Ligue 1 : lanterne rouge pour la première fois depuis neuf ans, comment le MHSC est-il tombé si bas ?

Ligue 1 : lanterne rouge pour la première fois depuis neuf ans, comment le MHSC est-il tombé si bas ?

Jordan Ferri au tapis. L’image d’un Montpellier qui ne parvient pas à se relever d’un début de saison alarmant mais, hélas, prévisible. Midi Libre – GIACOMO ITALIANO

Crise des droits TV, impossibilité de recruter, absence de cadres influents : Montpellier paye très cher une spirale négative qu'il doit pourtant inverser en recevant Auxerre, dimanche (17h) à La Mosson lors de la 5e journée de Ligue 1.

La sérénité s'est envolée entre Grammont et Mosson. Depuis l'été 2021, Laurent Nicollin répète en vain qu'il veut vivre une saison "plus sereine que la précédente". Elle n'en prend pas le chemin. "Le match devant Auxerre est important pour la suite de la saison, pour le moral des joueurs et du président qui commence à en avoir plein le cul" s'agace t-il au bout d'un été éreintant à la tête de la Ligue de football professionnel (LFP) et du Montpellier Hérault, plongé à la dernière place à l'approche de ses 50 ans.

Comment Montpellier est-il tombé si bas ? Quasiment neuf ans après la défaite concédée à la Mosson devant Monaco, à l'orée de l'automne 2015, il éclaire son horizon à la lanterne rouge. Un point en quatre matchs, treize buts encaissés, une inefficacité à la Mosson : l'équipe de Michel Der Zakarian traîne une âme en berne, un esprit compétitif sans ressort et un accablement partagé par la plupart de ses cadres.

Manne des droits TV en chute libre

Montpellier paie au prix fort la crise des droits télé. L'accord au rabais de 500 millions d'euros avec DAZN et BeIN fragilise les finances du club dirigé par Laurent Nicollin. "Au lieu d'avoir 19,5ME, on touche trois fois moins (7ME). On espère atteindre 9 ou 10 millions", expliquait-il fin juillet.

La dégringolade des droits, sur fond de conflit entre la LFP et Canal Plus, est le point de chute d'une crise née avec le fiasco de Mediapro en 2020. Et la fin des illusions pour Montpellier, à l'ambition indexée sur la quote-part de ce contrat. En quatre ans, celle-ci est passée de 30 à 40 millions à moins de 10ME. Pour un budget de 50ME, l'an passé. Montpellier n'est pas seul dans cette tourmente. Reims, Brest, Le Havre… n'ont pas pour autant raté leur début de saison.

Tranferts en berne, absence de recrutement

Le MHSC, qui déplore un déficit de 20 à 30 millions, n'a pas un rond pour recruter, rafraîchir un effectif, plombé par une politique de gros salaires, et surtout renouveler ses cadres, au « rendement jugé insuffisant ».

Ni le milieu de terrain Joris Chotard, contacté par Wolfsburg, ni l'international jordanien Mousa Tamari n'ont trouvé une porte de sortie. A défaut de départ au mercato, Montpellier ne pouvait satisfaire les attentes de son entraîneur Michel Der Zakarian.

Au printemps, le triumvirat de la direction – Nicollin, Carotti et Mézy – partageait le même constat que Der Zak pour recruter deux milieux défensifs, voire un attaquant, et placer sur la liste des transferts Wahbi Khazri et Jordan Ferri. "Ils savent ce que l'on veut. Wahbi a un bon de sortie. Jordan est prêt à partir, mais il faut des propositions".

"S'ils sont là au 1e septembre, il faudra les mettre dans les meilleures conditions pour qu'ils soient le meilleur possible", estimait à la reprise Laurent Nicollin. Ni l'attaquant (33 ans), ni le milieu de terrain (32 ans) n'ont eu une proposition autre qu'à Bastia (L2) pour le premier, et au Moyen-Orient ou en Turquie pour le second.

Echec dans le renouvellement des cadres

Khazri et Ferri ne sont pas partis. S'ils jouent peu, ils gardent un poids considérable dans le vestiaire au côté du capitaine emblématique Téji Savanier, du gardien Benjamin Lecomte ou de Joris Chotard. Et, une capacité de nuisance.

L'ancien international tunisien (74 sélections), qui a mis un terme à sa carrière avec les Aigles de Carthage après le Mondial au Qatar, a inscrit cinq buts en 52 matchs (33 matchs titulaires) au cours des deux dernières saisons. Un rendement ni conforme à son statut, ni à son salaire.

Une attaque orpheline de Wahi

L'erreur de casting touche aussi l'attaque. Si Montpellier souffre du choix de ses cadres, le transfert à Lens (30 millions d'euros) d'Elye Wahi a laissé un grand vide. Et frustré une équipe tournée vers le jeu.

Dans une saison pourtant très agitée (2022-23), le néo-Marseillais avait porté une attaque flamboyante, équilibrée et complémentaire. Au côté de Maouassa, Khazri, Nordin, Mavididi ou Germain, Wahi avait claqué 19 des 65 buts. Proche des records de l'année du titre (Giroud 21 des 68 buts).

Pour remplacer Wahi, Mavididi (Leicester), Maouassa (Bruges) ou Germain (Australie), Montpellier a misé sur le jordanien Mousa Tamari, Kelvin Yeboah, reparti à Noël, Tanguy Coulibaly et Akor Adams. Avec une baisse vertigineuse de l'efficacité avec seulement 43 buts, dont 8 pour Adams.

"On s'est trompés à un moment", glisse t-on. Depuis 2021, Montpellier a échoué dans le renouvellement de ses cadres. Il a poussé à la retraite le vétéran Vitorino Hilton, toujours devant à l'entraînement et à l'hygiène de vie irréprochable, et l'attaquant Andy Delort a pris la poudre d'escampette. L'attaquant sétois, qui avait tout obtenu : salaire, brassard, responsabilité et peut-être plus encore, a lâché le président Laurent Nicollin.

Pour remplacer Hilton et Delort Montpellier a fait confiance à l'ex-Parisien Mamadou Sakho, l'ex-Marseillais Valère Germain, puis l'ex-Stéphanois Khazri. Et, aucun d'eux n'a répondu à une double attente : être un joueur performant et le guide d'un vestiaire toujours plus rajeuni. Montpellier recherche encore des joueurs fiables et fidèles à son ADN, comme aurait pu l'être le Brestois Steve Mounié, pour encadrer son effectif.

Der Zakarian bouc-émissaire d'un effectif qui se dédouane ?

Cet échec a t-il conduit à une situation qui a explosé en octobre 2023 avec l'altercation entre Sakho et l'entraîneur Michel Der Zakarian ? Ou bien le coach est-il tombé dans le piège d'un vestiaire hiérarchisé entre cadres déclassés et nouveaux venus jusqu'au point de rupture ?

Der Zak, sauveur de la patrie à son retour en février 2023, est soudain devenu le coupable, le bouc émissaire d'un effectif, solidaire de son ancien partenaire.

Depuis 2021, ce groupe, irrité par les critiques d'Olivier Dall'Oglio, mécontent de l'intérimaire Romain Pitau et désormais dirigé par Der Zak, s'est souvent dédouané de ses responsabilités. Pour le moins, il s'est liquéfie (victimisé) après la vraie-fausse expulsion d'Elye Wahi à Strasbourg, en février 2022, ou après l'affaire du pétard l'automne dernier. Avant de retrouver une certaine flamme quand le feu d'une possible relégation couvait. Animé par la peur d'une rechute que la plupart d'entre eux ont déjà connue. En sera t-il de même cette saison ?

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