Imam de Bagnols-sur-Cèze : “inadmissible, pas clair…” les réactions de la classe politique du Gard rhodanien
|Mahjoub Mahjoubi est l’imam de la mosquée At-Tawba à Bagnols-sur-Cèze. C.B.
La classe politique du Gard rhodanien réagit à l'affaire de l'imam de Bagnols-sur-Cèze, entre condamnation et interrogations.
Jean-Yves Chapelet (maire de Bagnols-sur-Cèze) : "le temps de la Justice et de l'enquête"
Mardi 20 février, dans la matinée, le maire de Bagnols-sur-Cèze Jean-Yves Chapelet est allé sur le terrain, dans les cafés, auprès de boulistes, sur des chantiers… pour écouter ses administrés, "sentir comment ça réagit" suite à l’affaire de l’imam Mahjoub Mahjoubi. Si désormais, "c’est le temps de la Justice et de l’enquête qui n’est pas le temps médiatique, Jean-Yves Chapelet répète que "les propos (de Mahjoub Mahjoubi) que j’ai entendus sont inadmissibles".
Pascale Bordes (députée RN du Gard) : "des propos inacceptables"
La députée de la 3e circonscription du Gard Pascale Bordes condamne ce qu'elle estime être "des propos inacceptables" de l'imam Mahjoub Mahjoubi. "Il se défausse de ses responsabilités en parlant du foot ! C'est grotesque". La députée "se pose des questions" quant "aux contrôles exercés sur cet imam, son titre de séjour a été renouvelé depuis 25 ans sans que personne ne trouve rien à dire. Il fait du mal à la République mais aussi à la communauté musulmane, dont les jeunes, qui sont extrêmement influençables".
Thierry Vincent (conseiller municipal d'opposition et communautaire) : "être très ferme dans la condamnation"
"Ce n'est pas par hasard que cela se produit à Bagnols-sur-Cèze. Il n'y a plus de cohésion, mais une juxtaposition de quartiers" estime le conseiller municipal d'opposition (Alliance citoyenne) de Bagnols-sur-Cèze et conseiller communautaire du Gard rhodanien Thierry Vincent, qui condamne les propos de Mahjoub Mahjoubi. "Il faut être très ferme sur la condamnation de ce genre de déviance".
Pierre Meurin (député RN du Gard) : "une pensée pour nos compatriotes musulmans"
Lundi 19 février, le député de la 4e circonscription du Gard, Pierre Meurin, est allé mettre un billet d'avion pour Tunis dans la boîte aux lettres de la mosquée At-Twaba de Bagnols. "Cela facilitera la tâche de monsieur Darmanin" explique-t-il. "J'ai une pensée pour nos compatriotes musulmans qui dans leur immense majorité aiment notre pays et ne se reconnaissent pas dans les propos si graves (de Mahjoub Mahjoubi)".
Jérôme Jackel (conseiller municipal d'opposition de Bagnols) : "Mahjoub Mahjoubi a toujours mis la République en avant"
Le conseiller municipal d'opposition bagnolais Jérôme Jackel souligne que Mahjoub Mahjoubi "a toujours mis la République en avant : il était là pour Charlie, là pour Samuel Paty et quand il y a eu les émeutes l'été dernier il a appelé au calme". Après avoir écouté le prêche mis en cause, l'élu bagnolais assure que "cela concernait la coupe d'Afrique des nations, il parle des drapeaux tricolores dans les stades de foot. Il n'y a pas de messages de haine de la part de l'imam."
Elian Cellier (secrétaire du parti communiste) : "c'est triste pour Bagnols"
Le chef de file des communistes du Gard rhodanien rappelle qu'il est "un laïc, il y a radicalisation des deux côtés. La vidéo, ce n'est pas clair". Avec cette affaire, le secrétaire du PC du Gard rhodanien déplore que "Bagnols fasse la Une nationale d'un côté négatif, c'est triste pour la ville".
Geneviève Sabathé (LFI) : "déçue par ses propos"
L’animatrice bagnolaise de la France insoumise, a côtoyé l’imam Mahjoub Mahjoubi notamment lors d’une table ronde, en 2018, qui portait sur "le regard des hommes sur les femmes. Il y avait là, un homme politique, un membre de la CGT, moi et d’autres… Il avait accepté de venir, d’autres imams n’avaient pas accepté" se souvient-elle. "Je pense qu’il y a eu un enchaînement des faits, que ses mots ont dépassé sa pensée. Je suis déçue par ses propos, on doit respecter la société dans laquelle on vit" estime-t-elle.
Christian Roux (Parti radical de gauche) : "à cheval sur la laïcité"
Le Bagnolais PRG (parti radical de gauche) Christian Roux rappelle que son parti est "à cheval sur le principe de la laïcité. La religion ne doit pas être au dessus de la République. Les propos de la vidéos sont indignes et graves.". L'ancien élu bagnolais regrette que "le vivre ensemble en prenne encore un coup à Bagnols, qui a besoin d'apaisement. Cela doit passer par la formation des jeunes à la laïcité".
Dialogue interreligieux : “Il faut être très prudent, laisser la Justice se faire”
Les représentants du collectif interreligieux du Gard rhodanien – qui préfèrent parler anonymement au nom de ce groupe en sommeil depuis le Covid –, rappellent que "lorsque Mahjoub Mahjoubi participait à nos rencontres, il avait un discours très positif, républicain. Il parlait de laïcité. Nous n’avons plus de réunion avec lui depuis plus d’un an".
Si un sentiment de "sidération" est évoqué, "à la fois par rapport à ce que Mahjoub Mahjoubi a dit et par l’ampleur politique que cela prend", le collectif souligne que "comprendre ce qu’il a voulu dire est très compliqué. Il faut être très prudent et laisser la Justice se faire. C’est peut-être une petite tempête dans un verre d’eau".
Le collectif, créé en 2012, a organisé au fil des années plusieurs rencontres où l’imam bagnolais était présent. "Il nous avait invités dans sa mosquée au moment des attentats en 2015" se souviennent-ils. Un membre du collectif parle d’un homme "très ouvert et cultivé, je le considérais jouant le jeu de la République. Il a pris ses distances avec nous pour des raisons de santé".
Le père Luc Mellet, curé de la paroisse de Bagnols-sur-Cèze, arrivé à en septembre 2022, s’est déclaré "ouvert à une rencontre de courtoisie citoyenne avec les communautés croyantes à travers un échange avec les trois autres responsables religieux de Bagnols" (protestant, catholique et musulman).
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