Les paillotes sont de retour à Vendres malgré incertitudes et retards

Les paillotes sont de retour à Vendres malgré incertitudes et retards

Guillaume Gondard, l’un des gérants du Chichoulet Plage. Il ne comprend pas les arguments des écologistes. Midi Libre – Gaelle Liot

Les paillotes sont de retour à Vendres malgré incertitudes et retards

Les paillotes sont de retour à Vendres malgré incertitudes et retards

Hugues et Patricia, amateurs de “ce lieu convivial.” Midi Libre – Gaelle Liot

Les paillotes sont de retour à Vendres malgré incertitudes et retards

Les paillotes sont de retour à Vendres malgré incertitudes et retards

Les différentes Paillotes du cap-Agde à Vendres. Midi Libre – Antoine Llop

De Vendres au Cap-d’Agde, la saison des paillotes débute doucement sur les plages. Dans un contexte de fermeté de l’État, chaque commune doit défendre ses intérêts. Exemple à Vendres.

"On n’a aucune visibilité depuis deux ans, on sait qu’on est sur la sellette depuis 2022. On est encore en sursis pour la période 2023-2024", s’inquiète Guillaume Gondard, patron du Chichoulet Plage à Vendres.

Car les paillotes de cette commune sont dans le collimateur de France Nature Environnement. En janvier dernier, l’association a en effet demandé au juge administratif d’annuler une partie du renouvellement de la concession de plage de Vendres, au titre de la loi Littoral (lire ci-dessous). Depuis, la procédure judiciaire suit son cours, comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête… Même si le Conseil d’État ne devrait pas se prononcer avant plusieurs mois.

"Aucun impact écologique, au contraire"

Dans sa paillote en bord de mer, transats et tables installées, musique à peine audible, Guillaume Gondard ne comprend pas pourquoi : "Ma paillote en bois posée sur le sable n’a aucun impact écologique, bien au contraire. Les taxes de notre loyer (22 000 € au total de juin à octobre) qui reviennent à la mairie sont utilisées pour préserver le littoral et reconstruire les dunes".

Et d’ajouter : "On nous impose les mêmes règles que les paillotes de La Grande Motte, or nous n’avons pas du tout la même superficie d’établissement, ni le même impact sur l’environnement." Mais ce lot est inclus dans deux zonages du SRCE (Schéma régional de cohérence écologique) et dans une zone Natura 2 000. Il est surtout inscrit comme étant un Espace remarquable et caractéristique du littoral dans le Schéma de cohérence territorial (SCOT). Espaces remarquables où l’installation d’établissements est interdit.

Partie intégrante du tissu économique local, soutenu par les commerces et campings alentour, le professionnel ne comprend pas la persistance des écologistes à "vouloir leur disparition". "Le port de plaisance à proximité a bien plus d’impact écologique, assure son associé David Sérès. Le maire nous soutient beaucoup, nous avons une obligation de mettre à disposition du public client ou non des douches et des toilettes, ça évite des déchets dans la nature et permet une surveillance de la plage."

"Chez nous, tout est démontable"

Loin des clichés de la Côte d’Azur "où on ne peut plus passer entre les paillotes, chez nous tout est démontable, nous sommes présents sur la plage uniquement de juin à octobre", rappelle Guillaume Gondard.

Jean-Pierre Perez, le maire de Vendres, se dit “optimiste”

L’État peut concéder les plages naturelles aux communes selon une procédure réglementaire. Puis, les communes peuvent attribuer des lots à des exploitants privés via une délégation de service public. En 2022, date à laquelle la concession de Vendres devait être renouvelée, un régime dérogatoire a été mis en place… "On a obtenu une prorogation pour 2024", explique le maire de Vendres, Jean-Pierre Perez. Sauf que l’arrêté préfectoral a fait l’objet d’une requête au tribunal administratif. Injuste pour l’élu : "On a accepté de déclarer ces Espaces remarquables, on a tout fait pour préserver la biodiversité et on nous punit parce qu’on a réussi à conserver des plages naturelles." Sur les quatre concessions visées, seules deux sont encore exploitées, la Nomada ayant décidé de ne pas remonter.Jean-Pierre Perez, qui se veut "optimiste", travaille à l’élaboration d’un "Schéma d’aménagement des plages" dans le but d’obtenir une dérogation permanente.

"Il devrait y avoir plus de commerces comme celui-là"

Au fond de leur fauteuil en bord de mer, Patricia et Hughes arrivent de Saint-Chinian : "Nous devions passer régler des affaires sur Béziers, et nous en avons profité pour faire une halte à la paillote du Chichoulet plage. Il devrait y avoir plus de commerces comme celui-là, ça anime la plage et lui donne de l’attrait. J’adore la nature mais il n’y a pas beaucoup d’espace touristique et ce lieu est convivial." Depuis 30 ans dans la région et anciens habitants de la Côte d’Azur, ils se souviennent : "Quand nous sommes arrivés de Saint-Tropez, on a trouvé que le grand Biterrois Hérault avait 50 ans de retard…"

Dans ce contexte, les patrons du Chichoulet plage espèrent tout de même la stabilisation de leur activité. "L’ancienneté de notre paillote de plus de 30 ans pourra nous permettre de rester sur place", estiment-ils.

Laurence Antoine : “On se sent ciblé et on l’est réellement ”

Trésorière de l’association Plage Plus Occitanie, qui fédère les plagistes, et à la tête de L’Infini, au Cap-d’Agde, Laurence Antoine témoigne d’un climat "d’oppression" pour les professionnels. Avec des problèmes qui s’accumulent : "D’énormes retards, des recrutements compliqués. Je ne vois pas quelle profession, à part les agriculteurs, est autant impactée ? On se sent ciblé. Et on l’est réellement. On est dans un beau pays, avec de nombreux problèmes à résoudre. Une fois les plagistes disparus ou anéantis, est-ce que vraiment la situation s’améliorera ?", interroge-t-elle, cynique. Comme ses collègues agatghois, elle espère pouvoir ouvrir autour du 20 juin. "Je n’ai jamais vécu autant de difficultés en si peu de temps, détaille-t-elle encore.  Et malheureusement, je pense qu’il y a des gens qui ne pourront pas faire face. Mais peut-être que c’est le but à atteindre."

 Pour le moment, l’association ne dispose pas de données chiffrées à jour sur l’évolution du nombre de plagistes. Mais les complications juridiques liées au renouvellement des délégations de service public et les délais administratifs auront des conséquences. Tout comme les contraintes écologiques. "Le nombre de concessions se réduira de facto."

Cette année, sur le littoral Ouest Hérault, les communes d’Agde et Valras étaient dans cette situation de renouvellement des concessions. "Ce sera autour de Marseillan l’an prochain et ils sont déjà angoissés quant au devenir de leur entreprise…"
Laurence Antoine tient toutefois à se concentrer sur le terrain : "Le but est d’ouvrir dans les meilleures conditions. C’est un véritable métier. On offre des instants de bonheur, les gens nous attendent."

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