“C’est scandaleux” : l’opposition municipale biterroise monte au créneau pour défendre son droit à l’expression
|L’Appel, le nouveau “journal mural” de la Ville de Béziers. Midi Libre – Mélissa Alcoléa
Lundi 30 septembre 2024 au soir, à l’hôtel de Ville de Béziers, en conseil municipal, trois élus ont dénoncé l’absence d’espace dédié à l'expression de l'opposition municipale.
Pas moins de 79 dossiers à l’ordre du jour et c’est finalement un sujet en marge des délibérations, éminemment politique, qui a enflammé les débats, ce lundi soir.
Le conseil municipal de Béziers se réunissait en effet pour la première fois depuis la trêve estivale. Et c’est à l’occasion des cinq délibérations visant à remplacer Oscar Bonamy au sein des différentes structures dont il était membre (ce dernier ayant démissionné de l’ensemble de ses fonctions, tout en restant, sur le papier, conseiller de la majorité), que les discussions ont dérapé.
"C’est la démocratie"
"C’est peut-être l’occasion d’évoquer pourquoi on n’a pas respecté le droit à l’expression de l’opposition", a ainsi lancé l’élu EELV Thierry Antoine, dénonçant la disparition d’un lieu d’expression de l’opposition depuis la transformation du Journal de Béziers en Journal du Biterrois. "Béziers est la seule ville en France où l’opposition n’a aucun espace d’expression. Or, c’est la démocratie", enchaînait encore Thierry Antoine. Avant de demander clairement une solution pour mettre en place un espace d’expression des élus de la minorité (“journal mural”, site internet de la Ville)… "Non", répondait tout aussi clairement le maire Robert Ménard qui n’était pas à court d’arguments.
En substance : seuls les élus d’opposition de l’Agglo ont la possibilité de s’exprimer dans la tribune dédiée du JDB, qui est donc devenu le bulletin de communication de l’Agglo. "Une formule qui a fait économiser 300 000 € par an à chacune des deux collectivités", soulignait le premier magistrat. Or Thierry Antoine n’a pas été élu au conseil communautaire.
"On l'a vérifié"
L’Appel, le nouveau “journal mural” : "C’est une affiche murale, elle n’est pas soumise au droit d’expression de l’opposition, on l’a vérifié", enchaînait Robert Ménard. Quant au site internet de la Ville : "Il est exclusivement consacré à la diffusion d’informations concernant la gestion administrative, la programmation culturelle et les services publics offerts aux Biterrois. Il ne s’agit pas d’un support pour des prises de positions politiques", avançait le premier magistrat pour répondre également à Nicolas Cossange (PC) et Christophe Huc qui rejoignaient Thierry Antoine dans son propos. Tous rappelaient une décision du Conseil d’État précisant que les élus d’opposition doivent bien disposer d’un espace d’expression sur le site internet de la commune. "C’est scandaleux", estimait l’élu écologiste. Robert Ménard proposait, lui : "Il reste 22 espaces libres dans la ville, rien ne vous empêche de vous y exprimer, de faire preuve d’originalité".
Un droit de réponse dans le JDB ?
L’élu d’opposition Thierry Antoine (EELV) a signalé durant le conseil qu’il avait envoyé un droit de réponse au JDB puisqu’une allusion à ses interventions y était faite (sans toutefois qu’il y soit cité nommément…) "Si vous pensez que vous avez été diffamé, vous pouvez attaquer. Mais le droit de réponse, c’est autre chose", affirmait, sûr de lui, Robert Ménard. S’applique-t-il dans un bulletin municipal ? L’Association des maires de France diffuse en tous cas, elle, sur son site internet, la consigne selon laquelle les communes sont concernées par la règle du droit de réponse, s’appuyant notamment sur "une décision de la Cour d’Appel d’Angers du 26 juin 1996".
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