L’histoire du pain maudit de Pont-Saint-Esprit fascine toujours autant 73 ans après, “on appelait les malades les fadas !”

L’histoire du pain maudit de Pont-Saint-Esprit fascine toujours autant 73 ans après, "on appelait les malades les fadas !"

Jean-Pierre Colombet avait 10 ans au moment de l’affaire. Il a conservé des centaines de documents sur l’histoire du pain maudit. Arthur Joaquim – Midi Libre

L’histoire du pain maudit de Pont-Saint-Esprit fascine toujours autant 73 ans après, "on appelait les malades les fadas !"

Michèle Armunier est la fille du facteur Léon Armunier qui, frappé par le mal, devra porter une camisole de force. Arthur Joaquim – Midi Libre

l’essentiel En août 1951, la commune de Pont-Saint-Esprit est frappée par le "pain maudit". 300 personnes souffrent de symptômes étranges et cinq d’entre elles meurent de ce mal qui "rend fou". Depuis 73 ans, les théories fusent sur l’origine de ce "coup de folie" qui a marqué toute une génération de Spiripontains. Des visites guidées gratuites sur ce thème sont organisées le 23 juillet puis en août.

L’affaire du pain maudit de Pont-Saint-Esprit alimente encore tous les fantasmes. Soixante-treize ans après, des témoins essaient de comprendre comment ce "malheur" est arrivé.

Le 16 août 1951, Roch Briand vend son pain comme tous les jours. En quelques heures, les malades affluent par dizaines chez les trois médecins de Pont-Saint-Esprit. S’ensuivent des jours de "folie" et d’hallucinations visuelles pour quelque 300 personnes. Les médecins concluent que les crisent viennent du pain consommé le jour même à la boulangerie Briand. La folie est partout : "Les gens se jetaient par la fenêtre parce qu’ils se prenaient pour des avions" raconte Jean-Pierre Colombet, âgé de 10 ans au moment des faits. "Ils ont rapidement interdit la vente de pain dans toute la ville. On ne pouvait acheter que des biscottes !"

"On lui avait mis la camisole de force"

Le facteur de la ville, Léon Armunier, connaîtra le même sort trois jours plus tard. En terminant sa tournée le 19 août, il s’écroule et est transporté d’urgence à l’Hôpital. "Il y restera vingt jours. On lui avait mis la camisole de force. Il avait des hallucinations, se voyait rétrécir" relate sa fille, Michèle. Après sa sortie de l’hôpital, il restera trois mois dans une maison de repos et mettra plusieurs années à se remettre totalement de cet évènement. "Il avait des problèmes à une jambe après" précise-t-elle.

L’ergot de seigle mis en cause

Le boulanger est accusé de négligences, et ira même en prison pendant un moment. Le meunier, lui aussi, est emprisonné à son tour, le 1er septembre 1951, indiquait le journal La Marseillaise. Maurice Maillet avoue alors avoir incorporé du seigle acquis "hors du marché officiel" dans des sacs de farine.

Jean-Pierre Colombet rajoute : "Le sac était taché. Cela peut venir du wagon qui le transportait et qui contenait des produits chimiques." D’autres pensent à l’ergot de seigle, un champignon qui crée des hallucinations visuelles. Le 3 septembre 1951 pourtant, la police scientifique de Marseille confirme qu’il n’y a pas de trace d’ergot de seigle dans le pain. Le mystère s’assombrit et tout reste possible.

Une théorie selon laquelle la CIA serait impliquée

Quelques années après, une autre théorie voit le jour. La CIA aurait incorporé du LSD dans la farine du boulanger. Pour Jean-Pierre Colombet, l’implication des États-Unis dans cette affaire est possible : "Au même moment, le barrage de Donzère-Mondragon était en construction. C’est du matériel américain qui a été utilisé pour le construire. Il y avait aussi un terrain d’aviation américain à Avignon. En plus, le LSD a été créé à cette même période."

Pour Michèle Armunier, cette théorie ne tient pas. "Les effets du LSD ne durent pas huit jours. De toute façon on ne saura jamais. Personne n’a été indemnisé, l’État a en quelque sorte voulu étouffer l’affaire."

Ce "pain maudit" tuera cinq personnes : "Le corbillard, tiré par des chevaux, passait dans la ville" se rappelle Jean-Pierre Colombet. Au total, environ 300 personnes seront contaminées, et 50 internées en hôpital psychiatrique. "Quand les malades sont revenus, on les appelait les fadas !"

Le 23 juillet et le 6 août, à 20 h 30, des visites nocturnes gratuites avec Nathalie Schmitt sont organisées à Pont-Saint-Esprit, sur le thème du pain maudit et de la reconstruction de la ville. Départ devant le portail de l’Hôtel de Ville et arrivée devant l’office de tourisme – cazerne Pépin – boulevard Gambetta. Pour plus d’informations : 04 66 90 34 00. Visite commentée sur le pain maudit, à 9 h 30, le 15 août.

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