« Le corps et le cerveau tiraient », la skieuse ariégeoise Perinne Laffont de retour après une pause d’un an

La championne olympique 2018 de ski de bosses Perrine Laffont revient à la compétition cet hiver, après une saison blanche pour ménager "corps et cerveau qui tiraient", une "décision assez tardive", explique-t-elle.

Comment s’est construite votre décision ?

La décision a été assez tardive. Au mois de mai, quand en principe on reprend l’entraînement, j’avais encore des petits coups de fatigue. Mais j’avais besoin de faire du sport. Avec mon entraîneur, mon préparateur physique, on s’est dit : “On ne se met pas de pression pour revenir et être prête en décembre. Juste, tu reprends l’entraînement, tu reviens avec le groupe, tu fais les semaines de préparation et on voit comment le corps encaisse.” Ça s’est fait petit à petit. Reprendre du sport, ça m’a redonné un peu de vitalité. Sur les skis, ça s’est super bien passé en stage à Tignes cet été. Ushuaïa (jusqu’à fin septembre) était un stage décisif : c’est là où on réattaque les runs complets, où on voit la forme physique et mentale aussi, à tenir sur trois semaines. Ça s’est très bien passé et donc, c’est très récemment qu’on s’est dit que tous les feux étaient au vert.

La tête dans le guidon

Que retenez-vous de votre année de pause ?

Ça a été une bonne année pour me comprendre. Ça faisait dix ans que j’étais dans une spirale, la tête dans le guidon, à ne jamais la relever. Il y avait toujours des nouveaux objectifs. Ce temps off m’a permis d’analyser tout ce qui s’était passé, de le digérer aussi, parce que j’avais le corps et le cerveau qui tiraient après ces dix années. Ça a été une nouvelle compréhension de mes besoins aussi : j’ai tout gagné dans mon sport, on s’est posé la question de ce qu’allait être la suite, qu’est-ce que j’allais vouloir faire après cette année. J’ai une vision un peu plus claire sur le futur, de ce dont j’ai envie et besoin. L’année est vite passée. J’ai l’impression que c’était hier que j’annonçais que je faisais une pause.

Il y a un an à la même période, vous expliquiez avoir besoin de fraîcheur. En avez-vous retrouvée ?

Je pense que oui. Les batteries étaient à zéro à la fin de l’hiver (précédent). Ce que j’ai réussi à créer, c’est le manque. Le manque de faire du sport, d’aller m’entraîner, d’aller en stage, d’aller au ski, de faire des bosses ; le manque de la compétition, de l’adrénaline. C’était aussi ce que je recherchais à travers cette année off : créer le manque. Si le manque ne revenait pas, ça voulait dire que c’était potentiellement fini. Mais là, petit à petit, le manque est revenu. C’est comme ça que je me suis nourrie ces derniers mois. Je n’aurais pas repris la compétition si je n’avais pas (ressenti) le manque.

2030 est dans un coin de ma tête

Dire stop, l’avez-vous envisagé ?

Il y a eu des grosses phases de fatigue. Est-ce que mon corps allait être capable de revenir ? On ne savait pas vraiment. Dans le sport de haut niveau, il faut être ouvert à toutes les possibilités. On ne savait pas si ma tête allait aller. Peut-être que le manque n’allait pas revenir ou qu’un projet allait arriver et que j’allais avoir envie de me lancer dedans…

Comment abordez-vous la saison à venir ?

Le circuit de Coupe du monde va être très dense cet hiver : quasiment une vingtaine de courses, avec beaucoup de déplacements, Chine, Kazakhstan, Géorgie… Je pense qu’on va la jouer très stratégique. Pour le moment, je ne peux pas dire plus parce que, très sincèrement, je n’en sais rien. Mais le gros point de la saison, ça sera les Championnats du monde en mars. J’ai vraiment envie d’y arriver en forme. Il va falloir monter crescendo. Je serai à l’ouverture de la Coupe du monde à Ruka, en Finlande. Et après, on verra au fur et à mesure.

Les JO 2026, c’est une évidence dans votre tête ?

Bien sûr. Et 2030 (dans les Alpes françaises, ndlr) dans un coin de la tête aussi. On fera déjà un point après 2026. Mais j’ai pu vivre les Jeux de Paris de l’intérieur cet été. C’était chouette. J’ai vécu des Jeux en Corée du Sud (2018), en Chine (2022), en Russie (2014), ce n’étaient pas les plus spectaculaires, si on peut dire. Des Jeux en France, je ne doute pas que ce sera grandiose. Ça donne envie.

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