À Béziers : le nouveau député ? “Je ne sais même pas à quoi il ressemble”

À Béziers : le nouveau député ? "Je ne sais même pas à quoi il ressemble"

Certains électeurs du RN n’ont pas besoin de connaître leur nouveau député pour être satisfaits. Midi Libre – Théo Laroche

À Béziers : le nouveau député ? "Je ne sais même pas à quoi il ressemble"

Victoire, Pauline et Violette ont voté aux deux tours des élections législatives. Elles sont préoccupées par l’élection de députés inconnus, tant à l’échelle locale que nationale. Midi Libre – Luca Bensiali

En cette matinée du lundi 8 juillet, lendemain des élections législatives, le résultat du scrutin et notamment la défaite d'Emmanuelle Ménard sont de toutes les discussions sur les terrasses du centre-ville de Béziers. Pourtant, rares sont les habitants qui connaissent leur nouveau député, Julien Gabarron (RN), élu dans la 6e circonscription de l'Hérault. 

Ce lundi 8 juillet matin à Béziers, quand on demande aux habitants s’ils ont suivi les résultats de la veille, beaucoup acquiescent. “On allait en parler avant que vous arriviez”, lance Michel. Attablé à l’une des terrasses de la place Jean-Jaurès, journal local dans les mains, ce septuagénaire se dit sensible à la politique régionale. Mais lorsque l’on évoque le tout nouveau député de la 6e circonscription de l’Hérault, il a un trou. “Comment il s’appelle déjà ?" "Gabarron”, répond Étienne, son ami.

Ce dernier secoue la tête. “Je ne sais même pas à quoi il ressemble. Je pense que dans une semaine, les gens auront déjà oublié son nom”, estime-t-il. Quelques mètres plus loin, sur les allées Paul-Riquet, le nom du nouvel élu n’évoque rien à Claude. Cet électeur a pourtant glissé son bulletin dans l’urne la veille.

Voter pour un candidat inconnu ? Pas un problème pour ce Biterrois de 51 ans. Casque de moto posé au sol, sirop de menthe sur la table, il argumente. “C’est bien qu’il ne soit pas ancré sur le territoire, au moins on est sûr qu’il n’est pas dans les magouilles locales”, estime Claude, que la victoire locale du RN ravit. Tout comme Martine, qui ne connaît pas non plus le nouveau député. “Ce n’est pas gênant, balaie-t-elle, ce que je retiens, c’est que la démocratie a fonctionné”.

“Tant qu’il suit le programme de Le Pen, ça me va !”

Christine, 60 ans et sans emploi, répond de manière hésitante à l'évocation du nom de Gabarron. “Non, je ne le connais pas… ah si ! c’est le nouveau député”, se souvient cette électrice du RN avant de poursuivre. “Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’être d’ici pour pouvoir être élu. Tant qu’il suit le programme de Le Pen, ça me va !”, lâche-t-elle.

À quelques tables de là, les mines sont plus graves. Serge, Moustapha et Isabelle ont voté à gauche aux deux tours et digèrent un résultat local sans surprise. Ils ne connaissent Gabarron que de nom. “Ce n’est pas une figure locale, mais c’est son étiquette qui lui a permis de gagner”, analyse Moustapha, soucieux.

“Il n’est pas sensible au territoire”

C’est un problème qu’il ne soit pas connu, poursuit Moustapha. À la rigueur, si Ménard (députée sortante, divers droite) avait gagné, ça aurait eu plus de sens. Elle circule, on la connaît. Lui, on ne l'a jamais vu.” Une partie des Biterrois demeure tout de même circonspect de voir un nouveau député émerger ainsi. “On n'a rien compris, c’est une surprise !”, s’indigne Karim, ses mains de carrossier peintre lâchant son café. Électeur d’Emmanuelle Ménard, il justifie son choix justement par son ancrage dans le territoire et dans la ville : “On la voit partout. Il faut voir tout ce qu'elle a fait avec son mari pour Béziers”, affirme-t-il.

Même constat pour Pauline, 23 ans : “C’était un parfait inconnu avant les élections, je ne le connaissais pas. Alors je ne lui fais pas confiance, je ne pense pas qu’il soit sensible au territoire”, assène l’étudiante en économie. Son amie Victoire, étudiante en droit, explique : “Il y avait une dynamique compliquée à Béziers, on n’avait pas le choix. Mais quand même, comment peut-on voter pour un parti sans connaître son candidat ?", s'interroge-t-elle.

“A un moment, il faut choisir une veste”

Pour beaucoup de Biterrois rencontrés ce lundi matin, la défaite d'Emmanuelle Ménard, députée sortante, n'est pas une surprise. Ses anciens électeurs condamnent son parcours sans étiquette ni parti. “Honnêtement, si Ménard avait été au RN, on aurait voté pour elle”, explique Christine, sexagénaire et sans emploi. Elle poursuit, “Ce n’est pas elle le problème, c’est qu’elle veuille être toute seule, mais c’est en groupe que les choses changent à l’Assemblée.”
 

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