Face aux difficultés de l’aide sociale à l’enfance, “on a l’impression d’être un peu lâchés par tout le monde”, déplore un avocat

Face aux difficultés de l’aide sociale à l’enfance, "on a l’impression d’être un peu lâchés par tout le monde", déplore un avocat

Face aux difficultés de l’aide sociale à l’enfance, "on a l’impression d’être un peu lâchés par tout le monde", déplore un avocat

Aurélien Robert, avocat à Montpellier et président de l’association l’Avocat et l’enfant.

Avocat au barreau de Montpellier, Aurélien Robert préside l’association l’Avocat et l’enfant. Cette dernière regroupe des avocats spécialisés en droit des mineurs et les accompagne dans la défense de leurs intérêts mais travaille également à des actions de prévention en intervenant notamment dans les établissements scolaires. Les Rencontres d'Occitanie, organisées ce jeudi 16 mai au siège de Midi Libre ouvriront le débat.

En 2019, un rapport de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) mettait en avant l’allongement des délais d’exécution des décisions de justice en matière de protection de l’enfance. Le constatez-vous sur le terrain ?

Oui, complètement. Le manque de places d’accueil d’urgence est un vrai problème. On en trouve encore fort heureusement dans les cas de maltraitances graves et avérées. Pour les autres, c’est plus compliqué. À cause du manque de moyens humains, de moyens financiers, des enfants restent dans leurs familles malgré la décision de la justice de les placer.

À quelle situation cet état de fait peut-il mener ?

Parfois la situation s’envenime et les jeunes sont alors éloignés de leurs familles avec des mesures relais, ce qui veut dire qu’ils passent de foyer en foyer sans solution pérenne. Il arrive aussi que les relations avec les parents s’améliorent et qu’il n’y ait plus besoin de placer les enfants.

Des Rencontres d’Occitanie pour en parler

Le drame des enfants placés reste d’actualité. Après le suicide de l’un d’eux dans le Puy-de-Dôme, une commission d’enquête parlementaire se penche sur le sort de ces enfants placés sous la responsabilité de l’aide sociale à l’enfance. Elle devrait rendre ses conclusions courant octobre.

Ce jeudi 16 mai, à partir de 18 heures au siège de Midi Libre à Saint-Jean-de-Védas, le nouveau rendez-vous des rencontres d’Occitanie portera sur la problématique de leur prise en charge et de leur suivi.

Sont invités : Claire Hédon, défenseure des Droits ; Véronique Calueba, vice-présidente du Département de l’Hérault déléguée aux solidarités enfance et famille ; Aurélien Robert, avocat et président de l’association l’Avocat et l’Enfant ; l’adjudante Léa Milheau, adjointe à la commandante de l’unité Maison de protection des familles et Sylvain Louvet, journaliste.

Ce manque de moyens dont vous parliez prive aussi les enfants de mesures existantes qui ont fait leurs preuves, comme l’accompagnement personnalisé…

C’est bien simple, à Montpellier il n’y a pas de places. Pourtant, avec ce service d’accompagnement personnalisé, les enfants restent au domicile familial et ne le quittent qu’une à deux nuits par semaine pour souffler un peu. Ici, on ne peut pas en bénéficier et c’est le cas un peu partout en France. On a l’impression d’être un peu lâchés par tout le monde.

A lire aussi : DOSSIER. 40 % des SDF de moins de 25 ans sont d’anciens enfants placés : l’aide sociale à l’enfance, un système "à bout de souffle"

Quel est le profil des mineurs placés ou devant l’être que vous croisez ?

Ils sont de tous les âges mais il faut malheureusement reconnaître qu’ils sont principalement issus de catégories sociales défavorisées, leurs parents sont le plus souvent en difficulté sociale.

Enfants et parents parviennent-ils à maintenir le lien quand des mesures de placement sont prises ?

Là aussi, c’est compliqué en raison du manque de moyens. On n’arrive pas à faire respecter les droits de visite médiatisés faute de places. Pour accompagner chacune de ces rencontres enfants/ parents, il faut un psychologue et un éducateur. À Perpignan dernièrement, on a proposé à un de mes clients d’être accompagné par deux éducateurs…

Là aussi, les délais s’allongent…

Oui et les parents ne comprennent pas. La justice leur a dit qu’ils avaient le droit de voir leurs enfants mais ils ne peuvent pas faute de places. Il faut parfois attendre quatre à six mois pour que le droit de visite se mette en place…

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