HISTOIRE. De 2 000 à 16 000 hectares…. Comment l’Aigoual est devenue forêt d’exception en quelques décennies

HISTOIRE. De 2 000 à 16 000 hectares…. Comment l’Aigoual est devenue forêt d’exception en quelques décennies

L’Observatoire de l’Aigoual, construit au moment du reboisement, veille sur la forêt du massif. Midi Libre – MiKAEL ANISSET

L’Estival de l’Aigoual, festival familial qui s’achève ce dimanche 4 août, rappelle que ce poumon vert de la région, a été façonné par l’homme.

Avec ses 16 000 hectares, c’est la plus grande forêt de la région, la quatrième domaniale de France. L’Aigoual est un véritable poumon vert, perché jusqu’à 1565 mètres, entre Gard et Lozère. Et pourtant…

Le festival L’Estival de l’Aigoual, rendez-vous familial qui s’achève ce dimanche avec une série de conférences, expositions, ateliers, spectacles – et même un marché gastronomique – rappelle qu’il y a à peine 150 ans, la forêt ne couvrait plus que… 2 200 hectares. Parmi les rendez-vous du jour, la projection (en continu) du film de Marc Khanne “Aigoual la forêt retrouvée” ou le spectacle “Léa dit tout” à 11 h sur le reboisement du massif, revient sur cette histoire d’abord dramatique.

Une montagne dénudée

À partir du XVIIIe siècle en effet, les forêts furent surexploitées pour satisfaire les besoins en chauffage, en charbon et, en Cévennes, l’essor des industries de verrerie, forges, soierie… L’économie reposait alors sur la châtaigneraie, la sériciculture (élevage du ver à soie) et le pâturage transhumant. "Avec la disparition progressive des deux premières activités, la pression du pâturage s’accentua sur la végétation et les sols. En 1850, il ne restait plus que 2 200 ha de bois", rembobine-t-on à l’Office national des forêts (ONF).

L’Aigoual était devenu une montagne dénudée. Et, le 4 octobre 1861, trois jours de précipitations torrentielles – que l’on n’appelait pas encore épisode cévenol – sur ses cimes ont fondu dans la vallée, des masses d’eau et de pierres qui ont ravagé les routes, les prairies et les usines. La plus dramatique des crues de l’époque, que les habitants ont cru revivre sept ans plus tard avec de nouvelles inondations venues des hauteurs.

68 millions d’arbres

C’est alors qu’a été entreprise la première grande opération de reforestation antiérosive en France. Autrement dit, la constitution d’une forêt de protection sur ces sols érodés, appuyées par les premières bases scientifiques de la phytosociologie et de la pédologie. Ce, grâce à une loi dite de reboisement permettant des expropriations, si nécessaire, pour permettre à l’État d’acquérir les parcelles et d’effectuer des plantations.

C’est l’ingénieur forestier Georges Fabre qui sera l’artisan principal de ce travail. Si son objectif premier est de repeupler l’Aigoual avec ses essences primitives, il changera vite ses plans au contact du botaniste Charles Flahaut, qui le convainc d’importer de nombreux types d’arbres venus des quatre coins du monde. "Ces méthodes de reboisement ont permis de reconquérir le massif, en semant 38 tonnes de graines et en plantant 68 millions d’arbres essentiellement résineux, et surtout du Pin à crochets, entre 1860 et 1914", indique-t-on à l’ONF. En complément des essences européennes, un réseau de sept arboretums a été implanté sur le massif afin de conduire des expérimentations sylvicoles sur des essences exotiques.

Un taux de boisement de 75 %

Cent cinquante ans plus tard, le taux de boisement est passé de 25 à 75 %, soit 16 000 hectares de forêt. Un poumon vert qui joue le rôle de puits de carbone mais abrite aussi une biodiversité remarquable sur laquelle veillent agents de l’ONF et du Parc national des Cévennes. Loin d’être un sanctuaire, la forêt permet aussi aujourd’hui une activité économique, que ce soit par la transformation du bois (résineux et hêtraies) ou le tourisme, important en été.

Une belle histoire qu’il faut lier à l’Observatoire météorologique de l’Aigoual, dont la construction a débuté avec le reboisement, et qui est devenu, 130 ans après son ouverture, un Climatographe dédié au changement climatique. Tout un symbole.

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