Le primeur de l’Esplanade refuse de “plier” son kiosque promis à la démolition sans compensation financière

Le primeur de l’Esplanade refuse de "plier" son kiosque promis à la démolition sans compensation financière

Anthony Granci (à droite), primeur sur l’Esplanade et son avocat David Guyon. Midi Libre – JEAN-MICHEL MART

Alors que la mairie mettra bientôt fin à la convention d'exploitation de son kiosque de fruits et légumes, Anthony Granci, l’actuel adjudicataire a déposé un recours auprès du tribunal administratif, via son avocat, Maître David Guyon. Dans le cadre des travaux d’embellissement et de rénovation de l’Esplanade, la structure qui l’abrite depuis 2020 sera démolie en octobre prochain, de manière définitive.

On en sait plus sur l’avenir des kiosques de fleurs et de restauration. La démolition programmée en octobre, suivie d’une mise au régime drastique – retour à une surface de 35 m²- préfigure une gestion raisonnée (et durable) de l’espace public sur l’Esplanade.

Mais en bout de ligne, sur l’unique stand de fruits et légumes d’Anthony Granci, présent depuis trois générations, on a perdu la banane !

Son kiosque, une fois démoli, ne sera pas reconstruit

Six kiosques verront leur surface en dur réduite et seront déplacés ou fermés jusqu'en juin 2025. Mais le septième, celui d’Anthony Granci lié par "une convention passée avec l’actuelle municipalité en 2020" est voué à la destruction, sans autre forme de solution.

"On apprend par ouï-dire la disparition du primeur que je représente dans une procédure engagée en août 2023, suite à des informations qui faisaient état de son départ à l’automne 2023. Le 14 mai dernier, on apprend – par notre seul interlocuteur, la presse !- que ce sera finalement en septembre", s'agace son avocat Maître David Guyon.

Commerces et espace public: liaison fatale ?

Si le mariage de l’espace public avec le commerce est presque toujours houleux, les préjudices subis à l’occasion de travaux d’aménagement sont reconnus "depuis 2014, puisqu’une une clientèle s’arrête, il y a un chiffre d’affaires qui est indemnisable", assure l’avocat. "Je perds un fonds et une activité", se plaint l’exploitant qui n’en est qu’à la moitié de son "bail de 7 ans reconductible depuis les années 60 !".

Des dommages "de travaux publics"

Pour éteindre le litige, l’avocat se montre favorable à une transaction à hauteur de la valeur du fonds de commerce, "environ 200 000 €, calculée sur la marge bénéficiaire nette, il n’y a rien d’infamant à vouloir obtenir réparation quand on vous demande de partir. Il n’y a pas de faute, ce sont des dommages de travaux publics. Encore faut-il les exiger. Récemment, à Strasbourg, l’indemnisation de commerçants n’a pas nécessité d’aller devant un tribunal".

La gratuité du loyer de 1 000 € par trimestre lui a été accordée pendant la durée des travaux. Est-ce le faible montant de sa redevance qui remet en cause l’existence de ce fonds et donc sa légitimité ? "La seule chose qui me différencie d’un fonds de commerce traditionnel, c’est le droit de regard de la mairie qui donne son autorisation en cas de cession".

L'avocat dénonce un non respect d'un droit fondamental : le droit de propriété

Pour Maître Guyon, il n’y a pas l’ombre d’un doute, "le droit de propriété n’est pas respecté". Quand bien même la convention stipulerait l’absence d’indemnisation, elle resterait, selon lui, inférieure au droit de propriété qui est un droit absolu en France. "Mais peu le savent. Je ne pousse pas au recours, mais en l’absence de solution amiable, d’indemnisation, comme ici, il n’y a pas d’autre choix".

"Dans 4 mois, je dois dégager, plier boutique". "Rester ? Pour moi, c’est trop tard ! On ne veut plus de commerces de proximité, même historiques", peste le commerçant en élevant la voix, "ni que la Comédie soit un lieu commercial, c’est ce qui m’a été dit".

"Il va falloir que Monsieur Granci rebondisse professionnellement". Un rebond que les autres exploitants osent à peine imaginer dans la silhouette très amincie des kiosques, et la dynamique économique promise à l’horizon de l’été 2025.

Sollicitée, la ville n'a pas donné suite, le dossier étant en cours d'instruction auprès du tribunal administratif.

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