La Feria de Beaucaire en plein imbroglio malgré une affiche initialement séduisante

Jesus de la Calzada a déclaré forfait après avoir séduit Céret. Midi Libre – Stéphan Guin

Miguel Andrades a également renoncé après sa belle prestation de Céret. Midi Libre – Stéphan Guin

Deux novilladas toristes seront organisées les 27 et 28 juillet dans les arènes de Beaucaire avec deux superbes duels de ganaderias. Malheureusement, une situation de crise entre les organisateurs et les professionnels taurins sème le trouble.

Tout partait sous les meilleurs auspices pour la cuvée 2 024 à Beaucaire quand l’Association taurine beaucairoise (ATB) a annoncé qu’une seconde novillada serait organisée ce week-end pour sa traditionnelle Feria. Avec deux duels de ganaderias dans les arènes Paul Laurent qui séduiront l’aficion toriste avec les Marques de Albaserrada et les Isaias y Tulio Vasquez le samedi 27 juillet, puis les Dolores Aguirre et les Curé de Valverde le lendemain. Les tensions ont débuté quand les organisateurs ont décidé d’organiser "le mondial des cuadrillas" où un tirage au sort sera effectué des banderilleros et des picadors.

De la Calzada, Miguel Andrades et Hargous forfaits

Les associations de subalternes et de matadors de toros ont manifesté leur mécontentement, dès le mois de juin, en se fendant de communiqués et la pression s’est accentuée le week-end dernier avec le forfait de Clément Hargous et une nouvelle salve des subalternes français rappelant l’ATB au règlement français et "le droit des toreros de choisir librement leur cuadrilla et le devoir de l’organisateur à respecter la convention collective espagnole sur la grille de salaires et de cotisations sociales des novilleros et subalternes".

Concluant "que les picadors et banderilleros français initialement annoncés ne participeront pas aux deux spectacles en l’état".

Ce lundi, la situation s’est aggravée et deux des têtes d’affiche de la Feria, Miguel Andrades et Jesus de la Calzada, ont déclaré forfait à leur tour. Dans leur communiqué, ils reprennent les arguments des professionnels français et évoquent "différentes irrégularités dans le contrat signé avec la société de Thierry Cazaubon"poderosa SAS" mandaté par l’ATB" toujours sur le sujet du choix des cuadrillas, des rémunérations minimales et des cotisations sociales.

Cette situation est problématique et ne devrait pas se résoudre car chaque parti campe sur ses positions (à lire ci-dessous les précisions de Laurent Giner de l’ATB). Pourtant, cette Feria 2 024 était bien alléchante avec une seconde novillada et devait marquer la belle dynamique actuelle de la tauromachie après les "no hay billetes" à Maugio et Lunel qui ont confirmé les succès populaire d’Arles et Nîmes.

Samedi, un desafio (duel) de ganaderia d’origines Pedrajas est organisé avec les adieux comme mayoral de Marques Albaserrada du Nîmois Fabrice Torrito et le fer au passé glorieux d’Isaias y Tulio Vasquez. Ils seront combattus par Garcia Corbacho et Kevin Alcolado, et, donc, un remplaçant à définir de Jesus de la Calzada.

Le lendemain, les braves d’encaste Conde de la Corte de Dolores Aguirre et Curé de Valverde seront combattus par Joao D’Alva, Uceda Vargas, qui remplacera Clement Argous, et un substitut de Miguel Andrades à déterminer.

Tour de table nécessaire pour l’avenir des novilladas

Cette nouvelle polémique, dont a le secret le mundillo taurin, est plus que regrettable et les opposants à la tauromachie vont surfer sur le sujet. Innover et faire bouger les lignes provoquent souvent une levée de boucliers bien qu’on puisse comprendre qu’un torero, qui se prépare pendant douze mois, ne puisse se priver, a minima, de son banderillero et de son picador de confiance.

Mais l’avenir des novilladas passe aussi par une évolution et un dialogue entre chaque partie car une novillada coûte actuellement autour de 50 000 euros dans une petite arène et les recettes au guichet ne suffisent pas pour équilibrer le budget. Elles doivent leur salut à la recherche de partenaires et au travail de bénévoles pour trouver des recettes supplémentaires avec les buvettes et la restauration.

Réservations à la bodega de l’Association Taurine Beaucairoise (ATB) du 25 au 27 juillet ou au 06 67 60 89 12. Tarifs de 25 à 50 euros.

La réaction de Laurent Giner de l’ATB

Représent de l’association taurine de Beaucaire (ATB), Laurent Giner est très remonté face à cette situation et justifie les choix de l’organisateur.

"Je veux bien reconnaître certaines erreurs, notamment en laissant choisir à chaque novillero un banderillero de confiance. Un picador et un banderillero perçoit; selon le convenio (minimum syndical) espagnol, 680 euros bruts soit 534 euros net dans une novillada d’une arène comme Beaucaire. Après la polémique à Villaseca de la Sagra, qui a connu le même problème que nous, un "convenio bonifié" à – 25 % s’est négocié avec l’ANOET (association des organisateurs) à 510 euros brut soit 400 euros net. En France, pour les intermittents de spectacle, le minimum est autour de 120 euros. Or ce "convenio" est espagnol et nous organisons en France. Rien ne prévoit dans le règlement taurin de l’UVTF de respecter ce convenio mis à part dans son préambule. Un article qui existait puis a disparu … et vient d’être réintégré ces derniers jours !"

Pour trouver un équilibre économique, Laurent Giner explique avoir trouvé une solution pour maintenir leur rémunération nette en donnant des frais de déplacement depuis l'Espagne et en réduisant les cotisations sociales. "Un subalterne qui se produira à Beaucaire percevra 500 euros net soit à mi-chemin entre le "convenio bonifié" et celui le plus élevé. Ceux qui disent qu’on ne paie mentent. On rétribue juste différemment. Je comprends qu’ils défendent leurs intérêts pour les cotisations sociales. Mais, pour boucler le budget et organiser ces spectacles, la billeterie rapporte 25 000 euros et il manque 15 000 euros par novilladas. On recherche des partenaires et travaille avec les bénévoles en optimisant toutes les dépenses. Chacun doit faire des efforts. Pas uniquement l’association à but non lucratif qui organise. Je dirai après la Feria les échanges scandaleux qu’on a eus avec certains professionnels…"

Laurent Giner affirme que la Feria se déroulera normalement ce week-end. "On est attristé que les deux têtes d’affiche, De la Calzada et Andrades, déclarent forfait. On se pénalise mais on ne pouvait pas lâcher, sinon nous sommes morts à terme. D’ailleurs, on ne leur a pas demandé les indemnités que l’on aurait pu exiger après la signature des contrats au printemps dernier. La conclusion du remplacement de Clément Hargous par Uceda Vargas nous a donné du baume au cœur. Il était ravi de ses honoraires et de la prise en charge des frais alors qu’il pensait ne pas être payé. Les choses se résoudront car nous avons déjà deux cuadrillas engagées avec de bons professionnels issus de l’assocation Asprot et nous travaillons sur la substitution des deux novilleros forfaits. On a la passion et on arrivera à réaliser ce projet dans l’avenir" conclue l’organisateur.