Pour être enfin conforme et répondre au marché, Perrier lance une nouvelle gamme d’eaux aromatisées à Vergèze dans le Gard
|La Source Perrier à Vergèze, dans le Gard, emploie un millier de salariés. DR – DR
L'utilisation des filtres à charbon actif et des ultraviolets n'était pas réglementaire : Nestlé Waters se remet aux normes et adapte sa production sur son site gardois de la Source Perrier.
"C'est l'aboutissement d'un plan de transformation majeure". Sophie Dubois, directrice de Nestlé Waters France dit tous ses espoirs de croissance pour le site historique de la Source Perrier à Vergèze (Gard). Ici, la célèbre eau gazeuse vendue dans le monde entier avait, comme bien d'autres eaux commercialisées par Nestlé, connu une baisse de production importante, liée notamment aux incidences des changements climatiques.
Une production en chute
D'1,7 milliard d'unités (bouteilles de différentes contenances et canettes) sorties des chaînes gardoises en 2021, la production était tombée à 1,4 milliard en 2022, puis 1, 2 milliard en 2023. "Nous avons l'ambition de revenir à nos productions d'1,7 à 1, 8 milliard en 2024 et de maintenir voire de développer notre activité sur le territoire", assure la dirigeante. Nuance toutefois : toutes les bouteilles produites à Vergèze en 2024 par les mille salariés de l'usine ne s'appelleront pas Perrier et ne seront pas toutes des eaux minérales naturelles ! Désormais, deux puits (les plus anciens) sur huit produiront une eau de consommation humaine qui ne pourra pas se prévaloir de l'appellation d'eau minérale. "Nous lançons Maison Perrier, une nouvelle gamme d'eaux aromatisées, qui n'auront pas les caractéristiques de l'eau de Perrier mais correspondent à un nouveau segment de consommation en très forte croissance", assure Sophie Dubois.
Sophie Dubois est directrice de Nestlé Waters France. DR – DR
La naissance de Maison Perrier est avant tout le résultat d'une contrainte pour le géant suisse de se mettre en conformité avec la réglementation française ce qui n'était pas le cas ! L'utilisation d'ultraviolets et de filtres à charbon actifs n'est en effet pas autorisée en France, et Nestlé Waters reconnaît avoir poursuivi cette pratique illégalement jusqu'à, en 2021, trouver et proposer aux autorités une nouvelle technique de microfiltrage. "Nous devons à la fois protéger l'environnement de nos sources, et maintenir les caractéristiques de nos eaux. Ce qui demande une adaptation permanente et assez complexe au vu des épisodes climatiques tantôt d'inondations tantôt de sécheresse. Notre plan a donc pour objectif d'être plus résilient, de nous remettre en conformité avec le cadre réglementaire sur les eaux naturelles, cadre que nous avions pu, par le passé, perdre de vue sans toutefois qu'à aucun moment la sécurité alimentaire de nos eaux ne soit mise en question", poursuit Sophie Dubois.
La production a chuté ces trois dernières années. Midi Libre – Archives S. D.
50 M€ investis dans l'usine de Vergèze
Le procédé de microfiltration a été validé, il aura fallu trois années pour retirer les filtres à charbon actif et les ultraviolets qui permettaient de garder l'étiquetage essentiel pour la commercialisation, et la patronne française du groupe le reconnaît " tous nos dispositifs sont désormais parfaitement conformes, mais cela nous a conduit à des choix de business extrêmement difficiles". Pour séparer l'arrivée des flux des deux types d'eau, Perrier et Maison Perrier, 50 M€ ont été investis sur le site gardois.
Ce "tournant stratégique majeur" s'appuie sur des perspectives du marché de l'eau en bouteille en fort développement. Les eaux aromatisées vendues d'ici quelques semaines et déjà en production à Vergèze, s'appelleront Maison Perrier Forever, Maison Perrier Chic (des boissons sans alcool ou "mocktails") Magnetic Juce (avec du jus de fruit) ou Energize (boisson énergisante aux arômes naturels). En 2024, Nestlé Waters France entend retrouver ses volumes, faire preuve d'innovation et toucher de nouveaux consommateurs, des jeunes en particulier.
Dans les Vosges, des puits fermés
Sur son site de Vittel-Contrexéville dans les Vosges, Nestlé Waters a suspendu certains puits. L'ancienneté, la sensibilité aux aléas climatiques et à la baisse de la ressource en eau ont réduit les volumes d'Hépar et de Contrex. La fin de la commercialisation de l'eau Vittel en Allemagne a accru les difficultés. En octobre dernier, un mouvement social touchait le site vosgien, les salariés protestant contre la diminution des effectifs (171 départs prévus sur 720 emplois).
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