Guerre en Ukraine : plus de 50 morts dans une frappe russe, des missiles longue portée américain… le point sur la situation

Tous les jours, Midi Libre fait le point sur la situation en Ukraine. Ce mardi 3 septembre 2024, découvrez les dernières actualités autour de ce conflit.

Au moins 51 morts dans une frappe russe, la plus meurtrière cette année

Au moins 51 personnes ont été tuées et 235 blessées mardi après une frappe russe contre un institut militaire dans la ville de Poltava, au centre de l'Ukraine, l'attaque la plus meurtrière enregistrée cette année. Les forces russes ont lancé deux missiles balistiques, endommageant un bâtiment de l'Institut militaire des communications, a indiqué le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a ordonné une enquête sur les circonstances de l'attaque.

"La racaille russe sera certainement tenue responsable de cette attaque", a-t-il déclaré sur l'application de messagerie Telegram. Des photographies postées sur les réseaux sociaux, montrent plusieurs corps allongés sur le sol, couverts de poussière et de débris, et derrière eux le côté d'un bâtiment très endommagé.

"L'un des bâtiments de l'institut a été partiellement détruit et de nombreuses personnes se sont retrouvées coincées sous les décombres", a déclaré le ministère ukrainien de la Défense sur Telegram. "Grâce au travail coordonné des sauveteurs et des médecins, 25 personnes ont pu être sauvées, dont 11 ont été extraites des décombres. Les sauveteurs poursuivent actuellement leur travail", est-il ajouté.

Selon le gouverneur de la région de Poltava, Filip Pronin, 15 personnes pourraient encore se trouver sous les décombres. "Toutes les 15 à 20 minutes, des 'minutes de silence' sont observées pour écouter les personnes qui se trouvent sous les décombres", a déclaré Oleksandr Khorunjii, attaché de presse des services d'urgence, à la télévision.

L'identité des victimes n'a pas été révélée mais des blogueurs militaires ukrainiens ont suggéré qu'il pourrait s'agir pour certaines de cadets ou d'hommes mobilisés en cours de formation. La Russie n'a pas fait de commentaires dans l'immédiat sur cette attaque. Deux ans et demi après le début de la guerre, Moscou a intensifié ses attaques de missiles et de drones contre l'Ukraine, qui a subi la semaine dernière le bombardement le plus intense à ce jour.

Lundi, des missiles balistiques et de croisière ont visé la capitale Kiev, provoquant de fortes explosions. L'Ukraine a également visé la Russie avec plus de 158 drones au cours du week-end, endommageant une raffinerie de pétrole près de Moscou et une centrale électrique. Volodymyr Zelensky a de nouveau exhorté mardi ses alliés à autoriser Kiev à utiliser leurs armes à longue portée pour mener des frappes plus profondément en territoire russe.

"Nous ne cessons de répéter à tous ceux qui ont le pouvoir de mettre fin à cette terreur que les systèmes de défense aérienne et les missiles sont nécessaires en Ukraine, et non quelque part dans un entrepôt." "Les frappes à longue portée qui peuvent nous protéger de la terreur russe sont nécessaires maintenant, pas plus tard. Malheureusement, chaque jour de retard est synonyme de perte de vies humaines", a déploré Volodymyr Zelensky.

Les réactions après la frappe russe à Poltava

La frappe russe meurtrière sur la ville ukrainienne de Poltava est "un terrible rappel" de la "brutalité" du président russe Vladimir Poutine, a jugé mardi le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby.

Le chef de la diplomatie britannique David Lammy a condamné mardi sur X la frappe russe meurtrière sur la ville ukrainienne de Poltava, "dernier acte d'agression écoeurant dans la guerre odieuse et illégale menée par (Vladimir) Poutine en Ukraine".

"La brutalité de Poutine ne connait pas de limites", a dénoncé mardi la cheffe de la diplomatie allemande. Le président russe "doit rendre des comptes", a exhorté la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock sur son compte X.

Des attaques russes font trois morts en Ukraine

Deux personnes, dont un enfant de 8 ans, ont été tuées dans la région ukrainienne de Zaporijjia au cours de la nuit de lundi à mardi et une troisième est décédée lors d'une attaque de missiles sur la ville de Dnipro (centre), ont déclaré des responsables ukrainiens.

Une attaque contre un complexe hôtelier de Zaporijjia a tué une femme de 38 ans et son fils, et blessé son mari et sa fille, qui recevait des soins intensifs, a indiqué le ministre ukrainien de la Défense. Au cours de la journée écoulée, 313 attaques et tirs d'obus ont été recensé contre 11 localités, endommageant plusieurs bâtiments à Zaporijjia, a déclaré le gouverneur régional Ivan Fedorov.

L'armée de l'air ukrainienne a déclaré avoir abattu 27 des 35 drones lancés par la Russie, qui a également utilisé quatre missiles. L'attaque menée au cours de la nuit dans la partie méridionale du pays n'a pas fait de victimes, a précisé le gouverneur régional de Mykolaïv, Vitali Kim. Rouslan Kravtchenko, gouverneur de la région de Kiev, n'a pas non plus signalé de dommages sur les infrastructures critiques ni de victimes à la suite des opérations de défense aérienne menées dans la région.

Cependant, des débris ont provoqué des incendies dans des zones forestières et des dommages mineurs à un immeuble. Dans la ville de Tchernihiv, dans le nord du pays, une attaque de drone a légèrement blessé deux personnes, ont dit les autorités locales.

Lundi en fin de journée, les forces russes ont également lancé des missiles sur la ville centrale de Dnipro, tuant une personne et en blessant six autres, tout en endommageant une zone résidentielle, a déclaré Serhi Lysak, le gouverneur de Dnipropetrovsk, sur Telegram. La Russie, qui nie cibler délibérément des civils, n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat.

Les USA seraient proches de fournir des missiles longue portée à l'Ukraine

Les Etats-Unis sont de plus en plus proches d'accepter de fournir les missiles de croisière à longue portée réclamés par l'Ukraine, même s'il faudrait patienter des mois avant que les livraisons soient effectives et si rien ne garantit que Kiev soit autorisée à les utiliser sur le territoire russe, ont déclaré des responsables américains.

Des missiles air-sol AGM-158 JASSM pourraient être inclus dans un nouveau paquet d'aide militaire américaine qui sera dévoilé cet automne, mais la décision finale n'a pas été prise, ont précisé ces responsables, qui s'exprimaient sous le sceau de l'anonymat. La livraison de JASSM, missile longue portée très précis et emportant une charge explosive de 450 kg, placerait à portée de l'armée ukrainienne un certain nombre de bases aériennes russes d'où décollent les avions qui larguent quotidiennement sur les villes ukrainiennes des dizaines de bombes planantes guidées particulièrement destructrices.

Les experts militaires estiment qu'un tel arsenal pourrait contraindre Moscou à éloigner par précaution ses avions, ses dépôts de munition et ses concentrations de troupes à plusieurs centaines de kilomètres de la frontière ukrainienne, ce qui affecterait son effort de guerre. Rien n'indique cependant que l'administration Biden est disposée à lever les restrictions qu'elle impose aux frappes ukrainiennes en territoire russe, limitées pour le moment aux zones frontalières.

Ce veto de Washington, qui craint une escalade avec Moscou, particulièrement à l'approche de l'élection présidentielle du 5 novembre aux Etats-Unis, empêche Kiev d'utiliser ses missiles de croisière franco-britanniques SCALP-EG/Storm Shadow, d'une puissance et d'une portée supérieure à celle de la version standard du JASSM (370 km), en dehors des territoires occupés par l'armée russe.

Reuters n'a pas pu déterminer quelle version du JASSM les Etats-Unis envisagent de fournir à l'Ukraine mais les stocks de missiles à moyenne portée sont plus importants que ceux de la version à très longue portée (800 km). Jusqu'à présent, le JASSM n'a été intégré qu'à des avions de conception américaine.

L'Ukraine disposera à terme de plusieurs dizaines de F-16 fournis par ses alliés européens, chacun pouvant emporter deux missiles de croisière. A plus court terme, les spécialistes étudient la possibilité de rendre le JASSM utilisable à partir des avions de conception soviétique utilisés par Kiev (MiG-29, Su-24 et Su-27), comme c'est déjà le cas des SCALP-EG/Storm Shadow, a déclaré un des responsables américains.

Les anciens modèles de JASSM, fabriqués par Lockheed Martin , sont conçus pour être relativement furtifs, ce qui les rend difficiles à repérer sur un radar. Ils peuvent également voler près du sol et être programmés pour emprunter des itinéraires détournés qui évitent les défenses aériennes. Le mois dernier, Politico a rapporté que l'administration Biden était "ouverte" à l'idée de fournir de tels missiles à l'Ukraine devant l'intensification des bombardements russes et l'offensive des forces de Moscou dans le Donbass.

Un membre du Congrès qui travaille sur le sujet a cependant fait remarquer que la livraison de JASSM n'aurait de réel effet que si elle s'accompagne d'une levée des restrictions imposées à Kiev sur la façon de les utiliser. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a multiplié ces dernières semaines les appels à pouvoir mener des frappes en profondeur sur le territoire russe, expliquant notamment que l'incursion de l'armée ukrainienne dans la région russe de Koursk était le seul moyen dont elle disposait pour éloigner la menace russe de la frontière.