Des fouilles archéologiques révèlent des tombes et des bûchers romains en bordure de la rue de Beaucaire à Nîmes

Des fouilles archéologiques révèlent des tombes et des bûchers romains en bordure de la rue de Beaucaire à Nîmes

Julie Grimaud montre une belle découverte : une urne funéraire en verre conservée intacte dans une amphore. Midi Libre – Mickaël ANISSET

Des fouilles archéologiques révèlent des tombes et des bûchers romains en bordure de la rue de Beaucaire à Nîmes

Des vases en pâte de verre retrouvés intacts dans les tombe. Midi Libre – Mickaël ANISSET

Les fouilles ont aussi mis au jour une deuxième voie qui, comme la Voie Domitienne, remonte à la fin des II avant J.-C. Une découverte plus rare.

C’est une improbable parcelle de 1 500 mètres carrés, coincée entre immeubles et station essence, dissimulée par une modeste palissade de tôle. Mais sous nos pieds, elle recèle des trésors archéologiques qui datent de plus de 2000 ans et racontent un nouveau pan de la riche histoire gallo-romaine de Nîmes.

Des fouilles archéologiques révèlent des tombes et des bûchers romains en bordure de la rue de Beaucaire à Nîmes

Sur ce terrain de 1500 m2, des nombreuses tombes et une nouvelle voie mises au jour. Midi Libre – Mickaël ANISSET

C’est le chantier d’un immeuble d’Habitat du Gard qui prévoit là une résidence de trente appartements (livré fin 2025) qui a permis de déclencher "ces fouilles préventives", explique Jean-Yves Breuil, le directeur adjoint scientifique et technique de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). "On est ici dans une zone sensible, en bordure de la Via Domitia, qui reliait l'Italie à l'Espagne, où l’Inrap a déjà fait d’autres fouilles".

Des fouilles archéologiques révèlent des tombes et des bûchers romains en bordure de la rue de Beaucaire à Nîmes

Une petite lampe à huile en bronze. Midi Libre – Mickaël ANISSET

Une voie de 15 mètres de large

Commencé en janvier, le chantier de fouilles qui s’achèvera le 14 juin et mobilise huit archéologues, a permis de mettre au jour des monuments funéraires, des bûchers et des tombes mais surtout une autre importante voie de circulation à proximité de la Voie Domitienne qui débouchait sous la porte Auguste, l’actuelle rue de Beaucaire donc.

Des fouilles archéologiques révèlent des tombes et des bûchers romains en bordure de la rue de Beaucaire à Nîmes

Jean-Yves Breuil, directeur adjoint scientifique et technique de l’Inrap : “Ce chantier alimente nos connaissances sur les pratiques funéraires”. Midi Libre – Mickaël ANISSET

Bientôt une résidence de trente logements d’Habitat du Gard

A l'issue des fouilles, le bailleur social Habitat du Gard construira au 45 rue de Beaucaire une résidence de trente appartements, tous accessibles aux personnes handicapées  et visant l'obtention du label Haute performance environnementale. La résidence comprendra sept T2, onze T3, dix  et deux T5 (avec des loyers de 370€ à 700€). Coût prévisionnel du programme : 5,85 M€ (subventions du Gard, de l'Anru, de Nîmes Métropole et de la Région Occitanie). Livraison fin 2025 après 14 mois de travaux.

"Une nouvelle voie de quinze mètres de large qui atteste de la romanisation de la Narbonnaise", précise Jean-Yves Breuil, dont on observe sur le site les trois phases de construction (avec remblais et réempierrage à chaque fois) que les tessons de céramique permettent de dater dès la fin du IIe siècle avant J.-C. "Les pierres gardent encore les traces d’ornières et les traces du passage des charrettes", montre-t-il. "On estime que cette voie a été abandonnée dans la seconde moitié du IIe siècle de notre ère". Où allait-elle ? Comment s’articulait-elle avec la Voie Domitienne ? De nombreuses questions sont encore à explorer.

Inhumations et crémations

Dans l’Antiquité, les morts étaient enterrés à l’extérieur des murs de la cité, le long des axes de circulation, "jusqu’à deux kilomètres de la porte Auguste", précise l’archéologue Marie Rochette. "De nombreux enclos funéraires ont été découverts aux abords des deux voies, datant du IIe siècle avant J.-C. au IIe siècle après J.-C. qui souligne la vocation funéraire du secteur péri-urbain et l’attractivité de ces axes de circulation. Et alimente notre connaissance des pratiques".

Journée portes ouvertes le 13 avril

Les scolaires du quartier sont déjà venus découvrir ce chantier de fouilles qui sera ouvert au grand public avec des visites guidées samedi 13 avril, de 10 h à 12 h puis de 14 h à 16 h 30. Les objets retrouvés mais aussi des fragments de céramique qui permettent la datation seront présentés en vitrine et les archéologues expliqueront leurs découvertes sur le site.

Visite gratuite sur inscription toutes les demi-heures par groupe de quinze personnes. Informations pratiques et inscriptions sur https://urlz.fr/q2d9

Le site révèle ainsi une dizaine d’inhumations et beaucoup de crémations. "On a des bûchers maçonnés ou creusés dans le sol, révélés par la terre brûlée, des traces de charbon, des esquilles osseuses, des cendres". Et les résidus de crémation sont inhumés dans des tombes, "soit directement, soit dans une amphore", explique Julie Grimaud, archéologue qui, d’un geste précis et délicat, montre une amphore à l’intérieur de laquelle une urne de verre intacte contient ces restes.

Dans ces tombes, des offrandes ont aussi été retrouvées, petits vases en verre, lampes à huile en terre cuite ou bronze, coupelles… Qui seront étudiés pendant deux ans avant de rejoindre les dépôts de l’État. Émouvants témoignages de rites millénaires.

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