LA VIE DE CHÂTEAU : à Lavérune, le château des Évêques, un patrimoine religieux et culturel

À l’origine, la bâtisse était un château féodal puis est devenue un édifice religieux. E.S.

La cour d’honneur de l’ancienne entrée. E.S.

Le château des Évêques, aussi appelé le château de Lavérune, était un édifice occupé par les Évêques de Montpellier au XVIIe et XVIIIe siècle.

" Ce que l’on voit aujourd’hui, à 98 %, c’est le résultat de leurs aménagements", explique le maire, Roger Caizergues. Ici, le maire fait référence aux six évêques qui se sont succédé au château de Lavérune, du XVIIe au XVIIIe siècle : Charles de Pradel, Joachim Colbert de Croissy, Georges Berger de Charancy, Renaud de Villeneuve, Robert de Durfort et François de Malide.
Avant leur passage, il faut remonter en 975, avec la première mention d’un château “Castrum de Lavérune”, liée au passage de la Voie Domitienne, qui traverse le village et le parc. De ce château en tant que tel "il ne reste rien du tout ", explique le maire. Plus tard, sur ces emplacements seront construits d’autres châteaux : "Ce que l’on voit tel quel, c’est le château lorsque les évêques en deviennent propriétaires, en 1692. Il y a déjà des bâtiments mais ils vont complètement les transformer", précise-t-il. Le plus connu d’entre eux, Joachim Colbert de Croissy, neveu du grand Colbert, ministre des finances de Louis XIV, occupera le château pendant 41 ans et réalisera de grands travaux.

Côté sud, la reproduction des jardins à la française de l’époque va se poursuivre jusqu’au vivier. E.S.

Colbert aménage le château

Monseigneur de Colbert est l’évêque ayant apporté le plus de transformations au château et au parc. Il mettra sa demeure et son jardin au goût de Versailles, à la mode de l’époque. Parmi les gros travaux, un étage supplémentaire est ajouté au château entre 1709 et 1711 et une chapelle ornée de marbre rouge, de carrare blanc et de bronze doré est édifiée entre 1709 et 1719. Mais les aménagements du parc ont été les plus importants : installation de bassins et aménagement du vivier où il était possible de circuler en gondole, comme à Versailles. Monseigneur de Colbert achève les travaux en 1720, après les avoir commencés en 1702. Il meurt près de 20 ans après, en 1738.

Le parc de 4 ha avait été façonné à la manière des “jardins à la française”. E.S.

Le vivier où il était possible de circuler à gondole. E.S.

Les changements à la Révolution

Jusqu’à la Révolution, les évêques occuperont le château et en 1792 le dernier évêque Monseigneur François de Malide quitte la bâtisse. Le château est alors vendu comme bien public et acheté par un négociant, Louis Brunet, qui y apportera peu de transformations. Des siècles plus tard, en 1972, la commune de Lavérune rachète le château et le parc : "Peu de communes achètent un parc et un château à cette époque-là. Castries et Jacou achèteront aussi leurs propres châteaux. Lavérune est une des premières à l’avoir fait", raconte Roger Caizergues.

Un lieu de culture

"La question de ce qu’on allait faire de ce château s’est posée et on a décidé d’en faire un lieu de culture mais dans un sens large", détaille le maire. Au sein du château, des expositions, des concerts et des manifestations sont organisés afin de faire vivre la bâtisse, "ce monument explique Ã  la fois nos racines mais c’est aussi un lieu de vie ". Dans la bâtisse, une fois la grande porte rouge poussée, celle de gauche, car la droite étant un trompe-l’Å“il demandé par les évêques afin de donner l’impression d’une entrée plus grande, donne directement à voir le grand escalier, habillé du portrait des cinq évêques ayant occupé la bâtisse (le sixième, Colbert, est exposé au musée Fabre, à Montpellier).

Les Évêques ayant habité le château. Le portrait de Colbert est quant à lui exposé au musée Fabre, à Montpellier. E.S.

Sur la droite, une porte, celle du salon de musique, classé aux monuments historiques. Une pièce ornée de gypseries d’époque, seulement entretenues et quelque peu réhabilitées à l’identique. Le lustre et les chandeliers ont été recopiés Ã  la manière de l’époque. Aujourd’hui, cette pièce accueille des manifestations musicales. Du côté du village, près de l’Église, se trouve la vieille porte qui était à l’origine, la porte d’entrée principale du château, elle aussi est classée aux monuments historiques. Aujourd’hui, certains objets et lieux d’époque ont été conservés pour garder une empreinte du passé.

Le salon de musique est classé monument historique. E.S.

À l’origine, l’entrée du château se faisait par la vieille porte, elle aussi classée monument historique. E.S.

Le musée Hofer-Bury

Au sein du château se trouve le musée Hofer-Bury. Plusieurs salles (anciennement des salons et chambres à l’époque des Évêques) sont désormais consacrées à l’exposition de ses œuvres. Roland Hofer-Bury était un amateur d’art qui a fait don de ses œuvres à la commune. Sa collection est composée de peintures et de sculptures contemporaines. Deux fois par an, le musée renouvelle les collections de l’artiste afin de faire découvrir l’ensemble de ses œuvres. Une des six salles de l’étage est dédiée à Wang Wei-Xin, un peintre chinois. Dans son testament, Hofer-Bury avait demandé qu’un espace soit réservé aux collections de Wei-Xin. C’est chose faite, depuis 1992, une centaine de ses tableaux est présente en permanence au musée, dans le château des Évêques.
Le musée est ouvert le samedi et dimanche, de 15 h à 18 h, en accès libre.

Une des salles du musée Hofer-Bury, anciennement salons et chambres. E.S.

Au sein de l’édifice…

Le château n’est pas seulement un édifice patrimonial, il est aussi un lieu de vie. Une médiathèque est installée dans ce qui était l’ancienne cuisine, salon et chapelle de la demeure. Certains objets d’époque ont été conservés dans les pièces. Le parc du château est en libre accès toute la journée pour venir se mettre au frais, se promener ou faire du sport. Une aire de jeu pour les enfants se situe derrière le château, côté terrasse. Des salles polyvalentes accueillent également des manifestations et un espace où les personnes âgées peuvent se retrouver a été pensé.

Je m’abonne pour lire la suite