“Redoubler de vigilance pour éviter les coups de chaud” : dans l’Hérault, les Ehpad à l’épreuve des vagues de chaleur

Ginette, Lucie, Simone et Catherine se prêtent avec compréhension aux nouvelles règles, chaleur oblige. Midi Libre – GIACOMO ITALIANO

Dans les établissements accueillant un public fragile, le plan bleu a été déclenché en début d’été. C’est le cas à l’Ehpad L’Ostal du Lac, au Crès, qui a reçu ce vendredi 9 août la visite du préfet de l’Hérault.

"On reste bien à l’abri à l’intérieur et on évite de sortir ces temps-ci. Ce n’est pas tant que ce soit interdit, c’est surtout nous qui nous l’interdisons. On sait qu’on ne doit pas prendre de risque avec ces températures." Ce vendredi 9 août à L’Ostal du lac, c’est tournée de verre d’eau pour tout le monde.

Notamment pour Marie-Chantal, Ginette, Lucie et Simone qui, attablées à proximité de la climatisation dans la salle commune, observent avec un regard amusé les allées et venues. Le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch, et le directeur départemental de l’ARS, Mathieu Pardell, sont venus constater les précautions prises par le personnel de cet Ehpad du Crès alors que l’Hérault est passé ce vendredi et pour la deuxième fois de la saison en alerte canicule niveau Orange.

Vigilance redoublée dans les Ehpad

"Ici on ne se sent pas en danger, on sait que le personnel est vigilant et qu’il prend soin de nous. Et puis dans l’Hérault, on a l’habitude des fortes chaleurs. Même si ce n’est pas le plus agréable, surtout la nuit…", glisse Ginette. Depuis que le mercure a dépassé les 31 °C, c’est sortie très fortement déconseillée pour les résidents de l’établissement, qui accueille également un public en situation de handicap.

Au-delà des 31°C, les résidents sont invités à ne pas sortir. Midi Libre – GIACOMO ITALIANO

"C’est l’une des mesures que nous mettons en place pour éviter les coups de chaud, détaille Pascal Segault, le directeur. Avec le passage en alerte orange, nous avons également ajouté un tour d’hydratation supplémentaire. Avec l’âge, des troubles neuroévolutifs font leur apparition et modifient les perceptions. Les personnes âgées deviennent moins sensibles à la sensation de chaleur et de soif. Nous devons redoubler de vigilance pour éviter les coups de chaud." Technique du pli cutané, attention particulière aux chutes ou à la désorientation, contrôle des urines… le personnel est formé à repérer les premiers signes de déshydratation chez ces personnes fragiles.

L’enjeu, ne pas saturer les urgences

"C’est un échelon décisif, insiste le directeur Hérault de l’ARS, Mathieu Pardell. En été, les urgences de notre département tournent déjà à plein régime avec la présence des vacanciers (40 000 patients déjà accueillis en juillet dans l’Hérault, soit 15 000 de plus qu’un mois normal, NDLR). Une vague de chaleur mal gérée, c’est une arrivée supplémentaire de patients à risque dans les services hospitaliers et une dangereuse mise sous tension. Avec des effets visibles uniquement trois à quinze jours plus tard."

Le préfet de l’Hérault était en visite ce vendredi dans un Ehpad du Crès. MIDI LIBRE – GIACOMO ITALIANO

Dans les établissements spécialisés, tout a changé depuis la dramatique canicule de 2003 et ses 15 000 décès. Depuis 2005, un plan bleu a fait son apparition dans chacun d’entre eux. Activé depuis le 15 juin, et jusqu’au 15 septembre, il détaille les procédures mises en place en cas de risque, notamment, de hausse des températures. Autre changement dans les 148 Ehpad de l’Hérault, la généralisation progressive de la climatisation, avant réservée aux pièces à vivre, à toutes les chambres.

"Mettre tous les capteurs du territoire en alerte"

Reste que le département a enregistré 200 décès en 2023 liés à la chaleur. "Quand on sait qu’en 2050 il fera aussi chaud à Montpellier qu’à Séville, avec des périodes caniculaires plus régulières, nous avons de devoir d’anticiper", plaide le préfet de l’Hérault. Et François-Xavier Lauch de mettre l’accent sur la mise en alerte "de tous les capteurs du territoire".

"L’État doit jouer son rôle, mais on se rend compte que l’échelon le plus efficace, ce sont les communes et les CCAS. Quand je me déplace aujourd’hui à la rencontre des élus locaux, je n’en trouve pas beaucoup qui n’ont pas une idée claire des personnes vulnérables de leurs territoires. La plupart des mairies tiennent à jour des registres. Ce n’était pas le cas il y a quelques années. Tout le monde doit être mobilisé et en alerte : les policiers municipaux, les facteurs, les proches, les voisins… On ne peut pas accepter que des citoyens fragiles décèdent dans l’anonymat à cause de la chaleur."

Vigilance de mise, donc, et au moins jusqu’à ce samedi 10 août. Météo France a décidé de prolonger l’alerte orange canicule, avec des températures de 36 °C à 38 °C annoncées autour de Montpellier…

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