“Il fallait qu’ils s’en prennent à quelqu’un” : 26 secondes d’images pour une tentative de meurtre près de Montpellier

"Il fallait qu'ils s'en prennent à quelqu'un" : 26 secondes d'images pour une tentative de meurtre près de Montpellier

Me Pasquet-Marinacce et Me Darrigade, en défense, et Me Chabert, partie civile. MIDI LIBRE – François Barrère

La cour d'assises de l'Hérault tente avec difficulté d'identifier les accusés qui ont agressé le 30 août 2019 un employé du nettoyage à la discothèque l'Entrepôt. Les six hommes jugés pour ce crime nient tous les faits, et les images qui ont capté la scène sont difficiles à exploiter.

À qui doit-on se fier pour y voir clair, s’interroge la cour d’assises de l’Hérault ce vendredi 24 mai, face à six hommes accusés d’un crime qu’ils nient tous. Le 19 août 2019, peu avant 6 h du matin, le préposé au nettoyage du complexe l’Entrepôt, une discothèque de Lattes, située entre les Prés d’Arène et Brico Dépôt, tout contre l’A 709, voit fondre sur lui cinq individus qui le tabassent et le blessent grièvement à la gorge avec une arme blanche : il ne doit sa survie qu’au garrot qu’il parvient à se faire lui-même avant de foncer en voiture jusqu’aux urgences.

"Ils nous disaient qu'on était vraiment cool"

"On avait eu aucun autre problème à cette période-là" raconte le responsable du personnel de la discothèque, un colosse qui a été pendant quinze ans agent de sécurité, et qui a tout de suite pensé à ce groupe de Parisiens en vacances, venus trois jours plus tôt dans l’établissement. "lls ont passé une très belle soirée, ils nous disaient qu’on était vraiment cool et que dans d’autres villes ça ne se passait pas aussi bien avec la sécurité."

Claque, couteau et gaz lacrymogène

C’est à la fermeture que ça se gâte : "Quand on leur a dit de quitter le parking, l’un d’eux a mis une claque au serveur et est parti chercher un couteau, mon collègue est intervenu avec du gaz lacrymogène".

Alors après l’agression, l’employé regarde les vidéos des deux caméras qui ont filmé, de loin, la scène, et reconnaît formellement au moins deux des suspects. "Ils ont une façon particulière de marcher et de se déplacer, c’est sur le body langage, le langage corporel. .Excusez-moi du terme, mais une racaille ne marche pas comme une personne lambda".

Des silhouettes pixélisées filmées de loin

Impossible que les agresseurs aient pu confondre le balayeur, handicapé depuis une poliomyélite contractée dans l’enfance, avec les agents de sécurité : "On le voit boiter à des kilomètres, il était avec un balai, en tenue de nettoyage. Ils ont vu que tout le monde était parti, il fallait qu’ils s’en prennent à quelqu’un."

L’expert nommé par la juge d’instruction a lui travaillé avec les fichiers vidéo. Mais comment identifier à coup sûr ces inconnus aux silhouettes pixélisées, filmées de loin dans la nuit sur les 26 secondes que dure l’agression ?

Des analyses de l'expert contestées par la défense

"On a le sentiment qu’il s’agit de ces personnes-là, mais cela doit être relativisé pour X1 et X4. Cela pourrait être eux, mais on ne sait pas" finit-il par admettre après avoir longuement décrit son travail, photos à l’appui.

Me Darrigade : "Le chef d’enquête s’est livré au même travail que vous et il a une analyse totalement différente de la vôtre. Comment expliquez-vous que son X4 devienne votre X5 ?"

La victime craque, la police intervient

L’expert : "On a comparé des images, des démarches, des vêtements et des coupes de cheveux". Me Laure Valarié : "Peut-on parler d’analyse poussée quand on se trompe sur la couleur des baskets entre le blanc et le noir ? Vous vous rendez compte de la gravité de ces erreurs ?"

À 17 h 40, la cour découvre qu’on peut zoomer dans les vidéos. On passe et repasse la scène de l’agression, en plan plus serré, mais toujours flou. La pluie de coups est terrible. À la suspension, la victime craque, invective l’un des accusés, et ses proches, à bout, haussent le ton. "C’est un handicapé ! Un handicapé qui va travailler tous les jours à 6 h !" La police s’interpose. Reprise lundi, avec des témoins qu’on recherche encore : viendront-ils éclairer les débats ?

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