Tentative d’assassinat à Nîmes : le rude et sanglant parcours de Robert Alouache, qui est “comme un frère” pour Richard Perez

Tentative d'assassinat à Nîmes : le rude et sanglant parcours de Robert Alouache, qui est "comme un frère" pour Richard Perez

Jean-Baptiste Belliure (gauche), Hakim Mammad et Robert Alouache. MIDI LIBRE – Aline Champsaur

A 51 ans, après avoir passé 26 ans derrière les barreaux, il assure s'être réinséré et être totalement innocent des charges qui pèsent sur lui. Cinq accusés, qui nient tous les faits, dont jugés pour devant la cour d'assises du Gard pour un projet avorté de règlement de comptes à Nîmes, le 23 février 2013. 

"C’est vrai que j’ai été un voyou, un vrai, un gros. Quand je suis sorti de prison, avec Richard, on avait décidé de ne plus s’approcher de rien du tout. Et dix mois après, on m’a remis dans cette salade" gronde Robert Alouache, 51 ans, ce mardi 11 juin face aux jurés du Gard. "Aujourd’hui, onze ans après, on me remet devant une cour d’assises, et je le prends pas bien."

La voix est implacable et la colère palpable. Accusé de complicité de tentative d’assassinat, il nie avoir organisé aux côtés de Richard Perez ce règlement de comptes avorté du 23 février 2013, qui aurait visé Raymond Houlonne, l’ennemi du "roi des poubelles" gardois.

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Ils se sont connus en centrale entre 2001 et 2004

Richard Perez et Robert Alouache se sont connus "en centrale entre 2001 et 2004", où tous deux purgeaient de lourdes peines, le premier pour association de malfaiteurs, l’autre pour "assassinat et meurtre". "Depuis, c’est mon frère" résume, lapidaire, l’ancien gamin marseillais grandi dans les quartiers nord de Marseille et la fascination du banditisme. L'homme d'affaire nîmois a dit la même chose la veille : "Alouache, c’est comme mon frère, comme ces gens que j’ai connus en prison et qui m’ont tendu la main."

Grandi avec Mémé Guérini comme modèle

"À Marseille, tout le monde se prend pour un voyou. C’est un devoir de devenir gangster, on a grandi avec Mémé Guérini comme modèle" a raconté Robert Alouache au psychologue.

"Je suis tombé petit dans la marmite. Pour moi, c’était naturel" précise-t-il à la barre.

"Dès l’âge de 19 ans, il s’est spécialisé dans les règlements de compte au sein du milieu" précise l’expert.

Deux morts dans une vengeance

Robert Alouache fait partie d’une bande, qui se venge quand l’un de ses membres est abattu. La réplique est impitoyable : deux morts dans le camp d’en face, et une peine de vingt ans, pour inaugurer un casier judiciaire qui s’alourdit très vite.

"Vous cumulez 38 années de peines prononcées contre vous" souligne la présidente. Il en a purgé 26, complètes, derrière les barreaux.

"À l’époque, je vivais comme ça. C’était ma vie à moi."

Evasion sanglante en hélicoptère de la prison des Baumettes

Écroué aux Baumettes à 26 ans, il s’en évade un an plus tard, le 26 juin 1999, par hélicoptère, avec quatre autres détenus. L’évasion fait deux morts chez les fuyards, l’un abattu par les matons, alors qu’il était accroché à l’hélicoptère, l’autre tué pendant sa cavale. Robert Alouache est très vite repris, et écope de dix ans de plus, purgés à l’isolement.

"Presque sept ans, sans voir personne, dans un cachot" explique-t-il.

"Comment on fait pour ne pas devenir complètement fou ?" demande Me David Metaxas, l’un de ses avocats. "Ah, ben, on lit. On fait du sport et on lit. Ça m’a vraiment aidé."

"Plus Robin des Bois que Mesrine"

À sa sortie de prison, Richard Perez l’embauche dans ses sociétés. "C’est quelqu’un de très loyal, qui a toujours cru au bon fond de ses amis, et qui pense pouvoir réinsérer tout le monde. S’il devait incarner un personnage, ce serait plus Robin des Bois que Mesrine" estime Nathalie, qui partage depuis 23 ans la vie de l’homme d’affaires nîmois.

Alors Robert Alouache travaille avec "son frère" dans l’univers des locations de camions et du tri de déchets. "Dès que j’ai mis un pied dehors on a travaillé ensemble moi et Richard. Je conduisais le Q7 noir." Aujourd’hui, il vit à Lyon, avec sa compagne de toujours, son fils qui est journaliste, et sa fille qui veut devenir avocate.

Une entreprise de conseil

Il a sa propre entreprise de conseil, dans l’univers du BTP et des déchets. "Je trouve une carrière, une société, je fais signer un contrat et je prends ma gratte dessus. Mais reconnaissez que pour des gens comme nous, c’est très compliqué. Il y a une virgule qui manque, on nous tombe dessus. Cette fois, c’est pas le GIGN, c’est la financière de Paris."

À l’entendre, la police ne le lâche pas d’un pouce. "Je les ai toujours derrière moi", dit-il en faisant un signe de tête vers la salle. "Au moins s’il y a quoi que ce soit qui se passe, j’aurai un alibi." Et tout ce parcours ne fait selon lui que démontrer son innocence dans cette nouvelle affaire : "Laissez-moi vous expliquer une logique. Un mec comme moi, avec le passé que j’ai, qui est un professionnel du banditisme, on va aller repérer sur place se faire voir en train de repérer les lieux, un type va décider de venir tuer quelqu’un, et il va m’envoyer le soir un SMS à moi qui suis à l’autre bout de la France ? Mais si j’ai participé à ça, ne me mettez pas en prison, envoyez-moi en hôpital psychiatrique, c’est de ça dont j’ai besoin !"

Verdict vendredi.

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