Au Mas-de-Mingue, une procession en l’honneur de Santa Cruz entre joie et ferveur

Au Mas-de-Mingue, une procession en l'honneur de Santa Cruz entre joie et ferveur

Dernière prière pour les fidèles à l’entrée du sanctuaire, à l’issue de la procession. C.S. – Midi Libre

Le 9 mai, comme chaque année lors du jeudi de l’Ascension, Santa Cruz a été honorée dans son sanctuaire, à Nîmes, lors d’une procession traditionnelle. En présence de milliers de personnes.

Dans la montée Monseigneur Lacaste, au cœur du Mas-de-Mingue, ce jeudi 9 mai à 13h30, six retraités essoufflés les uns derrière les autres, pressent le pas.

En ce jeudi de l’Ascension chaud, venteux et peut-être un peu trop ensoleillé pour eux, les conditions météorologiques n’allaient tout de même pas décourager ce groupe d’amis, au bas mot septuagénaires !

Comme ces pieds noirs – des Oranais pour la plupart, ainsi qu’une Algéroise – venus spécialement à Nîmes pour la journée, en navette, des Alpes-Maritimes, ils étaient autour de 3 000 participants réunis hier pour un pèlerinage convivial à Nîmes, à la croisée de la foi, de l’histoire et du souvenir. En hommage à Santa Cruz, la sainte vierge qui stoppa l’épidémie de choléra qui décima, en 1893, à Oran, autour de10 % de la population locale.

Honorer, comme en Algérie, la sainte protectrice

14 heures. Sous les pins, au milieu des stands de saucisses pimentées succulentes, de mouna délicieuse (cette brioche dense et sucrée aromatisée à la fleur d’oranger) et tant d’autres saveurs d’Oranie, Annie, 73 ans, et sa sÅ“ur Linda, 61 printemps, reprennent un peu des forces.

Au Mas-de-Mingue, une procession en l'honneur de Santa Cruz entre joie et ferveur

Pour cette belle journée à Nîmes, Annie et Linda, 73 et 61 ans, ont fait spécialement le déplacement depuis Romans-sur-Isère. C.S. – Midi Libre

Comme l’année dernière, les deux sÅ“urs souriantes ont fait spécialement le déplacement à Nîmes, en car, depuis Romans-sur-Isère, afin de participer à la procession.

"Pour nous, cette belle journée est l’occasion d’aller à la rencontre d’amis originaires d’Oran, retrouvés grâce à Facebook et disséminés aujourd’hui aux quatre coins du pays", explique Linda, fille et sÅ“ur de rapatriées.

Arrivée à Marseille en 1962 après un voyage “exténuant” (sic) au fond de la cale du paquebot Ville d’Oran –  "avec ma mère et une valise"  – précise-t-elle, Annie, 73 ans, la sÅ“ur aînée de Linda, avait 12 ans lorsqu’elle a connu l’exil.

"Ici, je viens honorer la sainte protectrice de “ma” ville. Celle que nous honorions en Algérie, chaque jeudi de l’Ascension, à l’occasion d’une belle et émouvante procession qui se clôturait toujours par un fabuleux pique-nique en famille", raconte à son tour la retraité paisible très émue.

Evoquer les souvenirs d’enfance et de jeunesse

À 14h30, la Statue de Santa Cruz a quitté son point de départ : le socle au sein de la grotte accolée à la chapelle du sanctuaire.

Entourée de fidèles, elle a alors parcouru sur les épaules de bénévoles, quelques centaines de mètres entrecoupés de temps de prière, sous la houlette de l’évêque de Nîmes Monseigneur Brouwet.

Ali Boualem, fils du «â€…Bachaga Boualem » est, lui, venu à la procession : "par amour et nostalgie de l’Algérie française" et, bien sûr, pour honorer la sainte protectrice d’Oran " l’un de ces symboles de la France chrétienne", insiste l’Arlésien.

Au Mas-de-Mingue, une procession en l'honneur de Santa Cruz entre joie et ferveur

Au milieu du cort̬ge en son honneur, Santa Cruz est juch̩e sur les ̩paules de b̩n̩voles. C.S. РMidi Libre

En retrait du cortège, Simone de Perpignan, 82 ans, embrasse chaleureusement une autre octogénaire. "Une ancienne camarade de classe, que je retrouve, ici, chaque année avec la plus grande joie", assure cette mère, grand-mère, et désormais pétillante arrière-grand-mère, ravie d’évoquer comme lors de chaque jeudi de l’Ascension, à Nîmes, quelques-uns de ses plus beaux souvenirs d’enfance restés “là-bas” .

À 15 heures, la procession s’est terminée par un temps de prière, la louange mariale, et, enfin, la très appréciée distribution des fleurs ornant le socle de Santa Cruz à ses fidèles.

Des fidèles de la sainte protectrice d’Oran qui ont chacun, à l’issue de cette journée riche en émotions et souvenirs, rejoint Lyon, Marseille, Perpignan, Romans-sur-Isère ou ailleurs, pour y reprendre tout simplement le cours de leur vie.
En attendant de se retrouver l’année prochaine entre pieds noirs, en famille ou entre amis, pour évoquer, à nouveau à Nîmes, ce temps révolu et ses souvenirs – intacts – de l'Algérie française, sa culture et son histoire. Des valeurs qu'ils estiment précieuses à transmettre, par devoir de mémoire, aux générations futures.

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