Agriculteurs et écologistes : le face-à-face organisé par Midi Libre Béziers

Agriculteurs et écologistes : le face-à-face organisé par Midi Libre Béziers

Les membres d’EELV ont exposé leurs arguments devant les hommes de la terre. Midi Libre – Michael Esdourrubailh

Tout semblait les opposer. Viticulteurs et écologistes ont pourtant trouvé des points d’entente, ce jeudi 7 mars, dans les locaux de Midi Libre Béziers, à l’occasion d’un débat d’une heure. Des discussions qui se sont soldées par le souhait de se réunir davantage pour construire un avenir autour de la terre et du terroir local. Morceaux choisis.

Agriculteurs et écologistes : le face-à-face organisé par Midi Libre Béziers

Agriculteurs et écologistes : le face-à-face organisé par Midi Libre Béziers

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Agriculteurs et écologistes : le face-à-face organisé par Midi Libre Béziers

1.« L’écologie crève les viticulteurs ? »

Cette expression avait été utilisé publiquement par Martial Bories, le président de la cave de L’Occitane, à Servian. Il précise sa pensée : "Ça fait 20 ans qu’on a commencé la viticulture raisonnée. Ce qui me dérange, c’est que chaque année, il y a un empilement de mesures, de contraintes, sans raison d’être. Et ça, ça fait crever notre viticulture. Ce que je demande : c’est un cahier des charges, un bilan carbone et une analyse résiduelle, comme ça le consommateur, il est tranquille." Sur l’utilisation du glyphosate, le Biterrois Jean-Pascal Pelagatti (FDSEA) : "Il y a des études qui disent que c’est cancérigène, d’autres que non. Chacun regarde l’étude qui lui plaît." "On a déjà fait énormément d’efforts. Pas d’interdiction, sans solution."

60 % des oiseaux ont disparu en 30 ans

Yann Geshors (EELV), lui, est loin de partager cette position : "Dans les pays où le glyphosate est utilisé, différentes études assurent qu’il est cancérigène. Il faut diminuer les produits phytosanitaires dans les espaces agricoles où 60 % des oiseaux des champs ont disparu en 30 ans. Il va être effectué des relevés sur des oiseaux afin de savoir exactement quels produits sont concernés."

Thierry Antoine (EELV) enchaîne : "Nous ne demandons pas l’interdiction de l’utilisation des produits phytosanitaires. Ce n’est pas possible. La question n’est pas de passer d’une agriculture dépendante de la chimie à rien du tout. Ce qu’il faut c’est un cap à suivre, essayer de trouver des solutions à moyen et à long terme et que l’on tienne compte de la science." 

2. Au sujet des aides déclenchées

"C’est bien d’avoir suspendu le plan Ecophyto mais ce qu’on nous a proposé, c’est de l’enfumage parce que la machine est enclenchée et que ça continuera", estime Martial Bories. "Il faut rayer Terra Vitis (une certification). Faire le point sur les produits les plus efficaces, les moins nocifs et on part là-dessus". "C’est à nous, ensemble, de trouver des solutions. Mais il ne faut pas qu’on nous oppose".

Pour Jean-Pascal Pelagatti : "Les mesures vont plutôt dans le bon sens. Les paroles sont jolies, mais changer prendra du temps. Il faut suivre, on demande un calendrier de travaux, avec close de revoyure".

"Des mesurettes"

Pour Thierry Antoine, « Ce sont des mesures à très court terme, des mesurettes. Nous vivons sur le même territoire, il faut construire ensemble. Nous demandons deux choses : que les solutions proposées reposent sur des études scientifiques, pas des coups de pub, que ce soit appuyé sur une réalité. Puis que les éventuels projets ne fassent pas vivre pendant quatre à cinq ans, un modèle qui ne fonctionne plus. »

Sur le problème de l’accès à l’eau

Un projet de création de retenues d’eau hivernales (à Florensac, Coulobres et Magalas) est porté par le Département. "C’est une très bonne chose", estime Jean-Pascal Pelagatti. Un projet de barrage anti-sel sur l’Orb est défendu, lui, par les viticulteurs de la basse plaine de l’Orb, pour lutter contre la salinité des terres. "C’est très compliqué, c’est une des solutions mais légalement c’est interdit", souligne le viticulteur biterrois. "Il faut continuer à travailler là-dessus, en attendant que la loi change. Mais il faut peut-être aussi travailler sur la relocalisation, la diversification…"

Selon Thierry Antoine, en revanche, construire un tel barrage "n’est pas la solution si on se réfère aux études de l’Inra et de Sup agro. Les terres étaient salées et elles seront salées. Ce qui me rendrait fou, c’est que l’on investisse des millions et que le sel passe par ailleurs. Le débit de l’Orb n’est pas suffisant. Bâtir un barrage contre la mer, c’est une solution bricolée. Il faut accepter de changer le modèle agricole, avec de la relocalisation, des changements de production."

Verbatim

"Il s’empéguait du glyphosate"

Martial Bories : "Ce malinois, il me suivait en permanence dans les rangs. Toute la journée, il s’empéguait du glyphosate. Il est mort à 17 ans ! Alors quand on m’explique que le glyphosate, c’est un poison, et quand je vois les employés de municipalité qui passent à deux avec leur bouteille de gaz pour tuer l’herbe, explique-moi ce qui pollue le plus ?"

"Une vigne sans phyto ?"

Jean-Pascal Pelagatti : "Une vigne sans phyto c’est pas possible, il y a des traitements forcément. Même dans l’agriculture biologique, il y a des traitements du souffre, du cuivre, certaines purées d’ortie. Après qu’est-ce qui est le plus dangereux pour l’environnement ? Une petite dose de phytosanitaire ou des métaux lourds ?"

"Une tenue, un masque, des lunettes : c’est qu’il y a un risque"

Yann Geshors : "Au lycée agricole où j’ai étudié, on nous expliquait qu’il fallait mettre une tenue, un masque et des lunettes pour appliquer ces produits c’est qu’il y a un risque !"

"Nous marchons sur la tête"

Thierry Antoine : "Nous marchons sur la tête : lors du dernier conseil d’Agglo, il a été voté la construction d’un poste de traitement des eaux, pour Montblanc, car les deux sources qui vont être utilisées sont au-dessus des normes en termes de taux de pesticides. C’est une alerte pour tout le monde."

"Cultiver du cannabis"

Thierry Antoine au sujet des possibilités offertes par la diversification des cultures, au regard des aléas climatiques : "Au-delà du chanvre, on pourrait poser aussi la question de la légalisation du cannabis. Ce qui serait une vraie ouverture pour les agriculteurs."

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