Viols de Mazan : l’incroyable couac judiciaire qui a permis à Dominique Pelicot de poursuivre sa carrière de prédateur sexuel

Viols de Mazan : l'incroyable couac judiciaire qui a permis à Dominique Pelicot de poursuivre sa carrière de prédateur sexuel

Dominique Pelicot a pu poursuivre son parcours de prédateur sexuel dix ans de plus. MIDI LIBRE

Son ADN avait matché dès 2010 avec le sang retrouvé sur les chaussures d'une jeune femme qu'il avait tenté de violer en 1999 en Seine-et-Marne. Mais l'enquête avait débouché sur un non-lieu, et aucune suite n'a été donnée au tribunal judiciaire de Meaux à ce rapprochement qui aurait pourtant permis de mettre un terme à ses agissements, juste avant qu'il ne se mette à endormir son épouse avec des médicaments, et à en faire l'esclave sexuelle involontaire de dizaines d'inconnus.

Les viols de Mazan, qui valent à 51 accusés d'être jugés depuis le 2 septembre devant la cour criminelle du Vaucluse n’auraient sans doute jamais eu lieu si l’appareil judiciaire n’avait pas totalement dysfonctionné en 2010. Car cette année-là, deux événements auraient pu enrayer le parcours criminel de Dominique Pelicot.

Arrêté avec une caméra miniature dans un stylo

Le 30 juillet, il est interpellé dans un centre commercial de Collégien (Seine-et-Marne) et une procédure pour "captation d’images impudiques" est dressée par le commissariat de Noisiel : alors âgé de 57 ans, l'homme a été surpris en train de filmer sous les jupes des clientes, avec une caméra miniature cachée dans un stylo. L’enquête n’est pas poussée plus loin, il écope d’une amende de 100 € dans le cadre d’une composition pénale, et il cache le tout à son épouse.

"Si j’avais été au courant, peut-être que j’aurais gagné 10 ans de ma vie" a estimé Gisèle Pelicot le 5 septembre à la barre de la cour criminelle du Vaucluse. "J'aurais été plus vigilante, j’aurais peut-être pu me dire qu’il avait besoin d’être suivi. Je trouve qu’il y a là une non-assistance à personne en danger."

Le fichier des empreintes génétiques avait pourtant très vite fait son travail

 Ni la justice, ni la police n’avaient l’obligation d’informer l’épouse du suspect de cette arrestation. Mais l’autre couac est bien plus grave.

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Car à la suite de cette interpellation, l’ADN de Dominique Pelicot est versé au Fnaeg. Et le fichier des empreintes génétiques fait très vite son travail : quelques semaines plus tard, il signale que ce profil est identique à celui extrait du sang retrouvé sur les chaussures d’Estella, cette jeune femme qu’un client de l’agence immobilière où elle était employée a agressée, en 1999, à Villeparisis (Seine-et-Marne).

L’information est transmise au tribunal judiciaire de Meaux, où rien ne se passe. Plus aucun juge n’est saisi de cette enquête, classée depuis un non-lieu rendu en 2001. Et la carrière de prédateur sexuel de Dominique Pelicot va pouvoir continuer pendant dix années supplémentaires.

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