“Sur le terrain de la vengeance, je suis piégé” : Richard Perez et sa personnalité complexe devant la cour d’assises du Gard

"Sur le terrain de la vengeance, je suis piégé" : Richard Perez et sa personnalité complexe devant la cour d'assises du Gard

Richard Perez, juste avant l’ouverture de son procès à la cour d’assises du Gard. MIDI LIBRE – FRANCOIS BARRERE

Le sexagénaire nîmois, qui a dirigé de nombreuses entreprises et passé de longues années en détention, est accusé avec quatre de ses proches d'avoir voulu éliminer l'un de ses ennemis de longue date, le 23 février 2013 à Nîmes. Un crime que tous nient, mais qui aurait été selon l'accusation une réplique à l'assassinat de son père, Roger Perez, en 2002 à La Grande-Motte, qui n'a jamais été élucidé.

Il s’énerve face à la présidente des assises du Gard, qui récapitule son solde judiciaire, où l’exécution de peines à purger a pris le pas sur deux ans de détention provisoire. "Alors si je suis condamné, je repars de zéro ? Une fois de plus, je n’ai pas droit à être jugé comme les autres !" tonne Richard Perez, nerveux dans son costume sombre. Un peu plus tard, il essuie discrètement des larmes à l’évocation de son enfance nîmoise et du déchirement que fut le divorce de ses parents. "On vous sent très ému, vous avez un suivi psychologique ?" s’enquiert la magistrate.

Les facettes d'une personnalité complexe

Renvoyé pour la première fois de sa vie aux assises, accusé d’avoir participé avec quatre coaccusés à une tentative d’assassinat à Nîmes, le 23 février 2013, Richard Perez, 60 ans, laisse entrevoir ce lundi 10 juin quelques facettes de sa personnalité complexe. D’un côté, l’entrepreneur, mis au boulot à 14 ans par son père dans l’entreprise de travaux publics où il devait faire "plus et mieux que les autres." En 1988, après les terribles inondations nîmoises, "la société de son père nettoie la ville pendant plusieurs semaines" et le maire Jean Bousquet le remarque.

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Il rafle les marchés des poubelles de Nîmes et de Marseille

"En 1989 lors d’une grève des éboueurs, il ne craint pas de passer pour un briseur de grève, il décrit une période difficile, avec des bagarres." Richard Perez crée sa société de ramassage des ordures, rafle les marchés de Nîmes et de Marseille, "passant de zéro à 450 salariés et à 250 camions." La magistrate : "Il décrit une période d’obtention de marchés cautionnés au financement de partis politiques, à la fourniture d’hommes de main et de colleurs d’affiches." Et puis viennent les ennuis, la prison pour corruption, à Vendargues, pour abus de bien social à Nîmes, et cette vente de son entreprise au groupe Onyx, qui tourne à la guerre.

Une centaine de camions brûlés

"J’ai pris neuf ans de prison pour avoir fait brûler quelques camions" s’indigne-t-il. La présidente : "Une centaine de camions, vous voulez dire."

Sa compagne le dit "entier, dénué de filtres, avec en permanence les tripes à l’air." Pour l’une de ses filles, il est "anxieux, bosseur, sensible, empathique et souvent trahi y compris au sein de sa famille." Son frère Thierry est en froid avec lui "depuis qu’il a misé un million de francs (150 000 €) à la roulette. C’est un battant, qui a réussi par le culot mais s’est mis beaucoup de gens à dos. À un moment, le pouvoir lui était complètement monté à la tête. Son père l’a toujours protégé, et il est mort pour l’avoir protégé."

L'assassinat de son père à La Grande-Motte

Roger Perez a été criblé de balles à la Grande-Motte, en 2002, alors que Richard venait d’être incarcéré. Est-ce là le mobile de ce règlement de compte avorté, visant Raymond Houlonne, l’ennemi de longue date ?

"Les seules personnes qui m’ont vraiment trahi, c’est mon frère dans son audition. Je ne peux pas cacher ma peine pour mon père, parce que j’y pense tous les jours. Mais en en parlant, on m’amène sur le terrain de la vengeance, et je suis piégé. Mais je n’ai jamais donné le moindre ordre ou payé pour aller tuer Raymond Houlonne." Une cible qui joue les filles de l’air : Raymond Houlonne viendra-t-il déposer avant le verdict, prévu vendredi ?

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