Mort d’Alain Delon : quand il jouait les séducteurs avec le retour de Casanova tourné à Montpellier

L’acteur lit le scénario de Jean-Claude Carrière dans le parc de la Maison Blanche Paul Pansanel

Du "Gitan" sur les quais de Palavas-les-Flots au "Retour de Casanova" dans le décor du château de La Mogère, Alain Delon a laissé son empreinte. À Montpellier, avec "Deux hommes dans la ville", il donne une dernière fois la réplique à Jean Gabin.

En septembre 1991, Alain Delon s’installe à Montpellier pour tourner Le Retour de Casanova. Il est producteur et premier rôle de ce film réalisé par Édouard Niermans. Deux châteaux montpelliérains, deux "Folies" du XVIIIe, sont utilisés comme décor : La Mogère et La Piscine. Fabrice Luchini joue le valet d’un Casanova vieillissant qui tente de séduire la nièce d’une ancienne conquête. La jeune chanteuse en vogue Elsa fait ses débuts au cinéma dans la robe d’une oie blanche.
Le tournage est confidentiel, verrouillé.

Au début des années 1990, Delon est encore une immense star. Il se garde d’apparaître en ville et a pris discrètement ses quartiers à la Maison Blanche, un hôtel de luxe éloigné du centre, où il accorde une longue interview à Midi Libre pour parler de Casanova et de sa carrière. "J’avais envie d’incarner la fin d’un homme qui est aussi la fin d’un mythe et de toute une époque", commente-t-il alors, sans savoir que ce film marquera pour lui aussi un début de déclin. Le retour de Casanova s’inspire d’une nouvelle d’Arthur Schnitzler adaptée par l’incontournable Jean-Claude Carrière.

Le film fait un bide

Delon explique avoir choisi le château de La Mogère parce qu’il lui rappelle les villas de Toscane. Il confie aussi aimer la lumière et surtout les pins de la région. "Des pins que l’on ne trouve nulle part ailleurs en France et que je connaissais pour les avoir vus sur un tableau de Corot que j’ai possédé pendant un temps" raconte ce collectionneur de peinture. Delon n’était pas qu’un amateur de combats de boxe !
À l’écran, l’abonné aux polars souhaitait aussi "casser" son image. Il venait de se risquer chez Jean-Luc Godard (Nouvelle Vague) après avoir joué pour Bertrand Blier (Notre Histoire) et interprété un étonnant baron de Charlus dans Un amour de Swann de Volker Schlöndorff.

Delon entend poursuivre ce changement avec ce Casanova, séducteur sur le retour. Mais le film fera un bide lors de sa présentation au Festival de Cannes en 1992. Alain Delon ne fut pas toujours très inspiré en tant que producteur, influençant parfois les réalisateurs. L’échec du Retour de Casanova plombera les finances du producteur Alain Delon, le contraignant à suspendre d’autres projets.

La nostalgie "d’une époque"

En septembre 1991, âgé de 55 ans, l’acteur commence à regarder dans le rétroviseur. On lui demande s’il nourrit une nostalgie pour les grands films de sa carrière. "Pas la nostalgie des films mais d’une époque" répond-il. "Des gens avec lesquels je faisais ces films : Melville, Clément, Losey, Visconti, et puis Romy, Gabin, Bourvil, Ventura, Burt Lancaster… Tous ces gens qui m’ont appris le métier et m’ont donné".

Pendant une pause, Alain Delon amuse la jeune Elsa qui tourne avec lui son premier film. Paul Pansanel
Assume-t-il ce rôle auprès des nouvelles générations ? Auprès d’Elsa qui débute au cinéma ? "Aujourd’hui c’est différent. La jeunesse avance trop vite. Je ne retrouve pas vis-à-vis d’Elsa le monde qui existait entre le jeune Delon et Jean Gabin. On est plus proche. Je ne sens pas une grande différence d’âge, de compréhension, d’intelligence professionnelle avec Elsa. Et ceci est valable ailleurs que sur un plateau de cinéma. D’une manière générale, les barrières entre les générations se sont largement atténuées" soulignait-il fort justement sous le regard d’Elsa, chaperonnée par sa maman.
Elle aussi était présente sur le tournage. Alain Delon avait une réputation de grand séducteur…

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