Il est accusé de trois viols et 14 agressions sexuelles : liberté refusée pour l’ancien vigneron magnétiseur de l’Hérault

Il est accusé de trois viols et 14 agressions sexuelles : liberté refusée pour l’ancien vigneron magnétiseur de l’Hérault

Gérard Gréaux, extradé des États-Unis, est défendu par Me Luc Abratkiewicz. MIDI LIBRE et bureau du Shérif de Sainte-Lucie – François Barrère

Gérard Gréaux, 80 ans, a été extradé en novembre 2023 des Etats-Unis où il s'était réfugié après avoir fui l'Hérault en 2015. Il est mis en cause par des clientes ayant séjourné au château de Valloubière à Saint-Jean-de-Fos, dont il était alors propriétaire et où il proposait des "séances d'harmonisation des chakras". Il sera jugé en décembre par la cour d'assises de l'Hérault.  

"Cela fait dix ans qu’on le cherche. Si vous le remettez en liberté, il y a de grandes chances pour qu’il ne soit pas en décembre à la cour d’assises". Une semaine après la plaidoirie de Me Sylvie Bar, qui représente quatre des 17 femmes ayant porté plainte contre lui, la cour d’appel de Montpellier a refusé ce mardi 4 juin de remettre en liberté Gérard Gréaux, un homme d’affaires ayant fait fortune dans l’immobilier, accusé de trois viols et de 14 agressions sexuelles.

Condamné par défaut à treize ans de réclusion criminelle

Âgé de 80 ans, voûté, les cheveux et la barbe blanche, il fait une entrée à petits pas le 28 mai dans le box. Depuis son extradition des États-Unis, le 15 novembre 2023, il est incarcéré à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone, en attendant son procès aux assises de l’Hérault, prévu du 2 au 6 décembre prochain, après une première condamnation par défaut du 4 février 2022 à 13 ans de réclusion criminelle.

Pour comprendre ce qu’on lui reproche, il faut rembobiner le fil du temps judiciaire, et revenir en 2013, lorsqu’une jeune femme pousse la porte de la gendarmerie de Gignac.

Un week-end au château de Valloubière à Saint-Jean-de-Fos

En octobre, grâce à un coffret cadeau, elle a passé un week-end au château de Valloubière, une belle propriété viticole de Saint-Jean-de-Fos qu’exploite depuis plusieurs années Gilbert Gréaux. L’endroit fait table et chambre d’hôte, dégustation de crus des Terrasses du Larzac. Au dessert, le maître des lieux propose aussi des séances de "magnétisme et d’harmonisation des chakras" sur table de massage.

La jeune femme décide d’en profiter, accepte de se dévêtir, tente de se détendre, comme le lui demande Gilbert Gréaux, puis se paralyse lorsque, selon ses dires, ses caresses très appuyées deviennent des pénétrations digitales. Dans les mois suivants, les gendarmes recueillent des plaintes similaires de femmes de tout âge ayant séjourné au château.

Il nie toute connotation sexuelle

En garde à vue, Gilbert Gréaux confirme les séances, explique être "guérisseur, magnétiseur et hypnotiseur," mais nie toute connotation sexuelle à ces "impositions des mains".

L’homme a fait fortune dans l’immobilier, à Lyon puis sur la Côte d’Azur, à Toulon, avant d’être touché cruellement par un drame personnel : la mort de l’un de ses fils, en 1988, dans un accident de voiture. Il part alors vivre aux Antilles, dans l’île jet-set de Saint-Barthélemy, d’où son père était originaire.

Mais derrière cette success story s’esquisse une part d’ombre : il est condamné en 2002 par le tribunal correctionnel de Basse-Terre, en Guadeloupe, à deux ans de prison pour agression sexuelle, peine confirmée en 2004. C’est là qu’il décide de rentrer en métropole, et d’investir dans le château de Saint-Jean-de-Fos.

Il disparaît à l'été 2015 après avoir vendu le château

Un domaine qu’il revend en 2015, alors que l’enquête pénale a pris de l’ampleur : au total trois femmes ont dénoncé des viols, et quatorze autres des agressions sexuelles lors des fameuses séances d"harmonisation des chakras". À l’été 2015, Gilbert Gréaux, pourtant mis en examen et soumis à un contrôle judiciaire, disparaît : direction la Floride, où vit son autre fils. Il y crée une société commercialisant des objets aux propriétés bénéfiques, toujours liées au magnétisme.

Il faudra l’acharnement de la justice et des parties civiles pour obtenir son retour en France, via un mandat d’arrêt européen, puis international, une notice rouge d’Interpol et une lourde procédure d’extradition.

"Il sait organiser sa vie en restant sous les radars"

"Je sais qu’il est revenu entre-temps en Europe en atterrissant dans d’autres pays européens, c’est quelqu’un qui a des soutiens et sait organiser sa vie en restant sous les radars, de façon totalement illégale" insiste Me Bar.

Son avocat, Me Luc Abratkiewicz, se place sur un tout autre plan pour demander son placement sous bracelet électronique dans une villa de Montferrier-sur-Lez, où vit actuellement son épouse.

"Nos prisons sont parfois des poubelles !"

"Je ne suis pas médecin, mais je ne suis pas aveugle. Son état de santé se dégrade, et il est atteint de nombreuses pathologies. Vous croyez qu’il va se sauver ? Mais vous avez-vous vu la vitesse à laquelle il marche ?" s’indigne l’avocat. "Il est dans une maison d’arrêt surpeuplée, où la nuit, quand on sonne en cas de pépin de santé, personne ne vient. Nos prisons sont parfois des poubelles, et ses certificats médicaux ne sont pas de complaisance !" insiste-t-il.

Gérard Gréaux approuve, avant une ultime déclaration troublante : " On n’a pas parlé du constat d’huissier qui démontre que je suis innocent, l’huissier constate que quand je fais des impositions des mains, les gens ont des sensations de toucher alors ma main est à deux ou trois centimètres de leur peau. Ces personnes étaient de bonne foi en déposant plainte, elles ont eu la sensation que je les touchais, mais ce n’était pas le cas."

Son avocat réfléchit à une nouvelle demande de mise en liberté. Mais qu’il y comparaisse libre ou détenu, son procès et les débats sur d’éventuels viols "sans contact" promettent d’être animés.

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