A Clapiers, dans son fil “Notre guerre”, la cinéaste Béatrice Malige-Dufrenne a recueilli le témoignage des habitants

A Clapiers, dans son fil "Notre guerre",  la cinéaste Béatrice Malige-Dufrenne a recueilli le témoignage des habitants

Béatrice Malige-Dufrenne est installée à Clapiers où elle organise un festival de films polonais.

Dans le film "Notre guerre", La cinéaste clapieroise Béatrice Malige-Dufrenne a recueilli les souvenirs des habitants sur la seconde guerre mondiale ainsi que ceux des villes jumelles du village.

Béatrice Malige-Dufrenne n'a rien d'une ancienne combattante. Plutôt d'une force vive, débordante d'énergie. Mais cette fille de militaire, née sous le soleil d'Oran, a été sensible à une sollicitation des anciens combattants et de la municipalité de Clapiers, commune où elle réside – et assure la correspondance de notre titre. "J'ai toujours aimé la transmission, alors quand on a évoqué l'idée de recueillir la parole des habitants qui avaient vécu la seconde guerre mondiale ici au village, j'ai proposé de faire un film…"

Cheffe-monteuse dans le cinéma

En principe, Béatrice préfère la fiction, ou le mélange avec le réél. Son métier de monteuse dans le cinéma ne l'a pas quitté, elle qui devint cheffe monteuse à 25 ans, et accompagna le travail de nombreux réalisateurs et producteurs, au premier rangs desquels son mari le cinéaste Jean Malige. 

Si le montage est une écriture, celle qui donne le tempo d'un film, ménage le supsense, ou manipule le spectateur, ici, la professionnelle du cinéma a dû se couler dans les exigences du documentaire. "J'ai commencé à faire ce film Notre guerre en 2015, et au milieu, j'en ai réalisé un autre Faire la guerre à la guerre, qui se base sur les écrits du peintre Max Leenhardt et parle de la guerre de 14. J'ai repris Notre guerre, qui a la particularité de croiser les témoignages des gens de Clapiers avec ceux des nos amis italiens et polonais des villes jumelles."

Roland, dit Pierrot, rescapé de Dachau

Dans le village, ceux qui étaient alors des minots se souviennent des Allemands qui s'installent dans l'école (devenue plus tard la mairie), René entend encore le Heili Heilo chanté chaque matin par la troupe. A 12 ans, lui qui gardait sa vache avait dû se cacher lors du passage d'une colonne d'Allemands. Le garde-champêtre du village laissera sa vie avec d'autres victimes à Montferrier. A la Libération, Paulette se souvient que son papa avait repeint sa pastière, (sa charrette utilisée pour les vendanges) en bleu blanc rouge. "J'ai retrouvé l'histoire de Roland Micheu, dit Pierrot. Ce réfractaire au STO qui part vers le maquis des Glières, dans le Vercors, puis rejoint un réseau de résistants à Montpellier, échappe à une arrestation au square Planchon, essaye de passer en Espagne et se fait arrêter en Ariège", raconte la cinéaste. Pierrot est transféré vers Dachau dans le train de la mort. Libéré par les alliés, il revient à Clapiers dans un état de délabrement physique mais vivant. Des jeunes filles de Clapiers l'ont reconnu dans les actualités diffusées au cinéma sur la place de la Comédie, ce sont elles qui diffusent la bonne nouvelle de sa survie. 

En Italie et en Pologne

Du côté des Italiens de Collelongo, quand Béatrice Malige-Dufrenne accompagne une délégation municipale dans la ville jumelle, on lui demande de ne pas évoquer Mussolini… "Ils n'avaient jamais témoigné sur la guerre, c'était un sujet sensible…" En Pologne, les habitants de Celestynow veulent rappeler l'acte héroïques de scouts qui en 1943 ont tendu une embuscade à un train qui se rendait à Auschwtitz.

Notre guerre trace un pont entre ce que de simples citoyens, plongés dans la tragédie de 39-45, ont vécu. Diffusé à Clapiers une seule fois en 2020, le film mériterait d'être de nouveau partagé. 

Festival du film polonais et du film français en Pologne

En Pologne, à Celestynow, près de Varsovie, il aura lieu début octobre : devant des jeunes Polonais, dont des étudiants en cinéma, ou face au grand public, la Clapieroise présente des films du répertoire français et anime des ateliers. Comment ne pas montrer la guerre dans La grande illusion de Renoir ? Comment filmer un conte avec Peau d'âne de Jacques Demy ? L'intérêt des Polonais ne se dément pas. A Clapiers (et au Diagonal de Montpellier) Béatrice Malige-Dufrenne propose fin novembre des films polonais. 

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