A Marseille, retour au bercail méditerranéen pour la sculptrice montpelliéraine Germaine Richier

Le bronze L’eau (1953-1954). C BARAJA

Treize œuvres de l’artiste sont présentées jusqu'à fin septembre, au cœur du massif des Calanques dans une friche industrielle. Et la visite guidée est gratuite !

Le bronze Le coureur (1955). C BARAJA

Au bord de la mer, une exposition marseillaise : “Germaine Richier la Méditerranéenne”, à découvrir jusqu’à fin septembre, sur le site de la Friche de l’Escalette. Treize œuvres de la sculptrice montpelliéraine y sont présentées. Trois le sont en extérieur, mais à l’abri d’un patio, pour protéger les sculptures des voleurs indélicats. Dix autres le sont dans une galerie sur le site et non en pleine nature, comme la mise en scène photographique ci-dessus pourrait le laisser penser.

De nombreuses œuvres de l’artiste avaient déjà été exposées l’an dernier au Centre Pompidou à Paris et au musée Fabre à Montpellier. Son travail est jonché de références à la mer. On la dirait plus Provençale que Languedocienne, façon trident et col d’amphore… "Elle croit aux griffons, à la bête du Vaccarès, à la Tarasque, au cheval de Camargue né de l’écume et de la mer", insiste sa petite-nièce, Laurence Durieu.

Il n’y a pas de hasard. Car si Germaine Richier, morte en 1959 d’un cancer du sein à l’âge de 57 ans, est bien enterrée dans le tombeau familial à Mudaison, aux portes de Montpellier, après avoir vécu à Castelnau-le-Lez, elle est née à Grans, près de Salon-de-Provence, en 1902.

C’est parce que les affaires de son père vont mal que la famille s’installe sur les terres maternelles héraultaises. Germaine n’a pas trois ans. "J’ai eu une enfance assez sauvage", disait l’artiste. Elle fait l’école buissonnière dans la garrigue. Elle aime, dit-elle, "le parfum du thym, des rochers", où elle "respire la liberté". À 12ans, elle a une révélation en découvrant les figures romanes du cloître Saint-Trophisme, en Arles. Elle sera sculptrice.

Un monde fantastique

Picasso lui avait dit : "On est de la même famille." Pour César, "c’est la plus grande de tous les temps". "C’était une femme sculptrice dans une époque où c’était l’apanage des hommes", résume le conservateur du musée Fabre montpelliérain, Michel Hilaire. Elle s’est émancipée des codes, a exploré un monde fantastique, au fil d’un bestiaire mâtiné d’humain.

Le propriétaire de la friche, le galeriste d’art Éric Touchaleaume, avait eu "une révélation il y a plusieurs décennies devant quatre de ses silhouettes graciles et fortes à la fois, semblant ancrées pour l’éternité au parapet du balcon du musée Picasso à Antibes, sur fond bleu azur de la mer". Il aurait bien voulu exposer les treize sculptures au grand air marin. Mais la cote de Germaine Richier a eu raison de ses envies. Il les a, quand même, rapprochées du bord.

La friche industrielle de l’Escalette, sur le site d’une usine à plomb. C BARAJA

Entrée gratuite, ouvert tous les jours au mois d’août et le week-end au mois de septembre. Les découvertes ne se font qu’en visite guidée (réservation nécessaire sur friche-escalette.com) à raison de quatre par jour (9 h, 10 h 30, 16 h, 17 h 30). Une architecture légère de Jean Prouvé et une collection permanente d’œuvres contemporaines complètent le tout. L’Escalette est une friche industrielle, celle d’une ancienne usine à plomb, qui se visite en même temps.

Tel : 04 91 74 37 32.

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