Législatives 2024 : Un duel entre le Nouveau Front populaire et le LR Ciottiste-RN sur la cinquième circonscription

Alexandre Allégret-Pilot, candidat parachuté LR Ciottiste-RN en tête des suffrages. Stéphane Barbier – STEPHANE BARBIER

Le député sortant Michel Sala (NFP, 33,03 %) accuse plus de 5 000 voix de retard derrière le candidat LR Ciottiste-RN Alexandre Allégret-Pilot (41,02 %). Catherine Daufès-Roux (Ensemble, 15,39 %) ne peut se maintenir et appelle " à faire barrage au Rassemblement national" tandis que les LR font pâle figure.

" Michel, c’est jouable. Tu peux le faire ! " Touché mais pas coulé, le député sortant Michel Sala est arrivé en deuxième position sous l’étiquette du Nouveau Front populaire, avec plus de 5 000 voix de retard, sur le candidat LR-RN Alexandre Allégret-Pilot. Encouragé par ses fidèles rassemblés au café de l’Abbaye, il pointe toutefois une certaine désillusion. " La dynamique aux Européennes se poursuit lors de ces législatives et ce n’est pas plaisant d’être dans ces conditions alors qu’en 2022, j’étais devant avec 2 600 voix ! On peut encore gagner mais il faut demander à ceux qui ne se sont pas qualifiés d’entendre ce que vient de dire monsieur Macron appelant à faire barrage au Rassemblement national. Nous l’avons fait en d’autres circonstances…"

Les gens se mettent à croire en Bardella comme le messie

Catherine Daufès-Roux, candidate Ensemble, écartée du second tour, se désole également " de cette vague RN. Les gens croient au miracle. J’ai sous les yeux sa profession de foi où il apparaît en tout petit avec en haut Ciotti et Bardella. Les gens se mettent à croire en Bardella comme le messie, que voulez-vous que je vous dise. C’est un vendeur de rêves ! "
Concernant la consigne prononce en soirée par le Premier ministre Attal, " pas une voix au Rassemblement national ", la candidate Ensemble assure suivre la même voie. " Mais nous ne sommes pas propriétaires des voix. Dimanche prochain, je ne sais pas ce que je ferai mais, malheureusement cette circo, c’est ce parachuté qui va la ravir. C’est désolant ! Mais j’appelle à faire barrage au Rassemblement national. »
À l’espace Cazot, la candidate Les Républicains Léa Boyer, malgré une hausse de 1 565 voix par rapport à 2022, fait grise mine au moment de quitter le bureau 328 se bornant à ne pas donner de consigne dans un court SMS signifiant " que l’électeur sait ce qu’il doit faire mieux que personne ". Dans le fond de la salle, le quasi-inconnu candidat LR-RN fait les cent pas. Quasi seul également, il demeure prudent dans l’analyse de sa qualification au second tour… " Rien n’est fait et il faut que les indécis puissent se positionner en consultant le programme de chacun. " Se voulant plus mordant alors que " face au péril de l’extrême gauche, il est essentiel de constituer un front démocrate et républicain. "
Puis, face à la qualification du RN comme parti d’extrême droite par le Conseil constitutionnel en 2024 auquel s’est associé ce Ciottiste, haut savoyard, Alexandre Allégret- Pilot répond qu’" il faut cesser d’utiliser les épouvantails construits de toutes pièces en convoquant des mémoires hasardeuses. Tout simplement, les Français en ont marre qu’on leur dise quoi penser. Ils sont majeurs, responsables et savent qui voter. "
Nordine Tria, candidat arrivé dernier après la liste Lutte ouvrière d’Agnès Olinet, parle d’un homme ayant grandi au sein d’une République qu’il ne reconnaît plus. " Nous ne sommes pas une démocratie directe mais une démocratie de parti. On a là trois blocs et c’est l’un d’eux qui dira si la loi est bonne ou pas. Et vu les résultats annoncés, c’est dommage. Il faut un sursaut citoyen, hors des partis. Ensuite, le vote est démocratique et les gens ne pourront plus dire qu’ils ne savaient pas. "

Michel Sala (NFP)
« Je pense qu’avec ce vote, l’on est au-delà des personnes. On aurait pu mettre quelqu’un du Danemark, cela aurait été peut-être la même chose. C’est dommage car monsieur Allégret-Pilot connaît sûrement la Haute-Savoie mais pas les Cévenols. Et puis c’est plus grave, notamment dans les villages où les gens se sentent abandonnés, ce qui est vrai dans le constat des services publics. Mais c’est ce que l’on défend. Ils prennent ce cheval pour contester. Ils veulent essayer mais le RN aura une politique antisociale. Et, une fois en marche, ce sera difficile de revenir dessus. »
Nordine Tria (DIV G)
« Je remercie les électeurs qui m’ont accordé leur suffrage et je les appelle à voter massivement contre le RN. Mais c’est un vote de parti, même dans un quartier où j’ai grandi. Je pense que les gens peuvent céder aux sirènes car le produit vendu est beau. On vend du rêve et les gens sont agacés alors ils veulent essayer. On les essaiera et, dans un an, on revotera. » Je m’abonne pour lire la suite