EXCLUSIF. Législatives 2024 : après son retrait, Patricia Miralles l’affirme, “ce n’est pas à moi de dire pour qui voter”
|“Je n’ai pas de regrets”, Patricia Miralles reste fidèle au président de la République. Midi Libre – JEAN-MICHEL MART
La députée sortante (Ensemble) de la 1re circonscription, troisième après le premier tour, explique les raisons de son désistement, annoncé mardi 2 juillet au soir, et confie son inquiétude pour la suite.
Vous venez d’annoncer que vous ne prendriez pas part au second tour des législatives. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Je vais bien, je vous rassure. La politique, c’est dur quand on s’engage vraiment… Mais mon état d’esprit, comme celui de mon suppléant Philippe Sorez, est tout à fait clair depuis dimanche. Je suis ministre alors que je n’ai pas le bac et que je viens d’un quartier populaire. J’ai eu une chance inouïe. C’est sans doute plus difficile pour mes électeurs et mes militants. Beaucoup ne voulaient pas que je me désiste.
Moi, je suis contre les extrêmes
Pourquoi avoir attendu deux jours pour faire cette annonce ?
D’abord parce qu’il n’y avait pas d’urgence. La limite du dépôt des candidatures était fixée à ce mardi, 18 h. Ensuite parce que, face aux réactions violentes dont j’ai été la cible (lire ci-dessous), j’ai préféré prendre du recul. Enfin – et surtout – parce que je m’attendais à avoir une discussion avec le candidat arrivé second et avec le maire de Montpellier qui le soutient. Mais pas de coup de fil. Par cette attitude, on néglige les 13 000 personnes qui ont voté pour moi ! Je crois qu’à la mairie de Montpellier, on s’est trompé d’adversaire en faisant de moi la femme à abattre. Surtout lorsqu’on soutient une candidate LFI élue au premier tour…
Vous auriez souhaité une négociation avec Jean-Louis Roumégas ?
J’ai reçu un texto après l’annonce de mon désistement, j’aurais préféré une rencontre. Je ne sais pas quelles seront les décisions de Jean-Louis Roumégas demain, s’il devient député avec le soutien d’une coalition qui comporte La France Insoumise. Moi, je suis contre les extrêmes.
Le travail paie moins que les alliances
Le message diffusé sur vos réseaux sociaux ne comportait aucune consigne de vote…
J’ai 13 000 personnes qui m’ont soutenue, je ne sais pas pour qui elles iront voter dimanche. Et ce n’est pas à moi de le leur dire. Elles me connaissent, elles savent mes valeurs, elles ont entendu mon discours pendant la campagne. Je suis et je reste engagée aux côtés du président de la République. Quand on m’a dit en 2017 qu’il fallait y aller, j’y suis allée. En 2022, j’ai pu voir que le travail effectué en tant que députée avait payé. En 2024, malgré le contexte difficile, je ne me suis pas cachée. Mais aujourd’hui le travail ne paie plus. En tout cas moins que les alliances contre nature ou les vidéos sur TikTok. Je le regrette et je m’inquiète pour la suite.
Comment expliquez-vous les résultats du premier tour, sur la première circonscription ?
Je le répète, on vote aujourd’hui pour des étiquettes, et celle du Président a été abîmée. Quand je vois la mobilisation de mon suppléant sur des dossiers cruciaux comme l’eau, la mienne au soutien de mon territoire, aux côtés des habitants comme à Palavas quand il a fallu sauver des classes ou réclamer des renforts de sécurité… C’est dur.
Est-ce que vous regrettez la décision du Président de dissoudre l’assemblée ?
Ce serait trop facile. Moi je n’ai pas de regrets. Emmanuel Macron a pris une décision de président de la République, et je n’ai pas à rougir de ce que nous avons fait ensemble.
Continuer à servir mon pays, d'une manière ou d'une autre
Emmanuel Macron a-t-il joué un rôle dans votre désistement ?
Nous avons échangé depuis dimanche, mais il ne m’a rien demandé. C’est ma décision.
À quoi va ressembler la suite, pour vous ?
Je suis toujours secrétaire d’État. Je vais continuer à travailler et je serai dès demain en conseil des ministres. On bosse ! Et on va assurer ce rôle jusqu’à ce qu’un nouveau gouvernement soit constitué. Ensuite ? J’aurais trois mois d’indemnités devant moi, pas de mutuelle ni de sécurité sociale, pas de chômage… Il faudra que je trouve du travail. C’est normal, la politique c’est quelque chose à part et je ne regrette rien. Il va surtout falloir que je me pose pour savoir comment je peux continuer à servir mon pays, d’une manière ou d’une autre.
“Des choses graves se sont passées” : la candidate dénonce insultes et menaces
Dans le message publié sur le réseau X, Patricia Miralles indique avoir été victime d’insultes. "On m’a traitée de sale sioniste, on m’a dit que je puais la macronie, et bien pire…", détaille la candidate. Elle précise : "Des choses graves se sont passées. On a diffusé mon numéro de téléphone et mon e-mail personnel, sur lequel j’ai reçu plus de 5 000 messages d’inconnus. Mes proches ont été menacés sur les réseaux sociaux. Il faut que cela cesse. Sinon, personne ne voudra plus s’engager en politique."
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