DOSSIER. “Il me vise, je lui dis : ‘Ne me tue pas !'” : Vincent, rescapé de la tuerie des Plantiers et témoin clé du procès

DOSSIER. "Il me vise, je lui dis : 'Ne me tue pas !'" : Vincent, rescapé de la tuerie des Plantiers et témoin clé du procès

Vincent, le témoin clé, sur les lieux du drame, à la scierie Teissonnière Des Plantiers Midi Libre – MICHAEL ESDOURRUBAILH

Valentin Marcone est jugé à partir de mercredi 24 janvier aux assises du Gard pour deux assassinats, de son patron et d'un collègue de travail, aux Plantiers, dans les cévennes gardoises, le 11 mai 2021. Ce jour là, le tueur a épargné un autre employé, Vincent. Il raconte.

"Franchement, je vais au procès parce que je suis le seul témoin et pour ne pas qu’il soit raconté n’importe quoi… Seulement la vérité."

Visage débonnaire, yeux rieurs, en jogging, Vincent s’exprime sans fard, sur le lieu même de la tuerie des Plantiers (Gard), dont le procès débute ce mercredi 24 janvier, à la cour d’assises du Gard. Il en est le témoin capital appelé à la barre pour déposer.

Le vingtenaire sera également assis sur le banc des parties civiles, celui des victimes : c’est le survivant de cette fusillade qui avait éclaté le 11 mai 2021 dans ce petit village d’une vallée cévenole, sans histoire, touristique l’été, et dont le nom renvoie désormais à ce terrible drame.

"C'est parti d'une histoire de bonjour"

Ce matin-là, Valentin Marcone, l’accusé, arrive sur son lieu de travail, à la scierie des Plantiers, où se trouve Luc Teissonnière, le patron, et deux employés, Martial Guérin et donc Vincent. Une altercation éclate rapidement.

"C’est parti d’une histoire de "bonjour"… Même si avant, il y aurait eu des histoires d’heures supplémentaires" évoque-t-il sans développer, ces points cruciaux de l’affaire devant être débattus devant les assises.

"Marcone c’était mon collègue "8 h – 17 h" comme on dit, en dehors, pas plus, je ne pouvais pas savoir ce qu’il pensait, ce qu’il ressentait" rapporte le témoin en grillant une cigarette. Il n’imaginait pas non plus que son collègue venait au travail armé et en gilet pare-balles…

"Une fois, je lui ai demandé ce qu’il avait sous la salopette et en souriant il m’a répondu, avec un petit air : "Quand tu le sauras, tu seras bon" relate Vincent.

Il poursuit en mimant les gestes de la scène, à l’endroit même où elle s’est déroulée, et dont les images l’empêchent encore aujourd’hui de dormir sans médicaments, quand il y pense.

"C’est la première fois que je le voyais péter les plombs comme ça"

"Ça s’est passé ici montre-t-il du doigt en balayant l’endroit du regard. Il était derrière avec son bidon, on lui dit que la moindre des choses le matin, c’est de dire bonjour, il dit : “ferme ta gueule”, c’est la première fois que je le voyais péter un plomb comme ça…".

La scène dure une dizaine de secondes selon ses souvenirs et il raconte comment l’accusé sort soudainement une arme.

"Il tire sur Luc, puis tue Martial le collègue… Il m’a visé et moi, c’est sorti tout seul : "Me tue pas !" j’ai lancé, il m’a dit : "non, non, toi, je ne te ferai rien"…

Alors que le tireur impassible part vers l’atelier et lui tourne le dos, Vincent s’enfuit et prévient les gendarmes dès qu’il le peut.

Aujourd’hui, il estime avoir résolu deux problématiques qui se sont posées juste après les faits. La mort et la culpabilité.

"La peur de mourir c'était au début, là, ça va, c'est passé"

"La peur de mourir, c’était au début, là, ça va, c’est passé… C’est comme au début je me disais, pourquoi eux et pas moi ? Je me posais cette question. Désormais, c’est évacué, comme pour me protéger m’a dit Fiona, la femme de Luc" analyse le témoin.

Cet ancien menuisier raconte aussi son patron regretté, ami de son père, qui l’avait embauché du jour au lendemain à la scierie.

"Comme patron, franchement, c’était un collègue, le soir après le travail je restais, parfois on buvait un coup, et on parlait de nos passions, ici, dans les petits villages, l’été tu pêches, l’hiver tu chasses, on parlait de ses chiens, j’en avais aussi" rapporte-t-il.

Vincent a pu retravailler à la scierie, désormais fermée depuis septembre. "Mais avec un collègue on aimerait racheter la scierie, parce que comme Luc, le bois c’est ma passion depuis tout petit."

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