“J’aurai tellement aimé offrir une Marseillaise à mon frère” : l’histoire touchante d’Alex et Kylian Portal aux Paralympiques

"J’aurai tellement aimé offrir une Marseillaise à mon frère" : l’histoire touchante d’Alex et Kylian Portal aux Paralympiques

Les frères Portal sont tous les deux montés sur le podium ce samedi 31 août. MAXPPP – LP / Jean-Baptiste Quentin

Les frères Alex et Kylian Portal, 22 ans et 17 ans, ont décroché l’argent et le bronze sur le 400m (S12-S13) derrière l’intouchable biélorusse Ihar Boki.

Il y a un brin de Lebrun chez les Portal. Deux frères qui partagent le même terrain, la même passion, et le même podium. Avec à la fin, le grand qui est plus fier de la performance du petit que de la sienne. "C’était fou", résume Kylian, sur un nuage.

Mais au contraire de la fratrie montpelliéraine, un goût d’inachevé reste en travers de la gorge de l’aîné, Alex. Malgré une course incroyable, malgré une frustration d’abord évacuée par la 3e place de Kylian (17 ans), la déception a rattrapé le nageur de 22 ans. Venu pour le titre, déterminé à faire enfin tomber l’imbattable biélorusse Ihar Boki et ses désormais 19 médailles d’or, Alex Portal s’est fait croquer dans les 75 derniers mètres, impuissant.

"Je kiffe tellement être son frère"

Il a réussi à aligner quelques mots au micro des télévisions, à la sortie du bassin. Mais il n’a pas trouvé la force de s’arrêter quelques minutes devant les autres médias. Alors, il a attendu au bout de l’allée, le temps que son frère, tout feu tout flamme, le rejoigne après avoir, lui, manifesté sa joie devant les journalistes. Une fois les deux réunis, Alex est tombé dans les bras du "petit", en pleurs. L’émotion était trop grande. "Dans mon handicap, mon plus grand regret, c’est ne pas voir nager mon petit frère", expliquait Alex avant l’épreuve. Kylian, pour la première fois, a alors joué le rôle du grand frère.

"J’essaie de le consoler, même si je ne sais trop comment m’y prendre. De toute façon, Boki a fait une course de fou. À ce moment-là, j’ai juste envie de lui envoyer plein de bonnes ondes. Je suis tellement fier de ce qu’il a fait sur ces trois derniers jours (trois médailles d’argent). Je vois au quotidien comment il s’entraîne, comment il se bat pour être le meilleur. Je kiffe tellement être son frère", souriait Kylian. Il a 17 ans, il est médaillé de bronze olympique, s’exprime bien… Qu’on ne lui parle pas d’âge !

"Je pense que j’arriverai à profiter plus tard"

De son côté, Alex ne décolérait pas. Il pensait faire mieux, pouvait faire mieux. Même sur le podium, même devant une Arena en fusion, il n’arrivait pas à profiter. "J’aurai tellement aimé offrir une Marseillaise à mon frère. On l’aurait vécu à deux. Je suis trop fier de lui, il est énorme. Moi, je n’ai pas fait ce qu’il faut. J’aurai dû tuer la course plus tôt. Je ne vais pas me plaindre mais je pense que j’arriverai à profiter plus tard", soufflait-il.

"J’aurai tellement aimé offrir une Marseillaise à mon frère" : l’histoire touchante d’Alex et Kylian Portal aux Paralympiques

La maman Portal a eu dû mal à contenir ses larmes durant l’épreuve. MAXPPP – LP / Jean-Baptiste Quentin

S’il y en avait bien une qui profitait de tout le spectacle, c’était bien la maman, Virginie. Juge sur les épreuves féminines et installée au bord de la piscine, elle trouvait la force de ne pas enfreindre le protocole et sauter par-dessus la barrière pour prendre ses fistons dans les bras. "Ça a dû être difficile pour elle. Elle n’a pas dû contenir ses larmes, j’en suis sûr. Je tiens ça d’elle, moi aussi je suis émotif", souriait Alex.

La maman, la tante, la sœur qui était en sport étude natation, la grand-mère qui était propriétaire d’un club… Le destin des frères Portal était vite trouvé. Los Angeles 2028 sera encore un meilleur cru. Un peu comme les Lebrun.

Les deux frangins souffrent d’albinisme oculaire

Même sang, même passion, même podium… Le tout relié par le même handicap. Alex et Kylian Portal souffrent d’un albinisme oculaire, ce qui leur réduit considérablement la vision. Les deux ne voient pas à un mètre et ne distinguent pas les dimensions.

Dans l’eau, ils comptent leurs mouvements de bras. Ils ont aussi sur-développé les autres sens. "Ça demande beaucoup d’énergie mais grâce à ça, on sait parfaitement où on est dans l’eau", explique Alex.

Lors de sa remontée fantastique pour aller chercher la médaille de bronze, Kylian raconte : "Sur le dernier 50m, j’aperçois une ombre à quelques mètres. Je me dis que c’est l’Ukrainien. Alors, j’ai tout donné". Et ça a payé.

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