Le préfet de Lozère est venu à l’étable pour parler des avancées des revendications des agriculteurs
|Le préfet autour d’une cinquantaine d’agriculteurs lozériens. MIDI LIBRE – MICHEL PIEYRE
Philippe Castanet a répondu favorablement, lundi 19 février 2024, à l'invitation des syndicats agricoles FDSEA 48 et JA 48, en se rendant au Gaec Privat, sur les hauteurs de Mende. L'occasion de faire part des retours concernant les revendications locales des agriculteurs.
Après les mouvements de colère des agriculteurs, commencé le mois dernier, Philippe Castanet, préfet de Lozère, a répondu à l'invitation de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA 48) et des Jeunes Agriculteurs de la Lozère (JA 48), en se rendant sur le Gaec Privat à Mende, pour rendre compte des premières remontées suite aux revendications émises.
C'est au milieu de l'étable des vaches limousines que le représentant de l'État les a détaillées, au milieu des meuglements des ruminants. En préambule, Hervé Boudon, président des JA 48, a prévenu : "Nous sommes à cinq jours de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris (…), cinq jours pour nous donner des réponses." "Vous me mettrez le goudron et les plumes si vous voulez, mais au moins vous ne repartirez pas d'ici en pensant que j'ai tenu un discours de langue de bois", lui a répondu Philippe Castanet. Une dizaine de sujets locaux a été évoquée (sur 75 revendications, NDLR). Extraits.
Les prairies sensibles
Le préfet a rappelé : "J'avais écrit trois fois au ministre de l'agriculture en 2023 pour l'alerter, qu'il fallait revoir le système, trop impactant pour les agriculteurs. J'en ai reparlé avec Marc Fesneau (ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire) il y a dix jours. Nous sommes deux départements à remonter la revendication, la Lozère (89 000 hectares) avec le Cantal (20 000 hectares). Vous ne voulez plus de BCAE9 (non-labour des prairies sensibles en zone Natura 2000, NDLR), je l'ai compris." Philippe Castanet a émis des hypothèses comme échanger des parcelles, un minimum de droit au labour, ou encore pouvoir retravailler les parcelles qui ont été infestées de rats taupiers. Il devait s'entretenir sur ces sujets plus tard dans la soirée avec le préfet de Région.
La prédation du loup
"Il y a un groupe national loup demain (mardi 20 février 2024). Il y aura au moins une mesure, j'ose l'espérer, à forte portée, qui marquera les esprits. Le loup, ce sont 50 départements concernés. Une des revendications, totalement administrative mais que je porte fortement, c'est que le département soit classé en en cercle 1. Il faut arrêter les découpages communaux subtils en fonction du nombre d'attaques." Rappelant que son devoir est d'être aux côtés des éleveurs qui veulent se protéger "et qu'ils aient les aides".
L'installation des nouvelles exploitations
Les prêts aidés ont été développés. "C'est malheureusement un sujet national mais il faut des installations de qualité et pas des personnes qui s'établissent sans pouvoir investir correctement", a noté le préfet. Localement, il était demandé l'abandon des contrats d'agriculture durable "qui ajoutent une contrainte aux jeunes agriculteurs. Nous l'évoquons de manière très claire", ont précisé les syndicats.
L'Office français de la biodiversité (OFB)
"J'aimerais qu'on creuse la question. Certains s'émeuvent de la façon dont les agents contrôlent. On annonce que je serai le futur patron de l'institution en Lozère (…). Nous allons coordonner les contrôles. Il faut que vous nous remontiez des expériences vécues." Insistant sur la volonté d'établir un planning de contrôle.
Les contrôles EGAlim
Le préfet est resté dubitatif sur le manque de dynamisme des contrôles EGAlim 2 (dispositifs de régulation et de transparence pour une meilleure rémunération des agriculteurs français) : "Je crois avoir compris. Les administrations avaient peur d'ouvrir une boîte de pandore. Mais les contrôles ont commencé, et c'est vraiment grâce à vous. Nous allons contrôler un premier acheteur d'animaux vivants." Insistant sur son impression que les grandes surfaces de Lozère semblaient plus "correctes" sur la transparence d'achat.
Les zones humides
Le préfet a suspendu la cartographie qui devait sortir, "un agriculteur pouvait se retrouver avec une interdiction massive de travailler ses terres". Insistant sur le fait que les services de l'État souhaitent travailler sur les zones humides "véritablement fragiles, dans chaque commune".
Les appels d’offres pour les cantines publiques
Le préfet soutient l'idée que les cantines communales puissent acheter aux producteurs voisins au-delà de 40 000 €, sur simples devis, sans procédures de marchés. "J'estime qu'il faut remonter le seuil à 100 000 €, comme dans le bâtiment."
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