“Il l’a étranglée avec la laisse du chien” : à Montpellier, l’infirmier nie toujours le féminicide et parle de suicide

"Il l’a étranglée avec la laisse du chien" : à Montpellier, l'infirmier nie toujours le féminicide et parle de suicide

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Suicide ou féminicide ? Edouard Jouve, 68 ans, un ancien infirmier psychiatrique, incarcéré depuis 18 mois, conteste avoir tué celle qui voulait le quitter pour son amant, professeur d'apnée. Les faits s'étaient déroulés à Montpellier le 25 janvier 2023.

Édouard Jouve, 68 ans, cheveux et bouc gris, regard d’aigle, l’assure : "Je suis quelqu’un de confiance, j’ai travaillé 38 ans au CHU de Montpellier. J’ai découvert Sophie pendue en rentrant… Et ça fait un an et demi que je suis en prison et je ne devrais pas y être !".

Cet ancien infirmier en psychiatrie va pourtant encore rester derrière les barreaux après que la cour d’appel de Montpellier a refusé, vendredi, sa première demande de remise en liberté.

Le sexagénaire nie fermement avoir maquillé le meurtre de sa compagne en suicide. Un terrible féminicide dont sont totalement convaincus les policiers, comme le parquet et surtout la famille et les amis de Sophie Cals, qui ne croient pas une seconde qu’elle a pu se donner la mort le 25 janvier 2023.

L'autopsie n'exclut rien

Ce soir-là, Édouard Jouve a appelé les pompiers : en rentrant de promener leur chien, il aurait retrouvé celle qui partageait sa vie depuis dix ans, pendue au bout d’une laisse, sur un crochet soutenant un miroir, dans leur chambre. Il a arraché le crochet et tenté de la ranimer.

Quatre jours plus tard, la victime, 46 ans, décède à l’hôpital. Mais l’autopsie réalisée n’a exclu ni "une gestuelle suicidaire", ni l’intervention d’un tiers. Il n’y a aucune lésion traumatique sur le corps, "ni de trace de lutte", rappelle Me Baptiste Lala, qui assure la défense du mis en cause. Les proches de la défunte estiment pourtant qu’elle a été étranglée.

"Il a en réalité, de sang-froid, maquillé la scène de crime en suicide après avoir étranglé son épouse avec la laisse du chien", assène Me Louis Dolez, partie civile.

Un amant professeur d'apnée et un divorce

Pourquoi cette conviction ? Parce qu’elle n’avait aucune raison de passer à l’acte. Son compagnon avance la visite, le jour même d’un assureur pour le contrat d’épargne retraite de celle qui était aussi infirmière. Elle aurait été furieuse d’apprendre qu’elle ne toucherait que 800 € par mois. Un motif un peu court à la lecture du dossier développé par la cour d’appel.

Le couple battait de l’aile et surtout, Sophie Cals, entendait quitter son mari rejoindre un nouveau compagnon, son prof d’apnée dont elle était tombée amoureuse. Interrogé, ce dernier a jugé le suicide "impossible".

"Il a expliqué qu’elle était sous votre emprise et qu’elle avait l’intention de divorcer", a rappelé un conseiller.

"Je t'aime et à demain"

"Aujourd’hui, c’est sur le fil, je t’aime, à demain", écrit-elle même à son amant quelques heures avant le drame…

"Je n’étais pas au courant de la liaison", maintient Édouard Jouve qui admet que le divorce était en cours. Il raconte avoir découvert l’existence du professeur d’apnée en fouillant le téléphone de sa femme, mais après sa mort.

Il a quand même envoyé à son rival, dans la période d’agonie de Sophie Cals, un terrible message en référence à Jacques Mayol, le célèbre apnéiste qui s’était donné la mort, évoquant "ta petite sirène protégée n’a pas réussi."

Pendant les obsèques, tous les témoins parlent aussi d’un comportement odieux du mis en examen, parlant d’un acte inévitable de suicide. Comme dans la chambre funéraire : "elle va pouvoir faire don de ses organes, pas de son cerveau", lance-t-il froidement. Les pompiers, les premiers sur place, parlent aussi d’une "indifférence marquée", quand ils sont arrivés dans le logement.

"Je rentre de promener mon chien et je trouve mon épouse pendue"

"On parle de mon comportement, mais je rentre de promener mon chien et je trouve mon épouse pendue ! On peut comprendre que je sois complètement à côté de la plaque", se défend Édouard Jouve décrit comme colérique, narcissique et manipulateur.

Et son avocat d’évoquer aussi les traits autistiques de type Asperger de la victime qui se soignait pour cela : "Elle était sous anxiolytiques et antidépresseurs", dit-il pour suggérer la possibilité d’un passage à l’acte suicidaire.

Elle n'a pas se pendre sans rehausseur

Mais la défense bute toujours sur un point crucial constaté par les enquêteurs : en raison de la longueur de la laisse et la taille de la victime, elle n’a pas pu se pendre sans rehausseur. Lors de la reconstitution, le médecin légiste a ainsi estimé que la pendaison n’était pas compatible avec les gestuelles décrites par le mis en cause.

La défense avance désormais que la laisse trouvée n’était pas la bonne et que du désordre a pu être causé par les secours dans l'appartement. Une seconde reconstitution a été demandée en début d’été. Sur ce point, Édouard Jouve a eu gain de cause : le juge n’y est pas opposé.

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