“Coup de communication”, “solution coup de poing” : le couvre-feu visant les mineurs à Béziers divise

"Coup de communication", "solution coup de poing" : le couvre-feu visant les mineurs à Béziers divise

A Béziers désormais, les mineurs de moins de 13 ans ne peuvent plus être seuls la nuit. MAXPPP

En Guadeloupe, le gouvernement instaure un couvre-feu pour les mineurs et lutter contre les violences alors qu'à Béziers, Robert Ménard en fait de même depuis ce lundi 22 mars.  Pour quelle efficacité ? Association, élus et policiers réagissent.

Parce que les jeunes seraient "de plus en plus violents", le maire de Béziers a remis sur l’établi, lundi 22 avril et dix ans après, son arrêté instaurant un couvre-feu pour les mineurs, lequel avait pourtant été retoqué par le Conseil d’État (lire ci dessous).

Robert Ménard, en voulant interdire la déambulation de mineurs de moins de 13 ans, après 23 h, dans certains quartiers de sa ville, jusqu’en septembre, est toujours prompt à rebondir sur les séquences gouvernementales. Il emboîte ainsi le pas Gérald Darmanin qui a annoncé le 17 avril la mise en place d’un couvre-feu à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) pendant deux mois, à partir de ce lundi 22 avril, afin de lutter contre "une délinquance qui est de plus en plus jeune, et de plus en plus armée" a justifié le ministre de l’Intérieur lors d’une conférence de presse.

Mais ces arrêtés auront-ils une quelconque efficacité pour lutter contre les récents drames qui ont impliqué des mineurs comme l’affaire Samara à Montpellier ou Shemseddine à Viry-Châtillon ?

"Il n'y a pas de solution unique"

"Il n’y a pas de solution unique, le couvre-feu c’est une solution coup de poing qui peut être adapté à certaines situations ou à des quartiers spécifiques" estime Frédéric Roig, président de l’association des maires de l’Hérault (AMF34).

"Ce qui est sûr c’est que nous sommes face à une dégradation du climat social, des gamins qui se font tabasser ou qui finissent au bout d’une corde, c’est impensable mais ça arrive".

Pour autant, le représentant des élus rappelle qu’il "n’y a pas que la sanction » et la nécessité « de la prévention et de la sensibilisation" dans les politiques de la Ville, évoquant aussi la suppression de l’ancienne police de proximité et "l’explosion" du nombre de familles monoparentales.

Jean-Michel Weiss, secrétaire général de la fédération autonome police municipale Gard Hérault, y voit des aspects positifs. Notamment en citant l’exemple de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) où l’arrêté saisonnier et estival, concernant les moins de 13 ans qui ne doivent pas sortir seuls après 23 h, aurait fait ses preuves.

"L'arrêté a permis d'éradiquer le phénomène"

"L’arrêté de couvre-feu a 20 ans à Cagnes-sur-Mer, il est appliqué, ça se sait et ça a permis d’éradiquer le phénomène des mineurs errants" indique celui qui est par ailleurs secrétaire national FAFPT police municipal. "Mais notre objectif c’est d’assurer la sécurité de ces mineurs et les protéger".

Les violences urbaines qui ont éclaté en juillet 2023 après la mort de Naël ont poussé des municipalités à prendre des arrêtés comme à Hem et Roubaix (Nord) ou Joinville-le-Pont (Val-de-Marne). Souvent ponctuels mais avec, très rarement voir jamais, des verbalisations des parents responsables. Y compris à Cagnes-sur-Mer.

Car leur application nécessite non seulement la présence de policiers – municipaux ou nationaux – ou gendarmes mais aussi de rédiger un procès-verbal "ce qui prend du temps et complique l’application" relève Jean-Michel Weiss. Alors, simple effet d’annonce ?

"Il n'y a pas de situation particulière à Béziers concernant les mineurs"

Pour la Ligue des droits de l’Homme qui entend combattre chaque arrêté en général et à Béziers en particulier, le couvre-feu de Robert Ménard, n’est que "de la communication. Il n’y a pas de situation particulière à Béziers concernant les mineurs" dénonce Sophie Mazas, présidente de la fédération de l’Hérault.

Le maire estime le contraire, citant, pour justifier son arrêté, les violences urbaines impliquant des adolescents ou encore "l’augmentation de la délinquance des mineurs" en évoquant "les chiffres de la Chancellerie".

Or d’une part, les mineurs auteurs de délits sont de fait sanctionnables par le Code pénal, d’autre part, les chiffres du Ministère de l’Intérieur, donnent, eux, une tendance stable des condamnations et des incarcérations depuis 2017 pour ceux qui ne sont pas encore majeurs.

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