“J’ai adoré porter sa voix”, dans son premier téléfilm de fiction, Julie Gayet incarne Olympe de Gouges

"J’ai adoré porter sa voix", dans son premier téléfilm de fiction, Julie Gayet incarne Olympe de Gouges

Julie Gayet incarne Olympe de Gouge dans un film qu’elle a co-réalisé pour France Télévisions. – Cécile Mella / Moteur s’il vous plaît / France Télévision

Julie Gayet est de passage à Montpellier ce lundi 14 octobre. Dans l’après-midi, la comédienne présente une conférence à l’Université pour questionner l’égalité homme-femme dans le cinéma français. Le soir, elle accompagne son premier téléfilm de fiction, co-réalisé avec Mathieu Buisson : "Olympe, une femme dans la Révolution". Elle y incarne Olympe de Gouges, la dramaturge et femme politique française qui fut guillotinée en 1793.

Vous venez ce lundi à l’Université Paul Valéry pour présenter une conférence sur L’égalité femme-homme dans le cinéma français. Cela signifie bien que, pour l’instant, il n’y a pas d’égalité ?

(Rires). Ça serait intéressant de comprendre comment on est arrivé à l’égalité, mais malheureusement, on n’y est pas encore. Il y a des études qui ont été faites sur le sujet, donc on a un peu plus de recul. Il y a aussi un collectif qui s’est monté en 2017 qui s’appelle 50/50 et qui a œuvré pour la parité. Cette année-là, il avait commencé par faire signer des chartes aux grands festivals internationaux pour exiger des chiffres. Ça avait déjà été une prise de conscience des gens du cinéma. Puis il y a une étude, puis une réflexion pour inciter à ce qu’il y ait plus de femmes dans tous les postes. Et aujourd’hui, au niveau du CNC, il y a un bonus parité qui permet aux films éligibles d’obtenir 15 % en plus. Il y a aussi une bible qui permet de faire la liste de toutes les techniciennes sur tous les postes. 

Pour votre film, Olympe, une femme dans la Révolution, tourné en Occitanie et qui sera diffusé sur France Télévisions en 2025, vous avez instauré la parité. Ça veut dire que c’est possible ?

Exactement. Et dans tous les postes. Parce que maintenant, il y a des femmes machino ou electro, au son, à la perche. Sur les 435 personnes qui ont travaillé sur le film, il y avait 280 femmes. C’est même un peu plus que la parité. Mais ça demande une volonté et une attention particulière. Et cette parité amène un rapport plus équilibré dans une équipe.

Parlons plus précisément de ce téléfilm, co-réalisé avec Mathieu Buisson que vous allez présenter au cinéma Diagonal lundi soir. En réalisant un film sur Olympe de Gouges, vous comblez un vide ?

C’est la bonne expression. J’appelle ça aussi l’image manquante. Cette année, c’était la première année que les JO étaient paritaires. Et à la cérémonie d’ouverture, on a vu sortir de l’eau ces statues – qui sont des statues qui ne sont pas dans l’espace public, car seulement 3 % des rues ont des noms de femmes en France –, et la première, c’était celle d’Olympe de Gouges. C’est la seule femme qui a été guillotinée pour des raisons politiques. C’est aussi la seule qui a son buste à l’Assemblée nationale. Mais toutes ces femmes qui sont sorties de l’eau, on ne les étudiait pas au collège, au lycée. Mais ça a changé. Aujourd’hui, les lycéens étudient Olympe de Gouges au bac de français. Les professeurs d’histoire en parlent aux 4e.

On entend dans votre film un personnage dire à Olympe de Gouges, "tu veux faire la révolution, dans la révolution". Elle s’oppose ainsi à Robespierre. C’est une victime de la terreur ?

Oui. Avec Robespierre, elle partageait les mêmes valeurs, les mêmes idées. C’était une humaniste. Elle a parlé de caisse patriotique, elle faisait partie des amis des noirs, elle combattait pour l’égalité, pour les pauvres, les vieux qui étaient dans la rue en disant qu’il fallait faire des lieux de résidence. Mais Robespierre, sous couvert de sauver cette révolution, a considéré que les femmes ce n’était pas le sujet, alors qu’elles ont participé à cette révolution.

Votre film s’attarde sur les derniers jours d’Olympe de Gouges, tandis qu’elle est retenue prisonnière. Un choix qui ajoute de la tension et une nervosité.

C’est le côté plus fictionnel. On voulait aussi mettre de la fiction sur la sororité. C’est un nouveau mot qui est entré dans notre vocabulaire. Grâce aux groupes de femmes dans la prison, on voulait aussi raconter ça. C’est aussi une réflexion sur les Iraniennes, sur les Afghanes, aujourd’hui. C’est aussi raconter l’enfermement des femmes dans l’Histoire.

C’était une évidence pour vous d’incarner à l’écran cette féministe révolutionnaire ?

Pas du tout. C’est le fameux syndrome de l’imposteur. On a toujours l’impression qu’on n’est pas légitime. Je pensais prendre une actrice. C’est grâce à la direction de France Télévisions qui m’a dit, "mais on te voit parler de ce projet depuis des années, c’est toi Olympe". Et le fait d’avoir Mathieu Buisson comme coréalisateur, je me suis dit, "oui, c’est absurde, pourquoi je ne la joue pas moi". Et maintenant, j’aurais regretté de ne pas l’incarner. J’ai adoré porter sa voix.

Lundi 14 octobre. Conférence "L’égalité femme-homme dans le cinéma français". À 15 h. Auditorium Atrium, Université Paul-Valéry – Campus route de Mende, Montpellier. Projection avec débat d'"Olympe, une femme dans la Révolution". Cinéma Diagonal, 5, rue de Verdun, Montpellier. Tarif : 8 €. Je m’abonne pour lire la suite

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