Vols, attaques, nuisances sonores et déjections : les goélands mènent la vie dure aux riverains et aux commerçants sur le littoral héraultais

Palavas, Carnon, la Grande-Motte ou Villeneuve les Maguelone, le littoral héraultais est le terrain de chasse du goéland leucophée. L’oiseau marin y multiplie les nuisances, attaques, vols, déjections, bruits incessants… les plaintes s’accumulent.

Grandes ailes blanches, bec jaune et regard hagard, aucun doute il s’agit du goéland ou gabian pour les locaux. Si cet oiseau marin est devenu le symbole de notre littoral, il est aussi devenu le calvaire des usagers du littoral. Perchés sur les lampadaires et les poteaux, ils surveillent la plage, jusqu’à trouver sa proie… le beignet au sucre d'Enzo, quatre ans. Venue de Lyon, sa famille s’était laissée tenter par le folklore héraultais, en achetant des beignets aux vendeurs ambulants. "Les goélands sont très violents. Notre fils a eu peur, maintenant il reste accroché à mon bras", explique Stéphanie, la mère du jeune garçon.

Blessures par goéland, sortez les pansements

Les gabians ont une stratégie bien rodée. Ils arrivent dans le dos des enfants et leur piquent leur goûter. Le petit Enzo a eu de la chance, il a lâché son beignet. Aucune blessure à signaler. Pourtant, Julien, secouriste sur une plage héraultais, soigne tous les jours des blessures causées par les goélands, sur des mains d'enfants. "Le problème c’est que les griffes et le bec d’un goéland, ça coupe et ça pince", explique Julien. Le jeune sauveteur assure soigner, au minimum, une blessure de la sorte par jour et le phénomène s’amplifie pendant les vacances. Heureusement, un pansement suffit.

Les gabians pique-niquent à la plage

Le goéland se nourrit normalement de poissons, glâné derrière les chalutiers ou chassé en pleine mer. Mais il a aussi découvert les joies du pique-nique : paquets de chips, saucisson, sandwich triangle ou maison. Les touristes se font piller. Yassine, 20 ans, en a fait les frais. "J’étais sur la plage avec mon pique-nique, et un goéland est arrivé. Il était tout seul, je pensais qu’il avait faim, alors je lui ai donné un bout de sandwich. Et là c’était fini ! Toute sa bande a débarqué, ils m’ont gâché le repas". Ce Parisien a commis l’erreur la plus répandue, nourrir cet oiseau opportuniste.

Les locaux alertent les touristes

Corinne, salarié du snack Croq’n’roll à Palavas, tente d’avertir les clients étrangers qui ont du mal à la croire. "Quand un client quitte le snack avec un sandwich un peu trop en avant, les goélands, avec une rapidité incroyable, le vole !". Certains riverains l’accusent avec humour d’avoir dressé les oiseaux pour faire grimper son chiffre d'affaires.

La Palavasienne estime que les goélands sont de plus en plus nombreux et agressifs, mais surtout de moins en moins peureux. "Ce n’est pas qu’un problème de plage, ma petite fille doit prendre son goûter sous le préau de l’école, au risque de se faire attaquer par les goélands", peste Corinne.

“Ils font un boucan ! On en dort pas…”

À la plage, les résidents subissent une colocation forcée avec les goélands, notamment sur leur terrasse. Il y a quatre ans, Anne s’est installée à Palavas pour se rapprocher de son fils et profiter de la retraite. Même si elle adore les animaux, les goélands lui mènent la vie dure : "Ma terrasse est recouverte de déjection, je dois la nettoyer tous les jours. Ils s’installent toujours à plusieurs et font un boucan ! J’ai le sommeil léger et ma chienne Jacotte aussi, alors on ne dort pas et elle aboie toute la nuit".

Les restaurants contre-attaquent

Vols, attaques, nuisances sonores et déjections : les goélands mènent la vie dure aux riverains et aux commerçants sur le littoral héraultais

Chloé, directrice du restaurant l’Albatros à Palavas Midi Libre – Fiona Slous

Au restaurant l’Albatros à Palavas, on déguste des planches de jambon serrano et fuet catalan sur la terrasse. L’odeur de la charcuterie n’a pas échappé aux goélands qui s’adonnent au vol en bande organisée. Cinq ou six oiseaux ont fait du restaurant leur point de pêche, l’un joue le rôle de guetteur, l’autre plonge dans les assiettes. D’après Chloé, directrice du restaurant, leur comportement a évolué : "Ça fait quatre ans qu’on est installé. La première année, il suffisait de se lever pour que les oiseaux déguerpissent. Maintenant, il faut taper des mains, crier et s’approcher".

Pour protéger la charcuterie, Chloé a installé des filets de camouflage couleur sable, "Grâce aux voiles, ils ne peuvent plus plonger. Mais en 48 h, ils ont trouvé une autre méthode, ils passent sous les barrières en bois". La directrice se veut rassurante, des vols il n’y en a pas plus d’un par jour, grâce à leur vigilance. "C’est impressionnant parce qu’ils ont une grande envergure et cassent la vaisselle, mais ils ne sont pas agressifs. En termes de pertes, ça ne représente pas plus qu’un serveur maladroit", explique la restauratrice.

Le petit manuel pour une meilleure cohabitation avec les volatiles

Ne pas avoir peur. Le goéland n’attaque pas l’homme tant qu’on ne touche pas à ses œufs. Il effectue des intimidations qui ne sont rien d’autre que du bluff.
Ne pas nourrir les goélands. Il pourrait vous considérer comme une source d’alimentation et piller garde-manger. Cet oiseau ayant une bonne mémoire, il reviendra au même endroit pour voler.
Déposez ses déchets dans une poubelle fermée. Le goéland éventre les poubelles, un problème pour la propreté de la ville et pour l’estomac de cet oiseau, déjà fortement exposé aux polluants plastiques.
Encombrez les toits plats autour des supports verticaux. Cela empêche le goéland de nicher sur votre résidence.
Ne pas jeter du pain dans l’eau. Beaucoup de goélands amenés au centre de sauvegarde de la faune sauvage de la Ligue pour la protection des oiseaux – LPO – sont atteints de botulisme, une infection qui se développe dans l’eau à cause du pain et des fortes chaleurs. La maladie leur paralyse les pattes et se répand vers les autres membres. Elle peut être soignée.
Ne pas ramasser les jeunes goélands posés sur le sable. Bien souvent ces jeunes sont en plein apprentissage du vol. Ils acquièrent cette compétence en quarante jours. Les amener dans des centres de sauvegarde reviendrait à les encombrer d’animaux sains, qu’ils devront élever jusqu’à leur maturité, avant de les libérer.
Ne pas déshameçoner les goélands. Si vous trouvez un goéland avec un hameçon accroché, ne tentez pas de le retirer et ne coupez pas le fil trop court. Plus le fil est long, plus il sera facile à retirer.

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