À Millau comme en Aveyron, le réseau d’autocars liO affole les compteurs
|Sur les 18 lignes régulières du réseau aveyronnais, la fréquentation en 2023 a augmenté de 110% par rapport à 2021. AD
Hausse impressionnante de la fréquentation des autocars du réseau liO, projet de ligne ferroviaire Rodez-Millau, train de nuit Millau-Paris… Vice-président aux mobilités et aux infrastructures de transport en région Occitanie, Jean-Luc Gibelin revient sur les sujets mobilités du moment.
En septembre 2018, la région Occitanie fusionnait les réseaux de transport départementaux (TER et autocars) en un grand réseau commun : les lignes intermodales d’Occitanie, abrégées en liO.
Six ans plus tard et à la faveur d'une politique tarifaire régionale "volontariste", la fréquentation des trains mais surtout celle des autocars a fait un bond "hors norme", valide Jean-Luc Gibelin, vice-président aux mobilités et aux infrastructures de transport en région Occitanie.
Les chiffres le confirment. Sur les 18 lignes régulières du réseau aveyronnais, la fréquentation en 2023 a augmenté de 46% par rapport à 2022 et de 110% par rapport à 2021, confirme la Région. "En lançant notre Pacte vert pour l'Occitanie, nous avons fait de l'utilisation et du développement des transports en commun un mode d'action concret et résolu dans la transition écologique et énergétique", ajoute le vice-président.
Pour mettre un peu de vert dans le ciel bleu de l'Occitanie, la Région a pris le parti de mettre en œuvre trois thématiques fortes pour redonner aux usagers l'envie de préférer sinon le train, les transports en commun. "Nous avons voulu améliorer et augmenter l'offre – déjà élevée en ce qui concerne les autocars mais encore perfectible pour le rail – tout en proposant une tarification attractive… dont la réponse est une augmentation tout à fait hors norme de la fréquentation."
"Ce n'est pas de la com' "
Pour 2 euros – 1,5 euro pour qui s'offre une carte de 10 déplacements – les Millavois ou Saint-Affricains ont vraisemblablement pris l'habitude de prendre le bus pour gagner les rivages montpelliérains. Ils ont été 95 422 voyageurs à faire ce choix en 2023 contre 50 202 en 2021. Soit une hausse de 91%…
Idem entre Millau et Saint-Affrique ( 103 291 passagers en 2023 ) ou entre Millau et Rodez ( 118 222 ). La palme revenant au bus 203 entre Rodez et Montauban avec 175 763 utilisateurs à l'année : en hausse de 205 % par rapport à 2021. Au total, sur les 18 lignes régulières du réseau aveyronnais, la fréquentation en 2023 ( 707 226 passagers ) a augmenté de 46% par rapport à 2022 et de 110% par rapport à 2021.
De quoi laisser quelques passagers à quai les jours – "plutôt rares" – de grandes fréquentations et de redonner le sourire le vice-président qui vise en Région, les 100 000 passagers quotidiens. Un objectif atteignable qui ne s'est pourtant produit qu'à 14 reprises en 2023.
"Ce n'est pas de la com' nous avons prouvé que c'est possible mais cela nous oblige à aller de l'avant en renforçant encore les infrastructures ferroviaires, en confortant le matériel roulant, en transformant des bus diesel en bus à hydrogène… Le bilan est certes favorable mais nous devons tout faire pour que ça dure. Le travail n'est pas encore pleinement abouti. Nous n'allons pas nous reposer, bien au contraire", vise Jean-Luc Gibelin qui pousse plus loin le bouchon en envisageant très sérieusement la rénovation de la ligne ferroviaire Rodez-Séverac mise en sommeil en 2017 faute d'usagers.
"2028 ou 2030"
"Comme la présidente Carole Delga s'y est engagée, nous voulons permettre le retour du chemin de fer dans certains territoires". Pour lui "un enjeu majeur", compte tenu de l'état préoccupant de l'infrastructure sur certaines sections du réseau ferré où circulent les trains liO.
La ligne Rodez-Sévérac comme celles de Montréjeau-Luchon ; Limoux-Quillan ; Alès-Bessèges, ou celle encore entre Pont-Saint-Esprit et Nîmes (rive droite du Rhône) fait partie de celles-là, dotée pour les 38 km de la desserte d'une enveloppe prévisionnelle de l'ordre de 80 millions d'euros. Tout sauf une paille, reconnaît l'élu.
"Nous sommes convaincus de la pertinence de la démarche, toujours d'actualité même si c'est un projet long à mettre en œuvre. Nous poursuivons les phases d'étude, il y aura sans doute l'occasion courant d'année d'avoir un comité de pilotage pour voir où nous en sommes", espère le Lozérien au sujet d'un projet qui s'il devait (re)voir le jour ne serait opérationnel qu'à l'horizon "2028 ou 2030".
Un train de nuit Millau-Paris ?
À Figeac en début d'année pour défendre, avec de nombreux élus et usagers, le train Intercités de nuit entre Paris et Rodez – supprimé à 62 reprises entre les mois de juillet et décembre 2023 – l'élu régional a redit son attachement à ce train "évidemment très important".
" En plus de nos dessertes TER ou de nos dessertes TGV nous avons besoin de trains d'équilibre de territoire (TET), de jour comme de nuit. Nous portons d'ailleurs la demande d'un train Paris-Clermont puis un tri-branche Clermont-Aurillac, Clermont-Millau et Clermont-Alès."
Charge donc à l'Etat, autorité organisatrice des TET, "d'assurer pleinement sa mission" exhorte l'élu. "Quand on regarde la carte de France des trains de nuit, on remarque un grand trou au milieu : le Massif central." Pour lui, "absolument scandaleux !"
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