“Vous me faites peur ! Vous êtes dangereux !” : deux ans de prison pour avoir frappé des collégiens à la sortie des cours
|Une “scène de chaos” s’était déroulée devant le collège Daudet, à Alès, en milieu de semaine dernière. MIDI LIBRE
L’individu, âgé de 33 ans, qui s’en est violemment pris à trois élèves du collège Alphonse-Daudet, à Alès, dans le Gard, était jugé ce lundi 25 mars. Adepte des arts martiaux et de la musculation, il minimise des agissements et assure qu’il était là pour "séparer".
Les témoignages sont éloquents : "On aurait dit un fou" ; "lui était dans sa bulle et continuait à frapper les enfants" ; "il était en furie" ; "un déclenchement de violences comme je n’en ai jamais vu". Cette scène, rappelle Marie-Lucie Godard, la présidente de l’audience de comparutions immédiates de ce lundi 25 mars, au tribunal correctionnel d’Alès, a suscité "un émoi certain" et "tout le monde est assez traumatisé". Ce traumatisme touche élèves, parents et personnels du collège alésien Alphonse-Daudet où, mercredi 20 mars, peu après midi, devant l’établissement, un trentenaire s’en est pris, à trois collégiens âgés d’à peine 15 ans.
Il travaille au noir dans le domaine de la sécurité
Après trois jours de détention provisoire, cet homme âgé de 33 ans, adepte de la musculation et des arts martiaux, qui travaille au noir dans le secteur de la sécurité, arrive dans son box. Cheveux ras, barbe dense et muscles saillants moulés dans son T-shirt, il écoute le rappel des faits. À la sortie des cours, ce jour-là, deux jeunes doivent se retrouver pour s’expliquer après s’être invectivés lors d’une partie de jeu vidéo en ligne. Celui à qui rendez-vous a été donné vient avec son père et le prévenu. Rapidement, ce dernier s’en prend au collégien qui s’approche : coup de poing, balayette et coups de pied lorsque l’adolescent se retrouve au sol. Voyant cela, le cousin de la victime vient à la rescousse ; lui aussi est frappé. Puis un autre scolaire, qui n’a rien à voir dans cette affaire et qui regardait la scène, en prend également pour son compte. Les interruptions totales de travail (ITT) témoignent des violences : dix, cinq et deux jours. L’agresseur, qui se retrouve torse nu, quitte les lieux et sera rapidement appréhendé…
"Ma main a peut-être glissé…", lâche le prévenu
En garde à vue, le trentenaire conteste, dit que les jeunes l’ont agressé et qu’il était venu pour défendre le fils de son ami. Qu’il a "mis une claque, et encore…" Il se fait passer, comme le note la présidente, pour un "samaritain" et déclare, devant ses juges : "Je n’ai pas tapé ; je n’ai fait que séparer. Ma main a peut-être glissé…" Après quelques échanges, Marie-Lucie Godard y va franco : "Moi, je vais vous dire, Monsieur : vous me faites peur ! Vous êtes dangereux !" Pour autant, le prévenu insiste, même si les témoins le contredisent, qu’il "était là pour calmer. Je voulais maîtriser la situation, mais les jeunes ne respectent rien. Ils sont très, très violents. Ce sont eux qui ont déchiré mon T-shirt."
Une "scène de chaos"
"C’est le dossier de l’absurde, de la déraison", estime Quentin Larroque, le substitut du procureur de la République, à l’évocation d’une "querelle entre adolescents qui vire à l’apocalyptique, car un adulte joue les gros bras avec les enfants". Alors que le mis en cause venait de faire tête basse et de s’expliquer posément, lui juge que "ce n’est pas vrai qu’il fait amende honorable aujourd’hui". Pour cette "scène de chaos", le parquetier réclame deux ans d’emprisonnement, un maintien en détention, et une interdiction de s’approcher du collège Daudet durant trois ans.
"La violence est de tous les côtés", dit la défense
Mais, selon Me Euria Thomasian, "les choses ne sont pas aussi manichéennes". L’avocate de la défense, qui dit que la première victime s’est montrée agressive et insultante, s’interroge : "Est-il raisonnable de penser que les mineurs sont exempts de violences ? Je ne le pense pas. Les choses sont plus subtiles que ça." Elle se tourne vers le siège à qui elle demande de "juger en tenant compte de ce qui est réellement rapporté", en soulignant que "la violence est de tous les côtés" et que les deux ans de détention requis sont "disproportionnés".
Il est reconduit à Villeneuve-lès-Maguelone
Les "excuses", formulées avant que les juges ne se retirent, n’y changeront rien. Après en avoir délibéré, la formation collégiale suit à la lettre le réquisitoire du ministère public. Et cet individu quitte le box sous escorte pour retourner à la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone afin d’y purger sa peine.
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