“La Camargue peut être protégée si on le veut” : le PDG des Salins du Midi lance un cri d’alerte

"La Camargue peut être protégée si on le veut" : le PDG des Salins du Midi lance un cri d'alerte

Hubert François a acquis le Groupe Salins il y a dix ans. Il publie un Manifeste pour une Camargue vivante pour dire la nécessité de l'entretien des ouvrages de protection face à la montée de la mer.

Vous avez rédigé un Manifeste pour une Camargue vivante et invité le public à le signer. Pourquoi ?

La Camargue est une des plus grandes zones humides d’Europe, c’est un lieu de nichage de beaucoup d’espèces, un lieu de biodiversité très riche. Un endroit connu pour le tourisme également, nous-mêmes aux Salins du Midi à Aigues-Mortes accueillons 200 000 visiteurs par an. Mais comme je l’écris, ce sont les acteurs de l’agriculture et de l’élevage, de l’industrie et du tourisme, de la chasse et de la pêche, des services, des transports, tous ceux qui y produisent des richesses qui ont aussi façonné la Camargue. La nature est le produit d’une culture et aucun acteur économique ne peut admettre qu’elle soit aujourd’hui l’objet d’une politique de repli et de renoncement.

À quoi faites-vous allusion ?

Nous sommes face à un enjeu de protection vis-à-vis de la mer. Selon moi, et c’est l’alerte que je formule dans mon Manifeste, accepter la renaturation, c’est-à-dire l’abandon au nom du changement climatique, c’est condamner la Camargue vivante et économiquement productive à disparaître.

On assiste pourtant bel et bien à des remontées de sel dans les vignes, dues à la diminution du volume d’eau douce. C’est une réalité…

Le sel est une richesse et un atout pour la Camargue. Sa menace peut être circonscrite et régulée si on le souhaite. Le problème est qu’on a délaissé des ouvrages ! Il faut les entretenir régulièrement. Les Salins du Midi que je dirige depuis dix ans, gèrent 8 000 hectares à Aigues-Mortes, avec 90 étangs. Côté mer, nous avons une autorisation d’occupation temporaire de l’État, pour les 15 kilomètres de notre prise d’eau. Mais les 50 kilomètres qui ne dépendent pas nous ne sont plus entretenus comme il conviendrait pour se protéger. L’État a délégué son littoral à des intercommunalités, des syndicats mixtes qui ont la gestion de la protection contre les inondations. Une multiplicité de structures qui empêche d’avoir une vue globale. C’est notre métier de faire circuler l’eau et de gérer des niveaux de salinité, nous avons une expertise et nous souhaitons être partie prenante.

Vos installations suffisent à empêcher les remontées salines dans les sols ?

L’augmentation de la salinité provient des changements climatiques bien sûr mais aussi d’une mauvaise gestion des entrées marines. Quand la mer rentre, le sel étant plus lourd, il ne partira plus. On pourra toujours refaire circuler de l’eau douce, le sel déjà dans le sol va y rester. En revanche, si vous entretenez vos ouvrages, enrochements, martelières etc., vous êtes gagnant à long terme. Ces travaux ont un coût, pour nos 15 km c’est entre 500 000 € et 1 M€ par an, c’est moins cher de ne rien faire, c’est sûr, mais c’est une nécessité d’avenir. Se contenter de regarder la mer monter en disant que c’est une fatalité définitive ne me convient pas. La Camargue peut être protégée si on le veut.

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