Tentative d’assassinat à Nîmes : ” J’ai vu la mort de près” raconte au procès de Richard Pérez et de ses proches le policier visé

Tentative d'assassinat à Nîmes : " J'ai vu la mort de près" raconte au procès de Richard Pérez et de ses proches le policier visé

Me Gilles Gauer et Me Fabien Perez, à droite, avocats de Richard Perez. MIDI LIBRE – FRANCOIS BARRERE

Richard Perez, l’homme d’affaires nîmois, surnommé "Le roi des poubelles" est accusé d’avoir voulu éliminer un rival avec l’aide de plusieurs repris de justice, le 23 février 2013 à Nîmes. Ce soir-là, un policier avait aussi été visé par plusieurs tirs de fusil à pompe en arrivant sur les lieux de l’embuscade. Les cinq accusés, qui comparaissent libres devant la cour d'assises du Gard nient toute implication dans ce projet. Ils risquent la réclusion criminelle à perpétuité. Verdict vendredi.

"Toute ma vie j’aurai ses yeux et son regard en moi. J’ai vu la mort de près" raconte ce mercredi 12 juin à la cour d’assises du Gard Jérôme, 48 ans, policier pris pour cible au fusil à pompe le 23 février 2013 à la résidence Valvert de Nîmes par un malfaiteur cagoulé.
Appelée par un résident, la Bac arrive vers 20 h 30 près de cet ensemble de bâtiments où un homme suspect a été signalé "près d’une DS 3 bleue" raconte le policier. Il s’avance, seul vers l’une des entrées, trouve la voiture, donne un coup de lampe dans la nuit.

"Il y a des flics partout, tu te rends !"

"Un individu tout en noir, cagoulé me met en joue avec un fusil à pompe. Je lui ai dit, t’es mort, il y a des flics partout, tu te rends ! " Le face-à-face, terrible, dure une vingtaine de secondes. "Je range ma radio, je prends mon arme, je le braque, on est face à face, il ne veut pas se rendre." L’homme prend la fuite, puis se retourne en le visant. "J’ai engagé mes quatre tirs, je visais bas pour le neutraliser." Le malfaiteur s’enfuit, le policier le poursuit. "Il a fait usage de son arme à deux reprises dans ma direction, il a armé la troisième cartouche et il a pris la fuite."

"Comment pouvez-vous être aussi affirmatif ?"

Jérôme en est certain : ce tireur, c’est bien Jean-Baptiste Belliure, un repris de justice d’Agde, aujourd’hui âgé de 65 ans, qu’il a reconnu 22 mois plus tard en confrontation chez le juge.
"Comment pouvez-vous être aussi affirmatif avec quelqu’un que vous avez vu dans le noir, en mouvement ?" s’interroge Me François Bermond, l’un des avocats de l’accusé.
"Quand vous vous retrouvez face à un individu armé qui veut vous tuer, ça vous marque." Jean-Baptiste Belliure nie sa présence.

De l'ADN sur le fusil à pompe

Mais son ADN a été identifié sur la voiture volée et le fusil à pompe abandonnés sur place. Comme celui d’Hakim Mammad, arrêté par un autre équipage, et qui jure être venu là depuis Lyon pour une obscure affaire de jalousie conjugale.
Alors que faisaient-ils, ces deux-là sur ce parking ? "Un peu après un monsieur est sorti de la résidence avec sa compagne, c’était M. Houlonne que j’avais déjà vu et c’est là que j’ai compris pourquoi il y avait eu ces individus armés" poursuit le policier.

Me Gontard : "Et vous vous dites qu’ils sont venus pour lui ?" Le policier, qui connaissait sa rivalité avec Richard Perez, "de notoriété publique" confirme. "Oui, ils étaient de chaque côté du porche, donc ils attendaient que quelqu’un sorte."

Une autre hypothèse possible ?

Mais est-ce la seule hypothèse possible ? Me Fabien Perez dépose une pièce pour balayer le mobile de la vengeance : le non-lieu rendu en 2010 dans l’enquête sur l’assassinat de Roger Perez, tué de six balles en janvier 2002 à la Grande-Motte.
Les enquêteurs ont suivi quatre hypothèses, "la piste de Raymond Houlonne n’y figure pas" note la présidente. La directrice d’enquête de la PJ élude: "Dans ce milieu, les soupçons peuvent suffire pour créer des velléités de vengeance."

Un conflit autour de deux bars nîmois

Me Gauer, l’autre avocat de Richard Perez, qui nie avoir cherché à tuer son ennemi, enfonce le clou.
Il cite un PV de surveillance de la BRI, du 7 février 2013, où deux Nîmois sont vus, un matin, passer lentement devant la résidence Valvert. "Cette surveillance laisse penser à des repérages au domicile de Raymond Houlonne" lit l’avocat. Puis il produit un rapport émanant d’un autre service de police, détaillant un conflit opposant autour de deux bars nîmois, deux propriétaires à un employé, qui a tiré des coups de feu après avoir été agressé par des proches d’Houlonne. C’est lui qui a été vu rôdant autour de la résidence Valvert quinze jours plus tôt.

Des représailles mafieuses 

"Nous avons un rapport qui dit qu’il peut y avoir des représailles mafieuses, et il n’y a pas d’enquête ?" s’étonne l’avocat.
"Ça me gonfle, ça commence à me saouler cette affaire !" grogne Robert Alouache sur son banc. Pour la PJ, il est mis en cause par un "faisceau d’indices", à cause de sa proximité avec Richard Perez et de ses contacts téléphoniques avec Hakim Mammad, arrêté à la résidence Valvert. "C’était pour acheter un véhicule ! Mme la présidente, je vous respecte mais je peux pas entendre des trucs comme ça !" La présidente l’invite à se calmer. "C’est le premier avertissement, il n’y en aura pas d’autre !" Verdict vendredi.

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