“À un moment, on a cru que Frontignan allait brûler” : l’angoisse des habitants en première ligne après l’incendie de la Gardiole

"À un moment, on a cru que Frontignan allait brûler" : l’angoisse des habitants en première ligne après l’incendie de la Gardiole

Justine, Samir et Laura, qui ont vu les flammes de très près dimanche après-midi, au Pioch Michel, étaient encore sous le choc le lendemain matin. Midi Libre – Patrice Espinasse

Au lendemain de l'incendie qui a ravagé 356 hectares dans le massif de la Gardiole ce dimanche 18 août, Frontignan est encore sous le choc. Les habitants qui ont dû faire face aux flammes témoignent.

Frontignan, 8 heures. L’odeur de fumée et de brûlé enveloppe les rues. La cité muscatière se réveille groggy, sonné par un traumatisme dominical qui n’a pas fait de victime mais qui a marqué la population.

Au plus près du sinistre, autour de halle des sports Karabatic où les va-et-vient des pompiers sont permanents pour prévenir les reprises, la nuit a été courte. Évacué de sa maison dans la Gardiole, Claude ne bouge pas de sa voiture. Son chien et son chat à ses côtés, il repasse, hagard, le scenario de la veille. "Si j’ai eu peur ? Plutôt, oui ! Là, j’attends de pouvoir rentrer pour voir les dégâts".

"La puissance des éléments et l’impuissance de l’humain"

À 50 mètres, impasse des Roitelets, des voisins sont dans la rue. On ressent le besoin d’échanger, de se retrouver, de se rassurer. "C’était l’apocalypse. À un moment, on a cru que la ville allait brûler", confie Delphine. "On a dû quitter notre maison en catastrophe avec les deux chiens et le chat. C’est brutal, violent, enchaîne Olivier. On a senti la puissance des éléments et l’impuissance de l’humain. Mais un grand merci au Sdis, à la Sécurité civile, à la municipalité. Toutes les habitations du Vivier Haut ont été sauvées. Et bravo, aussi, pour ce grand élan du cœur des habitants des garrigues, chacun prenant des nouvelles des autres tout en se demandant ce qu’allait devenir leur maison."

Au bout de chemin de Rabassou et sur le chemin de la Carriérasse, l’odeur se fait plus âcre. Chaque pas de plus rapproche vers le spectacle de désolation laissé par l’incendie qui a tout ravagé. Souvent, il s’est approché à quelques pas des maisons. Tous les mazets isolés n’ont pas eu cette chance. Le ranch de Mimi et Jean-Pierre Tardy a été en bonne partie ravagé. "Ils ont été évacués car ils ne pouvaient plus respirer", explique un ami qui photographie les dégâts.

Au bord du sentier, deux agents d’Enedis Frontignan examinent les dégâts. Pylônes brûlés, lignes au sol : il faudra quelques heures pour réparer. Croisée à la hâte, Cécile Le Meur, de la ferme Dromasud, est soulagée : "La ferme est sauvée, les murs sont sauvés. Tous les petits et les gros animaux sont sauvés" (lire par ailleurs).

Au Pioch Michel, le traumatisme est fort. Jean-Luc montre les moteurs de bateau calcinés. "Ils ont été achetés à 15 h à Mauguio. À 18 h, ils étaient partis en fumée."

Toutes les souches étaient en feu. C’était comme s’il y avait des milliers de lanternes.

Ici, dans la maison familiale, les Biasion ont vécu l’arrivée des flammes comme un cauchemar. "Même si on voyait beaucoup de fumée, on ne pensait pas que le feu arriverait jusque-là, rembobine Justine, après une nuit passée dans la voiture. Et puis en 30 minutes, tout s’est embrasé. Mes parents ne voulaient pas quitter la maison. Jamais on ne les avait vus dans un tel état de détresse. Il a fallu crier. Mon frère est sorti en hurlant. On ne voyait même pas le portail tant la fumée était épaisse. On s’étouffait."

Jean, son frère, qui gère là sa société d’informatique, montre à quel point les flammes sont arrivées si près du domaine. Laura, sa sœur, revoit la scène de dimanche 17 h. "Il y avait des flammes partout. On avait des cendres sur le visage. En partant en catastrophe et en embarquant les enfants avec un torchon mouillé sur la tête, avec la grand-mère et le chien, on s’est dit que la maison était perdue."

Elle ne l’a pas été. Comme pour beaucoup d’autres, cela s’est joué à rien. Juste à côté, même la vigne a brûlé. "Toutes les souches étaient en feu. C’était comme s’il y avait des milliers de lanternes."

Sept foyers privés d’électricité à Frontignan

Malgré la violence de l’incendie, sa proximité avec les habitations et les dégâts sur certaines lignes, seuls sept foyers étaient privés d’électricité, ce lundi 19 août, sur la commune de Frontignan. Des équipes d’Enedis de Montpellier et Lunel sont venues en renfort de leurs collègues de Frontignan pour mener des opérations de réparation chemin de la Carriérasse, avenue des Carrières et chemin de Rabassou. Les interventions ont généré des coupures d’électricité sur ces secteurs, dans la journée. Un retour à la normale était espéré lundi, en fin de journée.

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