“Un marché du travail en pleine mutation” : Fabienne Arata Camps, directrice de Linkedin France face aux mutations du recrutement

Fabienne Arata Camps, la directrice de LinkedIn France, invitée du Fil rouge, donne son éclairage sur la transformation du monde du recrutement.

Le recrutement est devenu une plus grande priorité pour les dirigeants. Comment a-t-il évolué ces dernières années ?

Lorsque j’échange avec nos clients, j’observe depuis maintenant 2-3 ans que nous sommes passés de “J’ai besoin de tel profil avec tel diplôme pour faire tel métier”, à “j’ai besoin de ces compétences pour ce poste à tel moment”. Le paradigme du marché de l’emploi est en train de changer et le sujet des compétences en devient la carte maîtresse.

On le voit d’ailleurs sur notre plateforme : près d’un recruteur sur deux utilisent déjà les filtres de compétences sur LinkedIn pour sourcer leurs viviers de candidats. Trois raisons expliquent ce phénomène selon moi. La première, c’est anticiper l’obsolescence et l’émergence des compétences. La deuxième, c’est faire face à la difficulté de pourvoir certains postes dans des filières ou secteurs pénuriques.

En adoptant une approche du recrutement fondée sur les compétences, les employeurs peuvent identifier et attirer un vivier de talents plus large et diversifié, y compris des candidats qui peuvent avoir des antécédents ou des expériences non traditionnelles. Enfin dernière raison et pas des moindres : prioriser le sujet des compétences permettrait de mieux retenir les talents et de favoriser le recrutement interne. Si nous sommes capables de travailler parfaitement la mobilité interne des collaborateurs, on augmente significativement leur rétention et notre capacité à pourvoir les postes ouverts.

Quelles sont les compétences les plus recherchées par les entreprises ?

Aujourd’hui, nous identifions trois portefeuilles de compétences largement recherchés par les entreprises. Le premier est lié aux compétences vertes : les entreprises sont confrontées à une énorme pénurie de talents qualifiés pour occuper les emplois verts. Le second est bien sûr lié à l’Intelligence artificielle, qui a connu une accélération fulgurante depuis l’année dernière. Enfin le dernier, qui est intrinsèquement lié au second, concerne les compétences comportementales ou “soft skills” comme le management, la communication et le travail d’équipe pour rechercher leurs prochains collaborateurs (dans le top 5 des compétences les plus recherchées en France).

Télétravail, flexibilité, mobilité, salaire…, les lignes bougent dans l’entreprise. Comment les managers ont intégré ces transformations ?

Si nous sommes sortis depuis la pandémie d’une logique 100 % distancielle, à une approche plus hybride, la flexibilité est devenue LE sujet de conversation de prédilection de nos membres. Depuis 2019, nous avons observé sur notre plateforme une augmentation de 362 % du nombre de posts relatifs à la flexibilité. Il s’agit donc d’une véritable attente pour tous les actifs en France.

Pour intégrer toutes ces transformations et évolutions, les entreprises investissent significativement dans les formations des managers – et plus spécifiquement sur les nouvelles pratiques managériales à adopter dans ce monde hybride.

Une question sur les territoires, quelles sont les villes qui performent le plus en Occitanie ?

Nos données témoignent d’un marché du travail en pleine transformation. En effet, l’Occitanie a connu une croissance de 53 % du nombre de professionnels de la région s’inscrivant sur LinkedIn depuis 2020 et recense aujourd’hui plus de 1,6 millions de professionnels sur notre plateforme.

Plus de 100 000 offres ont été publiées en Occitanie en 2023 – dont près de 35 000 dans l’agglomération toulousaine et 10 500 dans l’agglomération montpelliéraine. Les secteurs de la construction (+90 %), de la distribution (+55 %) et de l’administration publique (+50 %) ont connu les plus fortes augmentations de publication d’offres d’emploi dans la région par rapport à 2022. Autre constat saillant : les métropoles de Toulouse et de Montpellier figurent parmi celles qui concentrent le plus de talents verts dans la région et à travers l’Hexagone (16 % et 16,5 % respectivement contre 15,6 % en moyenne en France).

Sur l’IA comme sur le verdissement, observez-vous des différences entre les hommes et les femmes ?

Même si les les femmes représentent aujourd’hui +30 % des talents IA dans l’Hexagone (un chiffre supérieur à la moyenne mondiale – 24,9 %), se cache une autre réalité qui va à l’encontre des tendances mondiales observées : la part des talents IA féminins en France a perdu près d’un point et demi en seulement 7 ans.

Et l’écart se creuse également sur les compétences vertes en France. 90 % des femmes dans le monde ne possèdent pas une seule compétence ou expérience professionnelle “verte”. Et c’est en France, que l’écart en matière de compétences vertes s’est le plus creusé entre les hommes et les femmes depuis 2016 (+93 %).

Add a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *

(function(d,s){d.getElementById("licnt2061").src= "https://counter.yadro.ru/hit?t44.6;r"+escape(d.referrer)+ ((typeof(s)=="undefined")?"":";s"+s.width+"*"+s.height+"*"+ (s.colorDepth?s.colorDepth:s.pixelDepth))+";u"+escape(d.URL)+ ";h"+escape(d.title.substring(0,150))+";"+Math.random()}) (document,screen)