Infirmiers en colère : “Pour joindre les deux bouts, une collègue va désormais chaque été ramasser des poires “

Infirmiers en colère : "Pour joindre les deux bouts, une collègue va désormais chaque été ramasser des poires "

Financièrement exsangues pour certaines, les infirmières ont reçu une écoute bienveillante des automobilistes. C.R. – D.R.

Ce samedi 17 février, une trentaine d'infirmiers libéraux venus de l'Hérault et du Gard ont alerté pacifiquement les automobilistes. Sur le risque qu'ils estiment désormais bien réel de disparition de leur profession.

" Au début du Covid, on ne nous avait même pas fourni en gel hydroalcoolique… Pour me protéger du virus, j'ai donc dû en fabriquer moi-même, avec de la vodka et de l'aloevera !", se souvient excédée, Julie Clot.

À 46 ans, cette infirmière libérale à Nîmes se sent toujours déconsidérée par les autorités. Et c'est donc aux côtés d'une bonne trentaine de collègues, venus à la fois du Gard et de l'Hérault, que cette professionnelle passionnée par son métier, mais néanmoins épuisée, a donc participé ce samedi17 février à sa première opération tractage à l'entrée Nîmes-Ouest sur l'autoroute A9 à l'appel du collectif national "Infirmers libéraux en colère".

"Beaucoup réfléchissent à quitter le navire. Ca ne vaut plus le coût !"

"Crée en décembre 2022, ce collectif demande notamment de toute urgence la revalorisation de la tarification de nos actes. Des actes médicaux fixés à 3,15 euros qui n'ont pas été revalorisés depuis 2009 malgré une inflation qui a bondi, elle, de 20 % !!", dénonce Yannick Allilaire représentant local du collectif.

En présence du député RN Yoann Gillet, Dolorès Orlay-Moureau, ajointe au maire de Nîmes déléguée à la santé, ou encore Denis Lanoy, secrétaire de la section locale du PCF, ces infirmiers ont, équipés de leurs sifflets fluos bleus verts ou roses, interpellé les automobilistes en grande majorité attentifs, jusqu'aux alentours de 16 heures.

"La plupart ont déjà eu affaire à un infirmier ou ont un proche dans le milieu médical. Ils se montrent pour la plupart à l'écoute de nos revendications", salue Celine, en blouse blanche, elle aussi infirmière à Nîmes, venue tractée avec son mari.

"Aujourd'hui, beaucoup d'entre nous réfléchissent à quitter le navire, par épuisement, en plus du manque de considération. Alors que l'on aime notre travail, entre la multiplication et la diversification des tâches, le passage de l'âge de départ à la retraite à 67 ans, et la non-revalorisation financière de notre travail, ça ne vaut plus le coût ! ", regrette à son tour Marie-Jo infirmière dans l'Hérault à proximité de l'Etant de Thau.

"On veut privilégier à tout prix le maintien à domicile, car bien moins cher pour les finances de l'Etat que l'hospitalisation. Mais comment va-t-on faire lorsqu'il n'y aura plus d'infirmier libéral !? Qui viendra s'occuper des patients ?", s'interroge à son tour Dominique, devant la barrière de péage.

Et d'ajouter, amer : " Pour réussir à joindre les deux bouts, l'une de mes collègues ramasse maintenant les poires chaque été pour s'assurer un complément de salaire. En 2023, on en est là".

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