À Montpellier, les parents se battent pour obtenir le droit de faire l’école à la maison

À Montpellier, les parents se battent pour obtenir le droit de faire l’école à la maison

En juin 2022, on comptait 71 700 enfants scolarisés à domicile, soit environ 0,5 % des élèves en France. Midi Libre – DORIAN CAYUELA

Une cinquantaine de parents et enfants se sont réunis ce mardi 25 juin devant le rectorat de l’académie de Montpellier pour manifester contre le durcissement du régime de l’instruction en famille (IEF).

Devant le rectorat de Montpellier, des enfants griffonnent les pavés à la craie. À quelques mètres, leurs parents brandissent des pancartes. Ils sont une cinquantaine à s’être réunis ce mardi 25 juin pour manifester contre le durcissement du régime de l’instruction en famille (IEF). "Ne m’obligez pas, respectez mon choix", clame en lettres capitales l’un des écriteaux.

Une demande annuelle à remplir

Depuis la rentrée de septembre 2022, l’Instruction en famille est soumise à un régime d’autorisation délivrée par les académies, conformément à la loi contre le séparatisme du 24 août 2021. Objectif affiché : lutter contre un enseignement en vase clos, loin des principes de la République. Auparavant, une simple déclaration en mairie et à l’Académie de référence suffisait pour scolariser ses enfants à domicile, suivi ensuite d’un contrôle annuel.

Les familles doivent dorénavant justifier leur demande annuelle en choisissant l’un des quatre motifs disponibles : état de santé de l’enfant ou handicap, pratiques d’activités sportives ou artistiques intensives, itinérance de la famille ou éloignement géographique, existence d’une situation propre à l’enfant motivant le projet éducatif.

À Montpellier, les parents se battent pour obtenir le droit de faire l’école à la maison

Une cinquantaine de parents et d’enfants se sont réunis devant le rectorat de Montpellier ce 25 juin. Midi Libre – DORIAN CAYUELA

Cédric a fait le choix de l’instruction en famille pour Sullivan, son fils de 11 ans. Cette année, comme beaucoup de parents, c’est la première fois qu’il constitue un dossier de demande d’instruction en famille. Un délai de deux ans (2022-2023 et 2023-2024) était accordé aux familles ayant bénéficié d’un contrôle positif de l’académie au cours de l’année scolaire 2021-2022.

"Cela faisait sept ans qu’il était scolarisé à domicile. Tout se passait pour le mieux. Nos contrôles étaient toujours excellents. Et voilà que cette année, on nous refuse notre demande !", peste le père de famille. À côté, Sullivan serre les poings. "C’est comme si mon dossier n’avait pas été lu", lâche l’enfant, les sourcils froncés.

"Nous irons jusqu’en justice "

Suite à ce refus, Cédric constitue un recours administratif préalable obligatoire (RAPO). "Le résultat doit nous être communiqué le 5 juillet. En attendant, on angoisse. L’école à domicile place l’enfant au centre de l’enseignement. Tout est fait pour qu’il apprenne le mieux possible. Nous suivons le programme de l’éducation nationale", insiste Cédric.

Quid de l’isolement des enfants ? "Sullivan n’est pas enfermé à la maison, bien au contraire. Une fois qu’il a fini ses cours, il a le temps d’aller faire des activités et de rencontrer d’autres enfants".

Comme Cédric, Clara*, mère de deux enfants de 10 et 13 ans, a vu sa demande refusée par le rectorat. Le dossier de son cadet est accepté. L’aîné est sommé de retourner en salle de classe. Une décision incompréhensible pour la mère de famille. "Je pleure tous les soirs. Mon enfant est très malheureux également", assure-t-elle. Et d’ajouter : "On a juste une phrase de refus laconique, à un dossier de plus de cinquante pages. Ce n’est pas une justification valable. Nous sommes prêts à tout pour avoir gain de cause, même à aller en justice si nécessaire".

L’impression de jouer à la loterie

Maud a fait le choix de l’instruction à domicile pour ses deux enfants de 8 et 10 ans en 2020, après le Covid. "Faire l’école à la maison pendant le confinement a renforcé notre envie d’éducation en famille. Le risque de radicalisation lié au modèle existe, mais il concerne une minorité infime d’enfants. Surtout, ce n’est pas sur la base d’un document écrit que l’on va pouvoir juger de ce danger", dénonce-t-elle.

Selon le Collectif de l’académie de Montpellier pour l’Instruction en Famille, les refus de dossiers seraient massifs. "Le rectorat refuse de communiquer les chiffres exacts. Des dossiers extrêmement bien ficelés sont rejetés, sans réelles justifications, dénonce Maud, membre du collectif. On demande même à des enfants harcelés de retourner à l’école. On a l’impression de jouer à la loterie".

Sophie Béjean, rectrice de l’académie de Montpellier réagit

"Nous avons reçu une délégation de parents au sein du rectorat à la suite de cette manifestation. Nous leur avons réexpliqué que la loi a changé. Il ne suffit pas de dire que l’on souhaite que notre enfant bénéficie de l’éducation en famille pour que son dossier soit accepté. Il n’y a pas d’automatisme. Chaque cas est traité par des professionnels. Il y a des refus, et il y en aura encore. Des recours sont également possibles, et seront acceptés si des éléments complémentaires permettent de statuer en leur faveur. Nous veillons à l’intérêt supérieur de l’enfant."

*Le prénom a été modifié à la demande de l’intéressée. Je m’abonne pour lire la suite

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