice de l’association Résonantes.
À Montpellier, Touchées sera projeté le mercredi 24 janvier à 9 h 30 pour les scolaires au Cinéma Diagonal. Le soir, une séance publique sera donnée à 20 h, au Mégarama, à Saint-Gély-du-Fesc. Tarif plein : 10,80 €.
Les autres rendez-vous :
Lundi 22 janvier à 14 h 15 au Cinéplanet, Alès.
Lundi 22 janvier à 19 h 30 au CGR, Nîmes.
Mardi 23 janvier à 9 h 30 (scolaires), CGR, Nîmes.
Mardi 23 janvier à 18 h, Le Nouveau Palace, Sète.
Mardi 23 janvier à 20 h 30, CinéMistral, Frontignan.
L’ensemble de la tournée sera filmée par des étudiant·e·s de l’école Travelling. Le montage sera prochainement visible sur les sites d’Occitanie films et de Travelling.
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