“Comment parvenait-elle à survivre dans des conditions pareilles?” : des lycéens millavois sur les traces de Suze, résistante déportée à RavensbrücK

"Comment parvenait-elle à survivre dans des conditions pareilles?" : des lycéens millavois sur les traces de Suze, résistante déportée à RavensbrücK

"Comment parvenait-elle à survivre dans des conditions pareilles?" : des lycéens millavois sur les traces de Suze, résistante déportée à RavensbrücK

Les lycéens et leurs deux professeurs, acteurs de la mémoire de la résistante millavoise Odette Noyrigat. MIDI LIBRE – F.MAYET

"Comment parvenait-elle à survivre dans des conditions pareilles?" : des lycéens millavois sur les traces de Suze, résistante déportée à RavensbrücK

"Comment parvenait-elle à survivre dans des conditions pareilles?" : des lycéens millavois sur les traces de Suze, résistante déportée à RavensbrücK

Odette Noyrigat, surnommée “Suze” est décédée le 7 juin 2021 à l’âge de 101 ans. D.R

Le film documentaire réalisé par une trentaine d’élèves sur la Millavoise Odette Noyrigat vient d’être récompensé au concours national de la Résistance et de la Déportation.

L’histoire, lorsqu’elle est encore mémoire, prend corps avec des paroles de témoins. Comme Jacques Noyrigat, fils unique d’Odette Noyrigat, Millavoise engagée dans la résistance durant l’Occupation et déportée, en juin 1944, à 24ans, au camp de concentration de Ravensbrück en Allemagne. Un aller vers l’enfer dont elle est revenue au printemps 1945.

Presque 80 ans plus tard, trois ans après la disparition d’Odette, une trentaine de lycéens de Jeanne-d’Arc ont travaillé pour faire revivre cette mémoire en participant au concours national de la Résistance et de la Déportation. "Il y a d’abord eu un échange très chaleureux en septembre dernier entre les élèves et Jacques Noyrigat, le fils d’Odette", se souvient Philippe El-Hajj, professeur de HLP (humanité, littérature et philosophie), l’un des deux initiateurs du projet pédagogique avec Véronique Pradal, enseignante d’histoire géographie.

Devoir de mémoire

"Le parcours de Suze (le surnom d’Odette, Ndlr) a été un fil rouge pour nous toute l’année," résume Hugo. "Il y a des travaux à rendre, des actions, aussi, pour financer notre voyage à Ravensbrück." Ce camp de concentration vers lequel les jeunes Millavois sont allés en décembre dernier. Visite qui a fait suite à celles de Baden-Baden, Nuremberg et Berlin. "Nous voulions que l’histoire de Suze soit transmise à cette génération-là pour qu’elle puisse, ensuite, un jour la transmettre, la raconter à une autre génération" résume Véronique Pradal.

"On a étudié le concept de devoir de mémoire," déroule Nohayla. "Mais s’être penché sur une personne en particulier nous a fait comprendre plus de choses." Notamment sur la particularité du camp de concentration de Ravensbrück, réservé aux femmes. Odette, communiste résistante, avait été arrêtée à Béziers le 21juin 1944 après avoir fait dérailler un train. "Elle voulait libérer des juifs qui allaient être déportés" raconte Alex.

"Montrer que les femmes n’étaient pas que les petites mains dans la résistance"

Hugo évoque un projet "qui a été l’occasion de montrer que les femmes n’étaient pas que les petites mains de la résistance. Elles y étaient aussi actives que les hommes." Cyrielle regrette, dans le travail de recherche, "de ne pas avoir trouvé beaucoup d’éléments d’information sur Odette." Léa se souvient de ce qu’avait confié aux lycéens Jacques Noyrigat sur sa mère qui "ne voulait pas forcément avoir d’enfant après toutes les horreurs qu’elle avait vécu par crainte de nouvelles horreurs possibles."

Un film documentaire d’une dizaine de minutes

Projeté, ce jeudi 6 juin au cinéma de Millau (pour les élèves, enseignants et parents du lycée Jeanne-d’Arc), le film documentaire fait revivre, en images, paroles et musiques, la déportation d’Odette Noyrigat. Les images glaçantes où le vide est omniprésent ont été tournées par les lycéens en décembre dernier. On y voit les vestiges d’une souffrance collective qu’on peine à imaginer 80 ans plus tard. Ce camp situé au nord de Berlin a vu passer entre 1939 et 1945 au moins 132 000 femmes et enfants. Pas moins 90 000 y furent assassinés.

À Ravensbrück, si les dortoirs des déportées ont désormais disparu – n’en subsistent que les fondations – les lycéens millavois ont découvert…une prison. "Elle était réservée à celles qui se comportaient mal dans un camp qui était, déjà, une prison à ciel ouvert" insiste Philippe El-Hajj. Faustine témoigne d’une impression physique. "On a visité le camp sous la neige, dans le froid de décembre. Nous, nous portions des vêtements chauds mais les déportées… comment parvenaient-elles à survivre dans des conditions pareilles ?" Flore garde aussi l’image des maisons des officiers nazis, plantées sur les hauteurs du camp. "C’est très choquant d’imaginer qu’ils menaient leurs vies familiales alors que, si près d’eux, se passaient de telles horreurs."

Le conseil municipal avait voté, en juin 2023, la dénomination d’un rond-point Odette Noyrigat (résistante millavoise, 1920-2021). 

A lire le magazine édité par Midi Libre « 80 ans de la Libération du Languedoc » (100 pages, 6,90 €)

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